La Martinique, territoire français empreint d’une histoire marquée par les souffrances du passé, se trouve au cœur de débats publics et de commémorations poignantes. Cette insistance sur le passé douloureux trouve ses racines dans plusieurs causes profondes. D’une part, une minorité ressent une émotion profonde, presque génétique, liée aux souffrances endurées par leurs ancêtres. D’autre part, certains cherchent à dissimuler leurs échecs actuels en se réfugiant dans le passé. De plus, l’arrogance de certains Européens et la persistance de pratiques discriminatoires contribuent à maintenir vivace le poids du passé. Cependant, il est crucial de se tourner vers l’avenir et de s’attaquer résolument aux défis actuels, tels que les inégalités salariales et les discriminations persistantes. Il est temps de consacrer nos efforts à briser les barrières d’aujourd’hui, sur lesquelles nous pouvons agir. “Manmay, an nou gadé douvan !”. Vous trouverez ici la tribune dorénavanr régulière de Maurice Laouchez.


BEL BONJOU TOUT’MOUN’

La Martinique est sans conteste le territoire français dans lequel les souffrances du passé ont la plus grande présence dans le débat public et les manifestations d’anniversaires.

On peut trouver à cette insistance plusieurs causes.

La première tient, chez une minorité de personnes, à une véritable émotion, peut-être génétique, à la pensée des souffrances endurées par leurs ancêtres. Personne n’a le droit de contester cette sensibilité.

La deuxième raison tient aux échecs d’un certain nombre de personnes, de toutes couleurs, qui cherchent à cacher par une référence constante au passé leur incapacité à relever les défis d’aujourd’hui.

L’enfumage restera encore longtemps une manière facile de tromper les peuples.

La troisième raison tient à l’arrogance d’un certain nombre d’Européens qui se comportent comme en pays conquis, car persuadés que la chaine de l’autorité , tenue massivement par d’autres Européens, jouera toujours en leur faveur.

Mais la raison la plus importante est sans doute la dernière.

Elle tient à la survivance, aujourd’hui, d’un certain nombre de pratiques rarement évoquées, par peur de soulever de lourdes contestations.

Comment nier que les salaires perçus dans le secteur privé sont trop souvent scandaleusement bas, alors même que les bénéfices des actionnaires sont plus que confortables? Des employés présents dans la même entreprise parfaitement rentable depuis 30 ans gagnent parfois à peine  le SMIC.

Une telle anomalie ramène  forcément à un certain passé.

Comment nier que la communauté indienne fait encore l’objet, de la part de certain Noirs, d’un ostracisme rarement publiquement dénoncé, et lié au passé péri-esclavagiste?

Comme nier enfin qu’il y a dans la communauté békée un certain nombre de familles où le mariage avec un Noir ou une Noire serait vécu comme une déchéance, et qui organisent savamment la mise en contacts aussi faible que possible entre leurs enfants et les enfants noirs?

De telles pratiques ramènent également à un certain passé, et ne se retrouvent dans aucun autre territoire d’outre-mer avec une telle intensité.

Si nous voulons consacrer un peu moins de temps et d’énergie à la célébration de souffrances  passées, sur lesquelles nous ne pouvons rien, il s’avère urgent de s’attaquer résolument aux verrous d’aujourd’hui, sur lesquels nous pouvons beaucoup.

MANMAY, AN NOU GADÉ DOUVAN !

Maurice Laouchez

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