Le parallèle n’est pas totalement pertinent, les contextes n’étant pas duplicables à l’identique. Mais tout de même. La comparaison peut aider certains à comprendre l’acuité et la gravité des enjeux actuels dans cette portion du Pacifique sud. On agonise d’injures Eric Zemmour quand il dénonce un grand remplacement en France. On le traite de fasciste. De pourriture extrémiste de droite.

Ce dont il parle, c’est pourtant, peu ou prou, ce qu’il se passe en Nouvelle-Calédonie.  C’est ce qui se déroule sous les yeux qui ont bien du mal à se dessiller des Français vivant dans le cadre de la centralité administrative jacobine. Les Kanaks déjà minoritaires sur leur terre. Menacés de  noyade ethnique et identitaire par un déluge migratoire incessant venu de France. Ils font face à l’importation à marche forcée de populations allogènes. Venues d’ailleurs et qui s’installent en vertu du principe du ” pousse-toi de là que je m’y mette “. C’est le fondement de la colonisation: déposséder les occupants depuis 3000 ans de leur terre, de leur culture, de leur économie traditionnelle.  Méthode maintes fois éprouvée des colons de tout acabit. Une submersion migratoire continue est à l’oeuvre. Phénomène qui joue numériquement en la défaveur des peuples premiers, historiques. Contre les autochtones. Outre le racisme perpétué et les inégalités maintenues, sinon entretenues, la démographie est l’arme fatale des Caldoches.
Les Kanaks menacés simultanément par un génocide culturel au sens où Aimé Césaire le dénonçait aux Antilles. 
On assiste à un bis repetita de situations similaires vérifiées et déjà appliquées sur tous les continents. Les populations indigènes ont été graduellement minorées dans leur pays ancestral. Amérindiens aux Etats-Unis,  Canada, Amérique Centrale et du Sud, Aborigènes en Australie, Maoris en Nouvelle-Zélande, Xhosas et Zoulous en Afrique du Sud, Hereros en Namibie, Tibétains et Ouighours en Chine…. liste non limitative.
Constat brut de décoffrage: la société Kanak est une citadelle assiégée.
Situation inique. 
Prioritairement, tous les peuples des Outre-Mers doivent relayer la lutte pour la décolonisation intégrale du Caillou avec en ligne de mire l’auto-détermination de la Kanaky. Cela passe par l’instauration d’une citoyenneté calédonienne. Désormais, elle ne peut être que multi-ethnique et pluri-colorimétrique au plan pigmentaire. Composite mais indépendante des volontés parisiennes. La ” métropole ” va-t’elle s’accrocher telle un ” Moi Laminaire ” en dépit pourtant d’une réalité prégnante? Le substrat calédonien n’est pas la matrice française.
Quant au combat à mener pour la survie des Kanaks en tant que peuples distincts, c’est le même topo qui incombe aux Français dits hexagonaux. A commencer par ceux qui refusent le prurit d’une colonialite aigüe. Savamment orchestrée par la nébuleuse du centre néo-conservateur et par la plupart des forces politiques de droite jusqu’à leur frange extrême. Au lendemain du séjour express d’Emmanuel Macron pendant lequel le Président de la République a confondu fermeté et fermeture, ces bastions incarnant parfaitement le néo-colonialisme ne savent psalmodier qu’une antienne: rétablissement de l’ordre républicain et de la paix civile. Au prix de la négation du réel et d’une bonne dose de révisionnisme historique.
Solidarité avec les Kanaks en pleine lutte existentielle.
Patrick Chesneau
Journaliste, ancien rédacteur en chef adjoint à ATV Martinique
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