La photo : Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC-SA

La croissance mondiale d’élevage de bétail menace la biodiversité et augmente les risques sanitaires pour les humains et les animaux domestiques. Ces liens sont au cœur d’une étude d’un chercheur de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (CNRS/Université de Montpellier/IRD/EPHE) et du laboratoire Astre du Cirad publiée dans la revue Biological Conversation.

Au niveau mondial, les recherches montrent une augmentation de l’émergence de maladies infectieuses et d’épidémies, une perte accélérée de la biodiversité et une augmentation importante de la production d’animaux domestiques. Mais quel est le lien entre ces différentes manifestations ? Cette question résurgente suite à la crise du Covid-19 trouve une première vague de réponses grâce à une nouvelle étude en écologie des parasites. Son objectif ? Décrire les schémas globaux de la biodiversité et des maladies infectieuses dans l’espace et le temps.

Pour cela, le chercheur à l’origine de cette étude a croisé plusieurs bases de données ouvertes[1] sur les santés humaine et animale, l’augmentation du bétail et la perte de biodiversité. Une première analyse montre que le nombre d’épidémies répertoriées chez les humains dans chaque pays (16 994 épidémies pour 254 maladies infectieuses entre 1960 et 2019) augmente en corrélation avec la perte locale de biodiversité. L’émergence d’épidémies serait alors un marqueur inquiétant pour la conservation des espèces. Elle illustrerait ainsi les derniers soubresauts d’une biodiversité en extinction.

La relation entre le nombre d’espèces en danger et celui des épidémies augmente jusqu’à atteindre un pic avant de diminuer. Cependant, le risque épidémique ne diminue pas avec la disparition des espèces, il est au contraire relayé par l’augmentation du nombre de têtes de bétail. Ce deuxième résultat se confirme également dans une analyse temporelle (2006 – 2019) qui le place au cœur de risques sanitaires. En effet, l’accroissement du bétail sur l’ensemble de la planète impacte directement la faune sauvage et le nombre d’épidémies chez l’homme et l’animal domestique.

Le nombre d’épidémies de maladies infectieuses affectant les populations humaines est associé positivement à l’accroissement des têtes de bétail au niveau mondial depuis le début des années 1960 à l’année 2019
© Serge Morand / Biological Conservation –

Cette étude invite à réfléchir à la place de l’animal d’élevage et de sa croissance dans le monde qui varie selon différents facteurs à travers les nations (démographie humaine, régimes alimentaires, etc.). Une nouvelle vision intégrant les valeurs culturelles associées aux animaux est donc nécessaire à la réflexion sur la place commune des animaux sauvages et domestiques pour diminuer les risques sanitaires et protéger la biodiversité. De futures réflexions seront notamment menées sur le rôle joué par le bétail en situation pandémique avec, d’une part, la demande en protéines végétales nécessaires à sa nourriture qui contribue à la diminution des aires d’animaux sauvages ; mais aussi sa place en tant que pont épidémiologique favorisant le passage des agents infectieux du monde animal à l’espèce humaine.

Notes

  1. Global infectious diseases and epidemiology online network (GIDEON) pour les épidémies en santé humaine, Organisation mondiale de la santé animale pour les épidémies animales, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture pour les productions animales, et la Liste Rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour la biodiversité et le nombre d’espèces en danger.

Référence

Emerging diseases, livestock expansion and biodiversity loss are positively related at global scale. Serge Morand, Biological Conservation, le 22 juillet 2020. DOI:10.1016/j.biocon.2020.108707

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