L’art contemporain du Bénin s’expose en Martinique pour des retrouvailles historiques !

Source : lepoint.fr, écrit par

La pinacothèque de la Fondation Clément accueille la nouvelle étape de l’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin ».

Ce fut un événement majeur ! Et ça continue… Voici deux ans, à Cotonou, au palais présidentiel, s’ouvrit l’exposition des 26 œuvres du Quai Branly, appartenant au trésor royal, qui avaient été pillées par la France en 1894 et furent restituées d’une nation à l’autre, assortie d’une partie contemporaine où les artistes du Bénin et de sa diaspora se retrouvaient pour le meilleur. Que d’émotions et que de succès pour le soft power sur lequel mise le Bénin !

La partie contemporaine, « Révélation ! Art contemporain du Bénin », a depuis voyagé à Rabat, et s’est installée mi-décembre, et jusqu’à la fin mars, en Martinique, dans le décor tout récent de la pinacothèque de la Fondation Clément, dans la commune du François. Parmi les nouveaux artistes présentés dans cette adaptation des plus réussies, on s’arrêtera sur les toiles acryliques de Roméo Mivekannin qui travaille sur des documents d’archives, et particulièrement sur celle intitulée : « Le Roi Béhanzin et ses proches au début de l’exil, Fort Tartenson, Martinique, novembre 1894. »

« Le Roi Béhanzin et ses proches au début de l’exil », Fort Tartenson, novembre 1894. © Roméo Mivekannin - 2021
« Le Roi Béhanzin et ses proches au début de l’exil », Fort Tartenson, novembre 1894.© Roméo Mivekannin – 2021
La Fondation Clément s'est dotée en 2023 d'un nouvel espace, la pinacothèque. © JB Barret
La Fondation Clément s’est dotée en 2023 d’un nouvel espace, la pinacothèque.© JB Barret

Elle marque en effet la force symbolique de cette nouvelle étape caribéenne des plasticiens béninois puisque le souverain d’Abomey, vaincu par le général français Alfred Dodds fut exilé en Martinique. Béhanzin devait y vivre avec sa famille jusqu’en 1906, année où il partit pour l’Algérie (autre toile de l’artiste) et y mourut. C’est dire que les liens entre les deux lieux sont forts, et que le président du Bénin, Patrice Talon, n’a pas hésité à faire le déplacement pour le vernissage de l’exposition, premier président du continent africain après Senghor à faire le voyage jusqu’en Martinique.

Une franche réussite, pour tous les genres et tous les goûts

Ce nouveau parcours est une totale réussite. Certes, les visiteurs devront se contenter de l’entamer en contemplant de grandes photographies des trésors patrimoniaux, restés au pays natal, mais seront éblouis par les trois chapitres de l’exposition contemporaine. Qu’il s’agisse d’œuvres mêlant puissance et délicatesse, comme celles de Dimitri Fagbohoun, jouant sur le noir et l’or, ou des tentures colorées d’Yves Apollinaire Pédé, en passant par les reines de Dominique Zinkpè, il y en a pour tous les genres et tous les goûts.

À lire aussi Quand le Bénin mise sur la cultureOn remarquera parmi les nouveaux venus dans le parcours, Julien Vignikin et sa série de masques, ou encore l’installation toute de poésie en bleu de Chloé Quenum. Cette dernière fait partie des artistes qui représenteront le Bénin qui tient pavillon pour la première fois à la Biennale de Venise. Elle sera entourée de Moufouli Bello, dont l’œuvre est l’affiche de l’expo martiniquaise, Ishola Akpo et ses femmes glorieuses et bien entendu Romuald Hazoumè qui travaille à une œuvre de 4 mètres de hauteur, et dont on peut voir à la Fondation Clément quasi tous les états : tableaux, masque bidon et installation.

Il faudra patienter encore – si l’on ne passe pas par les Antilles – pour voir l’exposition à la Conciergerie en Hexagone, qui ira ensuite aux États-Unis. Quel parcours ! À l’heure où le Bénin voit pousser ses musées, la Martinique, elle, attend toujours ses structures publiques, et en attendant leur réalisation annoncée, quoi qu’on en dise, les artistes sont bien contents de trouver, même dans une « habitation » (terme marqué par un passé esclavagiste qui n’est pas revisité), une surface (550 mètres carrés) de cette qualité, au fil d’une programmation qui travaille le lien artistique avec le continent africain, comme avec Dapper en ces lieux, « Afriques, artistes d’hier et d’aujourd’hui », ou encore l’exposition de Pascale Marthine Tayou.

Fondation Clément, jusqu’au 31 mars.

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