La France n’est toujours pas sur la bonne trajectoire climatique pour atteindre la neutralité carbone en 2050, alerte une nouvelle fois le Haut conseil pour le climat. Installée par Emmanuel Macron fin 2018, en pleine crise des Gilets jaunes, l’instance est la vigie de l’action climatique du gouvernement. Un an après un premier rapport sévère, elle n’hésite pas à revenir à la charge et interpelle le gouvernement pour que le plan de relance s’insère dans les limites climatiques.
Les émissions de gaz à effet de serre de la France ont baissé en 2019, mais pas à un rythme suffisant pour être aligné avec la neutralité carbone en 2050.
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Certes, les émissions de gaz à effet de serre de la France ont reculé de 0,9 % entre 2018 et 2019, mais c’est encore loin d’être suffisant pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Un an après son premier rapport cinglant, le Haut conseil pour le climat (HCC) ne note pas de changement de cap de la part du gouvernement (1). “Le réchauffement climatique induit par les activités humaines continue de s’aggraver, alors que les actions climatiques de la France ne sont pas à la hauteur des enjeux ni des objectifs qu’elle s’est donnés”, résume l’instance installée par Emmanuel Macron fin 2018 pendant la crise des Gilets jaunes.

“Nous sommes encore très loin des –3 % attendus à partir de 2025”, écrivent les auteurs. Et “la baisse temporaire des émissions de CO2 résultant du confinement (environ –13 % entre janvier et mai) ne répond pas aux enjeux de la transition bas-carbone et reste marginale par rapport aux efforts structurels à accomplir”, ajoute l’instance. Le HCC condamne également le pilotage de la SNBC (Stratégie nationale bas-carbone), qui, dans sa dernière version, revoit à la hausse ses émissions de CO2 autorisés jusqu’en 2023, accentuant l’effort à fournir après cette date.

Quatre secteurs encore trop émetteurs

Le HCC insiste sur les quatre principaux secteurs émetteurs que sont le transport (30 %), l’agriculture, le bâtiment et l’industrie (entre 18 et 20 % chacun) et propose d’intégrer leur transition bas-carbone dans le plan de relance de sortie de crise qui doit être présenté à l’automne. “Si une seule recommandation devait être conservée de ce rapport, elle serait de bannir tout soutien aux secteurs carbonés du plan de reprise et de l’orienter le plus possible sur des mesures efficaces pour la baisse des émissions de gaz à effets de serre”, insistent les experts. “Dans ce cadre, l’enjeu n’est pas d’intégrer le climat au cadre du plan de reprise, mais d’insérer le plan de reprise dans les limites du climat.”

Le transport est le seul secteur dont les émissions ont augmenté depuis trente ans. Or “les plans de soutien à l’automobile annoncés à ce jour ne s’inscrivent pas dans une stratégie globale compatible avec la SNBC et omettent des critères comme celui du poids des véhicules” pointe le rapport. Dans le secteur du bâtiment, “la rénovation énergétique doit être massifiée” et l’industrie manufacturière et de la construction doit être accompagnée vers des “procédés industriels bas-carbone”. L’agriculture quant à elle “n’est pas structurellement engagée vers la trajectoire bas-carbone” souligne le HCC.

Concernant la taxe carbone, évacuée des propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) et reportée sine die par Emmanuel Macron, l’instance appelle à la relancer, tout en corrigeant “ses effets redistributifs”. Sur les propositions de la CCC justement, le Haut conseil pour le climat recommande “qu’y soit donnée une suite à la hauteur du travail collectif effectué.” Enfin, dernière critique adressée au gouvernement, “l’évaluation des grandes lois d’orientation promises après un an [qui] n’a pas été communiquée”. Reste à savoir si la nouvelle ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, aura le poids et la volonté de changer le cap donné par le gouvernement jusqu’ici.

Concepcion Alvarez, @conce1

(1) Voir le rapport du Haut conseil pour le climat

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