Les événements actuels de Nouvelle-Calédonie m’interpellent à plusieurs titres.

D’abord, j’ai eu l’honneur de connaître et de travailler ajvec Jean-Marie TJIBAOU.

C’était en 1982.

Michel Rocard venait de faire voter la loi créant les Contrats de Plan Etat/Région.

Un groupe de travail comprenant des responsables de l’’Outre-mer était mis en place, avec des représentants des territoires d’Outre-Mer, pour expliquer aux forces vives les tenants et aboutissants d’un dispositif qui a résisté au temps jusqu’à ce jour, sous diverses appellations.

Dans ce groupe Jean-Marie TJIBAOU représentait la Nouvelle-Calédonie,et votre serviteur la Martinique.

Pendant deux jours nous avons tous pu apprécier la vive intelligence, la grande culture et l’humanisme de ce grand leader. Il définissait l’indépendance comme le moyen de choisir ses interdépendances.

Ensuite, son assassinat en 1989 pour cause de volonté de dialogue avec l’Etat sur l’avenir de son pays fut, pour tous ceux qui l’ont côtoyé, un choc immense et inoubliable.

L’assassinat d’Eloi Machoro par la France, en 1985, avait envoyé un message négatif sur la manière de gérer le dossier calédonien par l’Etat.

Le drame d’Ouvéa, en 1988, avec 25 morts, ponctuait encore un chemin de violence.

Enfin, aujourd’hui, on ne peut que souhaiter que le gouvernement revienne à la table du dialogue avec les leaders Kanaques, au lieu d’embourber la France et la Nouvelle-Calédonie dans un processus de répression de type algérien dont il ne peut rien sortir d’autre que de nouvelles violences, et la fin de la présence française.

Le génocide par substitution, entamé depuis 1853, n’est pas la solution, même s’il emprunte les voies d’une apparente démocratie.

La meilleure solution est d’élaborer, en commun, un plan de développement original, intégrant pleinement la tradition canaque et la participation, sans aucun complexe de supériorité, de l’immigration caldoche.

Celle dernière doit comprendre que ni le niveau d’éducation, ni la possession d’argent ne justifient le mépris d’une communauté par une autre communauté, d’un individu par un autre individu.

Une telle solution exige l’abandon de comportements dominateurs de type purement colonial, comme le 21ème siècle ne l’accepte plus nulle part.

Elle peut prendre place dans le cadre d’une indépendance fraternelle, comme le souhaitait de tout son coeur l’admirable Jean-Marie TJIBAOU, et comme cela reste possible, si le bon sens l’emporte des deux côtés.

C’est à cause cette volonté forte de fraternité qu’il a été assassiné par quelqu’un de son propre camp, comme il arrive parfois.

Il est tellement plus facile de tuer que d’inventer un autre avenir.

Maurice Laouchez

 

 

 

 

 

 

 

 

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