Le secteur de l’automobile et le Gouvernement signent un nouveau contrat de filière. L’objectif : accélérer l’électrification en favorisant le « patriotisme industriel » avec une cible de 2 millions de véhicules produits en France en 2030.


Source : https://www.actu-environnement.com – F. Roussel – Photo : © ratmaner – stock.adobe.com – Légende : Le Gouvernement souhaite que les véhicules électriques vendus en France y soient aussi fabriqués.

« Les défis sont considérables du côté de la filière automobile française, explique Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile (PFA) qui rassemble toute la filière française. La question n’est plus de savoir si on va vers l’électrique ou pas(…) Le contrat de filière de 2018 actait ce virage et la filière a atteint ses objectifs. » Entretemps, l’Europe a posé la date de 2035 pour interdire la mise sur le marché de véhicules neufs émettant du CO2.  « Nous avons dix ans pour accomplir cette révolution du thermique vers l’électrique », explique le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui mise sur ce contrat de filière 2024-2027 pour que tout le monde « fasse sa part du travail ».

Soutenir l’achat de véhicules électriques

Côté État, celui-ci s’engage à maintenir les aides à l’achat à travers le bonus écologique qui a été revu pour favoriser le « made in France » et le leasing social, qui sera reconduit en 2025 après une première phase à succès. Le tout pour quadrupler les ventes de véhicules particuliers 100 % électriques, en passant de 206 000 exemplaires vendus en 2022 à près de 800 000 en 2027 ; et multiplier par six les ventes de véhicules utilitaires légers 100 % électriques, pour passer de 16 500 en 2022 à plus de 100 000 en 2027.

“ Nous avons dix ans pour accomplir la révolution du thermique vers l’électrique ”

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie

La question du verdissement des flottes d’entreprise est également un enjeu pour structurer un marché de l’occasion. Sur ce plan, les pouvoirs publics s’engagent à donner de la visibilité aux sociétés. Une proposition de loi sur ce sujet est d’ailleurs en cours d’examen au Parlement.Concernant les camions électriques, le contrat de filière mise sur une très forte progression des ventes (au moins dix fois plus en 2027 qu’en 2023) pour atteindre, en 2030, 50 % des immatriculations neuves. En complément, pour les bus, le cadre européen vise 100 % d’immatriculations de modèles urbains électriques au plus tard en 2035, soit la nécessité de doubler la part de marché de ces véhicules d’ici à 2027, dans un contexte de forte tension des financements des collectivités locales. « Un accompagnement financier spécifique pourrait être envisagé », précise l’État.

Fabriquer les véhicules électriques en France

Mais ce que souhaite surtout le Gouvernement, c’est que les voitures électriques vendues en France soient fabriquées sur le territoire national, à l’image de l’e-3008 de Peugeot, à Sochaux (Doubs), et de la R5 de Renault, à Douais (Nord). Avec comme cible, le cap de 2 millions de véhicules électrifiés produits en France par an en 2030. A l’heure actuelle, selon une analyse publiée le 2 mai par Mobilians en partenariat avec Dataneo, la France fabrique 11,7 % des véhicules électriques immatriculés dans l’Hexagone, quelque soit le constructeur et sur les 133 modèles électriques proposés sur le marché français, 23 sont fabriqués en Chine. Mais les ventes semblent s’orienter vers des fabrications européennes. Alors que la Chine fabriquait en 2023 environ 40 % des exemplaires vendus en Europe, ce taux baisse depuis début 2024 pour atteindre en avril 8,8 %. Une évolution qui favorise l’Espagne mais que la France espère aussi encourager.

400 000

C’est le nombre de points de recharge électrique que visent les pouvoirs publics en 2030, soit quatre fois plus qu’en 2024

Pour cela, le pays mise sur le crédit d’impôt pour les investissements en faveur de l’industrie verte (C3IV). La France a choisi d’en faire profiter l’industrie des batteries. Le Gouvernement promet également aux industriels une baisse des impôts de production, la promotion de la production française à partir d’analyses de cycle de vie multicritères, l’accès à des financements pour la décarbonisation des procédés, la sécurisation des approvisionnements en certains matériaux critiques, ou encore un accès à une électricité compétitive. « Aujourd’hui en Europe, nous payons notre électricité deux fois plus chère qu’en Chine ou aux États-Unis », rappelle Luc Chatel, président de la PFA.

Électrifier aussi le parc existant

Et quand les objectifs de ventes de véhicules neufs seront atteints, il restera encore une bonne part du parc roulant à décarboner. Le contrat de filière fait donc une place au rétrofit, à l’ecoconduite et aux carburants alternatifs décarbonés. Les constructeurs s’engagent à informer les consommateurs des compatibilités de leurs véhicules avec les différents types de carburants.

Réduire les besoins de mobilité est aussi au programme. Le contrat de filière fait donc référence aux efforts à déployer pour accroître le taux d’occupation des véhicules, baisser le nombre de kilomètres parcourus, encourager le report modal et toute innovation pour développer de nouveaux services de mobilité partagée.

Le bémol de la recharge

Reste un enjeu de taille qui doit accompagner l’électrification du parc : le maillage des bornes de recharge, et surtout leur disponibilité. Selon un rapport des constructeurs automobiles européens (2) (ACEA) diffusé le 29 avril dernier, l’Europe aurait besoin de huit fois plus de bornes électriques en 2030 qu’actuellement. Les ventes de véhicules électriques augmentent trois fois plus vite que les équipements de recharge, ce qui préoccupe les constructeurs. Le contrat de filière français y consacre un chapitre. Les pouvoirs publics s’engagent à amplifier le déploiement des bornes pour atteindre 400 000 points de recharge en 2030, pour 100 000 début 2024. Plus précisément, l’objectif est d’atteindre au moins 25 000 points de recharge d’au moins 50 kW d’ici à fin 2027 sur les grands axes du territoire, en particulier le long du réseau routier national, et dans des plateformes urbaines.

Travailler sur l’économie circulaire

« L’électrique ne suffira pas à aller vers le bas carbone, il faut aussi développer l’économie circulaire », a rappelé Marc Mortureux. Le contrat de filière contient donc plusieurs engagements en ce sens pour réduire la consommation de matière vierge par l’écoconception, allonger la durée de vie des véhicules, des pièces et des composants, entre autres pour leur maintenance et leur réparation.

La loi Agec est à l’origine de nombreuses nouveautés pour ce secteur dans le cadre de la filière VHU, encourageant la mise en place de pièces de réemploi et des objectifs de recyclabilité des constituants. Un récent rapport de l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) a d’ailleurs mis en évidence les écueils de réparation des véhicules électriques et de leur composants, montrant les progrès à réaliser en la matière.

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version