Gérald Darmanin interpellé sur la crise aux Antilles

La situation sociale en Guadeloupe et en Martinique a été évoquée mardi à l’Assemblée nationale lors de la séance de questions au gouvernement. En l’absence de Sébastien Lecornu, en déplacement aux Antilles, et de celle du Premier ministre, à l’isolement, c’est le ministre de l’Intérieur qui a répondu aux députés.

Julien Aubert des Républicains a parlé de « révolte devenue rébellion ». Il a exprimé son « incompréhension » sur la manière de gérer la crise par le gouvernement, sur les « trois semaines de délais pris par Sébastien Lecornu pour se rendre sur place » et surtout sur le débat sur l’autonomie que le gouvernement a proposé d’ouvrir aux Antilles à quelques semaines de la date du référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie. Gérald Darmanin lui a d’abord répondu que son gouvernement avait envoyé cinq escadrons de gendarmes mobiles en Guadeloupe et autant en Martinique. Il a même affirmé que l’ordre républicain était rétabli puisque « il y avait quarante barrages, il n’y en plus que quelques-uns. » Sur le sujet de l’autonomie, « elle n’était pas à confondre avec l’indépendance ». Et pour mieux moucher son ancien camarade de parti, il a ajouté : « Le groupe LR demande de la décentralisation partout sauf en Outre-mer. » En réplique, Julien Aubert lui a rappelé qu’on rackettait les touristes sur les barrages en Guadeloupe : « 20 euros ! Vous pensez qu’on ne fait pas la différence entre l’autonomie et l’indépendance ? Simplement, on ne négocie pas quand on a un revolver sur la tempe ! » Il lui a ensuite reproché d’avoir « exactement la même stratégie que pour les gilets jaunes : au Parlement, on n’écoute personne, ensuite la répression, vous lâchez du lest budgétaire et vous terminez avec un grand bric-à-brac institutionnel, encore de l’enfumage, encore du en même temps ! » Le ministre de l’Intérieur a rappelé que l’entretien du ministre des Outre-mer avec les syndicalistes qui n‘ont pas voulu condamner les violences, a duré dix minutes, « ce qui montre la fermeté de l’Etat ».

« Colère » contre « forme de fièvre »

A son tour, Fabien Roussel, le député et candidat du PCF à la présidentielle qui était encore aux Antilles dimanche, a interpellé M. Darmanin : « Nous avons entendu une colère que votre gouvernement ne veut pas reconnaître ! Il ne s’agit pas de cautionner des violences mais d’écouter… » Il a alors rappelé cette fameuse phrase prêtée au patron des patrons en Guadeloupe en mai 1967 : « Quand les Nègres auront faim, ils retourneront au travail » « Ce n’est pas moins d’Etat que veulent les Guadeloupéens, a repris M. Roussel, mais mieux d’Etat et l’égalité garantie pas la République. » Il a demandé que le Premier ministre se rende lui-même aux Antilles pour mettre en place « le plan d’urgence tant attendu ». « On connaît de nombreux moments dans la République depuis ces trente dernières années où les Outre-mer et singulièrement la Guadeloupe ont montré une forme de fièvre. La grande majorité des Guadeloupéens ne soutiennent pas ces mouvements de contestation de casseurs qui s’en prennent à des policiers et à des gendarmes. » Il a réaffirmé la nécessité de condamner ces violences contre les forces de l’ordre avant tout dialogue républicain. « Aidez-nous à reconstruire la Guadeloupe plutôt que de crier avec ceux qui tapent sur les policiers et sur les gendarmes ! » Fabien Roussel s’est contenté en réplique de rappeler les milliers de personnes qui ont défilé dimanche à Pointe-à-Pitre et de dénoncer l’absence de loi de programmation pour les Outre-mer. Citant la vie chère, l’accès à l’eau, l’avenir et la formation de la jeunesse, Gérald Darmanin lui a tendu « une main fraternelle », ainsi qu’à tous les députés de l’hémicycle, « pour travailler ensemble » pourvu que cessent les violences à l’encontre des agents de l’Etat…

FXG

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