Il est urgent d’intensifier la collaboration mondiale pour protéger la santé des animaux, des humains et de l’environnement contre les pandémies émergentes.


SANTÉ ENVIRONNEMENT BIODIVERSITÉ


Un vison dans un élevage près de Naestved au Danemark en novembre 2020 après la découverte d’une version mutée du nouveau coronavirus. (Photo : © Mads Claus Rasmussen / Ritzau Scanpix / AFP).


Il faudra beaucoup de temps avant que nous ne retrouvions – ne serait-ce qu’un peu – notre vie d’avant la pandémie de Covid-19. Pendant la mise en place des campagnes de vaccination, nous restons à la merci de ce virus très contagieux. Nous télétravaillons, nous restons connectés via Internet et les SMS, et faisons des projets. Nous planifions des visites en famille, d’hypothétiques retrouvailles entre amis ou des vacances d’été. Toujours en espérant que cela se termine bientôt ! Mais cela va-t-il s’arrêter ?

Le climat se réchauffe, la biodiversité se réduit et notre planète sort progressivement de son homéostasie naturelle… Nous devons donc admettre que, même s’il est possible que nous vainquions le Covid-19 dans un proche avenir, nous risquons de voir bien d’autres maladies se propager. Pour faire face aux futures pandémies et maladies émergentes, nous devons, en tant que communauté mondiale, nous rassembler autour d’une réponse multisectorielle globale : l’approche « One Health ». Intrinsèquement reliés entre eux, les êtres humains, les animaux et les écosystèmes ne font pas que coexister, ils sont interdépendants. Toute évolution des uns transforme les autres. Des études scientifiques ont prouvé que 60 % des maladies infectieuses humaines existantes sont zoonotiques, c’est-à-dire qu’elles se transmettent des animaux aux hommes.   A LIRE AUSSI :  Zoonoses : placer la santé animale au cœur du développement   C’est notamment le cas du virus du Nil occidental, de la rage et de la salmonelle. En outre, la majorité des maladies infectieuses émergentes, telles que le sida, Ebola ou le MERS, proviennent d’une source animale.   Pandémie de Covid-19, révélatrice du lien intrinsèque entre les hommes, les animaux et l’environnement Les maladies zoonotiques ne se propagent pas que dans une seule direction. Même si la source animale du Covid-19 demeure inconnue, la souche de ce virus est similaire, sur le plan génétique, à celle d’un coronavirus circulant chez les chauves-souris du type Rhinolophus. La manière dont le virus a été transmis à l’homme, directement par la chauve-souris ou par un hôte intermédiaire, reste un mystère. On constate, par ailleurs, une nouvelle tendance plus inquiétante : le virus continue de se propager, des humains à de nouvelles espèces animales. Tandis que la pandémie de Covid-19 est actuellement entretenue par la transmission interhumaine, la fréquence élevée de ces cas d’infection accroît l’exposition des animaux au virus. Les animaux en contact étroit avec les humains, tels que les chiens et les chats de compagnie, ou même les tigres soignés dans les zoos, commencent à être infectés par le virus du Covid-19. Toutefois, il n’a pas été démontré que ces animaux transmettaient ensuite le virus aux humains. En revanche, lorsque de nouveaux animaux sont infectés par le Covid-19, le virus a l’opportunité de muter chez ses nouveaux hôtes. Si les chats et les chiens semblent être un « cul-de-sac » pour ce virus, il arrive que, dans des conditions favorables, il puisse évoluer rapidement au sein d’autres espèces animales. La couverture médiatique des cas observés chez les visons ces derniers mois a souligné la ténacité du Covid-19 dans sa quête de nouveaux hôtes. Les visons d’élevage sont particulièrement vulnérables au Covid-19 en partie du fait des conditions de l’élevage industriel. Dans la nature, un contact étroit entre des visons en si grand nombre ne pourrait jamais se produire, alors que les élevages permettent au virus de se propager à une vitesse fulgurante. Lorsqu’il s’adapte à une nouvelle espèce hôte, son évolution s’accélère, et chaque transmission constitue une nouvelle opportunité de mutation virale. Les nouvelles souches qui se sont développées dans les élevages de visons au Danemark ont ensuite infecté les humains, suscitant une vive inquiétude à l’échelle internationale. S’appuyant sur le principe de précaution et sur des mesures préventives motivées par le résultat d’évaluations nationales des risques, les autorités nationales ont alors ordonné l’élimination de millions de visons afin de barrer la route à l’établissement d’un nouveau réservoir animal du virus.   Une approche « One Health » pour protéger la santé de tous La pandémie de Covid-19 a ravivé la nécessité d’une collaboration « One Health » durable et pérenne. Il faut que les États considèrent désormais la santé animale, humaine et environnementale comme une entité globale unifiée. La santé et la protection de l’environnement et des animaux doivent également constituer une priorité en tant que moyen de préserver la santé des hommes. L’établissement d’un nouveau réservoir animal de Covid-19 pourrait en effet affaiblir notre capacité à contrôler le virus, et permettre à celui-ci de se transmettre à nouveau à l’homme par la suite. Cela pourrait également mettre en danger la santé et la sécurité de nombreuses autres espèces animales. Dans cette perspective, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a publié des directives et recommandations pour interagir en toute sécurité avec les animaux sauvages, les animaux de compagnie et les animaux d’élevage sensibles au Covid-19. Ces directives, qui viennent compléter les directives sur la santé humaine publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), visent à renforcer la sécurité des animaux. Dans le cadre de l’approche « One Health », l‘Alliance tripartite – un partenariat entre l’OIE, l’OMS et la Food and Agriculture Organization (FAO) – s’est forgée avec les mêmes objectifs en termes de prévention et de contrôle des risques sanitaires liés à l’interface homme-animal-écosystème. Reconnaissant l’importance d’une vigilance mondiale vis-à-vis de la santé des animaux sauvages et de la biodiversité, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a récemment rejoint ce partenariat afin d’élargir la composante dédiée à l’écologie et à la santé environnementale. Nos quatre organisations ont convenu de constituer un Conseil d’experts de haut niveau « One Health » pour collecter, distribuer et promouvoir des informations scientifiques fiables sur les liens entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale. Ce Conseil travaillera à éviter de futures crises sanitaires en aidant les pays à prendre les décisions appropriées.   Préparer la réponse face aux futurs risques de maladies nouvelles Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve, mais il est sûr que des maladies émergentes continueront à menacer gravement les humains, les animaux et notre environnement. Les risques posés par de tels pathogènes, qui évoluent sans cesse, ne disparaîtront pas. C’est pourquoi nous devons mieux nous préparer et mieux répondre aux futurs risques de maladies nouvelles et peut-être encore plus graves, en suivant une approche « One Health ». Le Covid-19 doit être un signal d’alarme pour la communauté internationale et lui rappeler la nécessité de poursuivre un travail collaboratif pour assurer la santé et la sécurité de notre planète.   A

 

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