Depuis 58 jours, la Martinique est secouée par une crise sociale liée à la vie chère, avec des blocages et des manifestations couvrant l’ensemble de l’île. Alors que la population s’interroge sur les solutions à adopter pour alléger le fardeau des prix élevés, un post LinkedIn de Jean-Emile Simphor, Enseignant-Chercheur à l’Université des Antilles, soulève une question cruciale : que se passe-t-il chez nos voisins ? Alors que nous nous concentrons sur nos difficultés internes, d’autres îles de la Caraïbe font face, elles aussi, aux défis de la vie chère, mais adoptent parfois des approches différentes.
Peut-être que regarder en dehors de nos frontières pourrait offrir des solutions inattendues.
Le comparatif des prix alimentaires : un état des lieux saisissant
Dans son post, M. Simphor propose un comparatif des prix alimentaires entre la Martinique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie, la Dominique et la Barbade, illustré par plusieurs graphiques. Ce comparatif met en lumière des différences notables dans les prix de produits de première nécessité comme les fruits, les légumes, les protéines (fromage, poulet) et les produits de base (lait, pain, riz, œufs).
Bien que la Martinique et la Guadeloupe affichent des niveaux de vie plus élevés que leurs voisins en termes de PIB par habitant (27 200 € pour la Martinique et 25 900 € pour la Guadeloupe, contre 8 900 € pour Sainte-Lucie), cela ne semble pas suffire pour compenser l’impact de la vie chère sur le pouvoir d’achat des habitants.

Une comparaison socio-économique éclairante
M. Simphor invite aussi à examiner des indicateurs socio-économiques de 2023, comme le taux de chômage ou l’indice de développement humain (IDH). Ces données révèlent une réalité contrastée : bien que la Martinique et la Guadeloupe aient des salaires médians relativement élevés (respectivement 1 700 € et 1 650 €), elles restent marquées par un fort taux de chômage (10,8 % pour la Martinique et 18,6 % pour la Guadeloupe). En comparaison, des îles comme Sainte-Lucie, avec un salaire médian de 700 € et un taux de chômage de 11,8 %, semblent moins soumises à la volatilité des prix internationaux, probablement grâce à une production locale plus soutenue.
Cette analyse souligne une réalité souvent ignorée : la Martinique, malgré son niveau de vie relativement élevé, pourrait bénéficier d’une diversification de son économie en s’inspirant des modèles de ses voisins caribéens. La Barbade, par exemple, avec un PIB par habitant de 15 300 €, mise sur le tourisme et les services pour réduire sa dépendance aux importations. Ce modèle leur permet de mieux absorber les fluctuations des prix internationaux et d’atténuer les impacts de la vie chère.

Faut-il regarder ailleurs pour trouver des solutions ?
L’auteur pose une question essentielle : au lieu de nous focaliser uniquement sur nos difficultés, pourquoi ne pas observer ce qui fonctionne chez nos voisins ? Des territoires comme les Canaries, qui ont su tirer parti de leur statut en Espagne pour instaurer des dispositifs fiscaux et économiques spécifiques, pourraient inspirer la Martinique. En appliquant des politiques de soutien adaptées, les Canaries maintiennent des prix compétitifs malgré leur éloignement de l’Hexagone. Une approche similaire en Martinique pourrait passer par une autonomie accrue dans la gestion des échanges et une diversification des sources d’approvisionnement.



