Un extrait du texte “Le temps des tueurs”, qui fait partie des Écrits politiques d’Aimé Césaire paru dans le Progressiste en 1963 et
Page 182 de l’ouvrage :
Aimé Césaire Ecrits politiques ( 1957-1971 )
(….) Aux autres, les jeunes amateurs de décervelage ; à ceux qui ne rêvent que plaies et bosses ; putsch et curée et s’enhardissent à décorer du nom de révolution et de libération nationale quelques hâtif règlement de comptes très personnels ; d’une manière générale et pour mettre les choses au mieux, à ceux qui se laissent aller à prendre leurs impatiences petites bourgeoisies pour un point de maturation révolutionnaire engageant toute une collectivité ; nous disons que le peuple (ce peuple que dans le secret de leur cœur ils méprisent) n’a donné à personne, à aucune soit disant « élite » révolutionnaire (et encore moins à un peloton de Rastignac piaffants encadrés de deux ou trois condottieres politiques déjà grisonnants) mandat et procuration de faire l’histoire en ses lieux et place ; que le vrai travail révolutionnaire est de travailler à la prise de conscience de la masse par elle-même, autrement dit, de convaincre et d’unir ; d’éclairer et de de grouper.
(…)
Voilà ce que j’avais à dire à nos tueurs, affectant de croire que ces brûlots de fanatismes peuvent encore entendre une parole humaine. Accordons-leur à tous deux, au tueur de droite comme au tueur de gauche, qu’il est facile de supprimer un homme. Mais au premier, assurons du même coup le jarret de l’histoire ; et au second qu’il ne suffit pas de tirer le poignard de sa gaine pour que l’histoire têtue et rétive, lente et patiente, prenne son temps de galop et brûle les étapes.
Extrait de « Le temps des tueurs »
Le progressiste 18/07/1963
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