Éclat de Lumières : la rue Le Bastard doit-elle repenser son plafond de couleurs en relation avec les Indes ?
La rue Le Bastard à Rennes, qui porte fièrement le nom de l’ancien maire et sénateur, Edgar Le Bastard, est empreinte d’une riche histoire liée aux Indes, à l’industrie du cuir et à la passion équine. Mais alors que le monde évolue rapidement avec des innovations et des éclats de lumière, cette rue historique est-elle prête à embrasser une nouvelle vision inspirée des lumières et des couleurs des Indes ? Dans cet article, nous explorons l’héritage de la rue Le Bastard, ses liens avec les Indes, et envisageons une fusion artistique qui pourrait redéfinir son identité au 21ème siècle.
A Rennes, la rue Le Bastard porte le nom de l’ancien maire et sénateur, Edgar Le Bastard. Devenu un industriel important de la ville, Edgar Le Bastard (1836-1892) a été président de la Chambre de Commerce de Rennes. A cette même époque, l’industrie du cuir et des maîtres-tanneurs très prospère dans les Indes a connu un âge d’or à Rennes. Au cours de ses mandats, il a considérablement travaillé au développement de l’enseignement dans la ville, notamment l’université.
Dès 1836, le premier client du cuir est : le cheval. Les équipements équestres se dessinent en collaboration avec une filière de cuir de pointe entre style affûté et matières techniques. Acquis à la filière équine, Edgar Le Bastard a été le maire bâtisseur de l’hippodrome de Rennes, devenu le parc des Gayeulles, offrant encore aujourd’hui un « spectacle magnifique » du règne animal avec ses paons, biches, cerfs et autres animaux sauvages.
Le génie de l’artisanat du cuir est d’offrir confort et liberté de mouvement au cheval et son cavalier en toutes conditions. Lumières et innovations urbaines pourraient-elle de nouveau célébrer les talents d’innovation de cet Hermès rennais entre ville et nature ?
Depuis 2021, une statue de cheval orne le parvis de la gare de Rennes. En référence à la mythologie bretonne, son créateur, Jean-Marie Appriou, artiste brestois, l’a appelée Morvarc’h, le nom du cheval du roi Gradlon. Reflet de la mobilité, d’une puissance fantastique et poétique, cette sculpture équestre monumentale est représentée avec deux têtes.
Fruit d’une réflexion bicéphale, « Lumière, Lumières » était le thème du pavillon France à l’occasion de l’Exposition universelle de Dubaï, ancien protectorat britannique sur la route des Indes qui compte encore aujourd’hui une communauté indienne et pakistanaise qui dépasse très largement les 45% de la population expatriée dans les Emirats.
En écho à cette double référence aux innovations techniques et philosophiques, le slogan du Pavillon France « L’inspiration à la vitesse de la lumière » reflétait son ambition et son programme : en un temps record, entraîner les visiteurs le long d’un parcours qui mette en lumière des innovations et des créations françaises uniques et audacieuses. A cette occasion, l’exposition permanente du Pavillon France à Dubaï : redéfinir le progrès disposait d’une pièce maîtresse constituant l’un des projets les plus emblématiques du Siècle des Lumières, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Ce livre phare a représenté un effort de rassemblement et d’organisation des connaissances, mouvement largement célébré comme un symbole de la créativité que le député rennais Isaac Le Chapelier et son homologue d’Aix-en-Provence, le comte de Mirabeau (la « Torche de Provence ») ont voulu sauvegarder et mettre en lumière dans la loi du 19 juillet 1793 relative à la propriété intellectuelle.
Un espace artistique immersif dans la rue Le Bastard
En Inde, le festival de Diwali celèbre la victoire de la lumière. Alors pourquoi la rue commerçante Le Bastard ne célébrerait pas un plafond de couleurs en harmonie avec les Indes et les nouvelles technologies, à l’image du pôle de réalité virtuelle de la technopole de Laval ou encore de la scène artistique et culturelle de Dubaï qui ne cesse de croître avec le lancement de l’Infinity des Lumières. Réparti sur un espace inédit, ce lieu immersif ramène les plus grandes œuvres contemporaines à la vie via des projecteurs, hauts-parleurs et images numériques HD. Aussi, cette expérience immersive transporte ses visiteurs dans un univers où ils peuvent pleinement profiter d’œuvres d’art en mouvement. L’une des dernières expositions en date, Raise Vibration, était un voyage immersif autour
des œuvres de Gaudi, Kandinsky et Klee grâce à une expérience multi-sensorielle utilisant l’imagerie numérique et des audios spéciaux pour captiver tous les sens.
Rennes a bel et bien une histoire avec les Indes Occidentales et les Indes Orientales à redécouvrir. Tant de personnages légendaires sont passés aux oubliettes, à commencer par La Motte Picquet dont peu de rennais sont capables de situer son passé dans le centre historique. Il existe pourtant une station de métro : La Motte Picquet à Paris au pied de la tour Eiffel.
A l’heure de la redécouverte du pavillon des Indes de Saint-Malo, la capitale bretonne gagnerait à redonner une nouvelle dimension à son plafond de couleurs, en célébrant doublement la capital de créativité des Indes et le capital de liberté associé au patrimoine et aux arts équestres. En somme, avec de nouveaux éclats de lumières, le plafond de couleurs rennais inviterait à prendre soin de chacun, dans tous les moments de fragilité de la vie ; à l’image du programme Empreintes sur le monde en soutien à l’institut Equiphoria qui s’appuie sur le mouvement du cheval pour soigner des personnes en situation de handicap. Alors, à quand Rennes se remet en selle ?
Kevin LOGNONÉ