400 milliards de dollars d’investissements dans de nouvelles capacités sont menacés de se transformer en actifs échoués dans les cinq prochaines années.
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Le plastique ne sauvera pas l’industrie pétrolière. C’est la conclusion d’une nouvelle étude du think tank Carbon Tracker. Elle vient contredire les prévisions des majors pétrolières et même de l’Agence internationale de l’énergie qui estiment que la croissance du secteur sera justement dopée par le plastique. Mais c’est sans compter sur les réglementations de plus en plus strictes, prises partout à travers la planète, l’essor du recyclage et des technologies pour se substituer peu à peu au plastique vierge.
Face à la décarbonation annoncée des transports – à moyen terme – l’industrie pétrolière mise sur le plastique pour assurer son avenir. Plusieurs rapports considèrent en effet que le plastique va devenir le principal moteur de la demande en pétrole, représentant entre 40 % selon l’Agence internationale de l’énergie et 95 % selon BP de la croissance d’ici 2040. Depuis 2000, la demande de plastique a déjà doublé et et à ce rythme, la planète pourrait consommer plus de pétrole pour fabriquer du plastique que pour faire rouler des voitures.

Sauf que, selon de nouveaux travaux du think tank Carbon Tracker (1) publiés début septembre, la demande de plastique pourrait ne pas être au rendez-vous elle non plus. Un “pic du plastique” pourrait ainsi être atteint en 2027 selon les experts, avec une croissance de la demande qui passerait de 4 % à moins de 1 % par an. En jeu, 400 milliards de dollars d’investissements dans de nouvelles capacités sont menacés de se transformer en actifs échoués dans les cinq prochaines années.

Des réglementations strictes partout dans le monde

Le rapport montre que tous les facteurs sont en effet réunis pour que la demande de plastique vierge cesse d’augmenter. “Les technologies sont disponibles pour permettre une réduction massive de l’utilisation de plastique à un prix moins élevé que le ‘business as usual’. Ces solutions incluent la réutilisation, avec une meilleure conception et réglementation des produits, des substitutions telles que le papier et une augmentation importante du recyclage” expliquent les auteurs.

Les gouvernements sont également nombreux à limiter le plastique en bannissant par exemple ceux à usage unique en Europe, mais aussi en Afrique et en Asie. Bruxelles a même proposé en juillet dernier une taxe de 800 euros par tonne sur les déchets plastiques non recyclés et la Chine a fermé son marché aux déchets plastique forçant les pays à (enfin) prendre en compte le sujet. Les entreprises souhaitent elles aussi se passer de plastique à plus ou moins long terme, à l’instar de Lego qui vient d’annoncer la fin des sachets plastique et qui travaille sur des briques réalisées à partir de plastique recyclé.

1 000 dollars par tonne : le coût du plastique pour la société

Reste que si la croissance du plastique stagne bel et bien dans les pays de l’OCDE, c’est dans les marchés émergents qu’elle devrait exploser. L’Inde ou l’Afrique par exemple consomment aujourd’hui 20 fois moins de plastique que les pays développés et représentent donc un énorme potentiel de croissance pour les biens d’équipements (téléphones, appareils électroniques, voitures) qui contiennent tous du plastique. La crise du Covid-19 a par ailleurs fait exploser, de façon inattendue, l’utilisation de plastique partout dans le monde.

Un chiffre, calculé par Carbon Tracker, pourrait tout de même changer la donne : 1 000 dollars par tonne, c’est le coût du plastique pour la société quand on prend en compte les émissions de CO2 tout au long de son cycle de vie (5 tonnes de CO2 par tonne de plastique), les effets sur la santé, la collecte ou encore la pollution des océans. Au total, cela représente chaque année 350 milliards de dollars… De quoi réfléchir sérieusement à une solution de repli.

Concepcion Alvarez @conce1

(1) Voir le rapport de Carbon Tracker

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