Les écologistes n’ont qu’une obsession : en finir avec le plaisir ! Leur véritable objectif est de favoriser l’islamisme politique ! L’autrice de cette tribune relève les outrances entendues dans bien des médias… et rappelle, en miroir, la richesse et la diversité de la pensée écologiste.

Laurence Hansen-Løve est membre du collectif Enseignant.e.s pour la planète et professeure de philosophie. Elle est l’autrice de Simplement humains. Mieux vaut préserver l’humanité que l’améliorer (Éditions de l’Aube, 2019).



Quoi de plus réjouissant ! Un début d’affolement est perceptible : « Les écologistes sont aux portes du pouvoir », chuchote-t-on ici ou là. En Allemagne, « ils » sont à deux doigts de l’emporter. Au Groenland, ils viennent d’arriver en tête aux législatives. En France, ils se sont déjà emparés de plusieurs grandes villes ! Ailleurs, les derniers climatosceptiques, les populistes d’extrême droite (Trump et Bolsonaro) sont à la peine. Chez nous, il suffit d’écouter cinq minutes les vitupérations de la fachosphère goguenarde (L’heure des Pros sur Cnews) pour prendre la mesure de l’angoisse liée non à la crise sanitaire et économique, mais à l’ascension irrésistible des écolos….

L’heure est grave. Comment faire barrage ? La conscience humaine défaille aujourd’hui devant l’immensité de l’effort à accomplir ! Nos meilleurs philosophes sont envoyés au front. Au taquet : ceux-là ne baisseront jamais la garde. En toute impartialité, Luc Ferry [1], Raphaël Enthoven [2], Pascal Bruckner nous aident à y voir plus clair.

L’écolo-islamisme est le visage actuel du totalitarisme. Les nouveaux activistes ne sont que des transfuges des fondamentalistes turcs téléguidés par le président Erdogan. Leur véritable objectif est de favoriser l’islamisme politique, financé aujourd’hui par Europe Écologie-Les Verts à Strasbourg, demain partout en France, comme l’a prédit Michel Houellebecq. L’alibi écologique permettra d’assurer la transition en douceur.

Tout comme les fondamentalistes religieux, les écologistes n’ont qu’une obsession : en finir avec le plaisir. Abolir les sapins de Noël [3], éteindre les rêves d’évasion de la jeunesse [4]. Fini l’insouciance, adieu l’improvisation. Salade de tofu à la cantine et gratin de topinambours au dîner. Le foot à la récré remplacé par des plants de carottes. Terminé les teufs sauvages (pollution sonore). Vacances en famille dans un rayon de dix kilomètres maximum, à dos d’âne de préférence. Arrivée à point nommé, la crise sanitaire montre la Voie.

Les écologistes font peur, et ça tombe très bien parce que la peur est leur fonds de commerce. Par chance, les élus — novices, incompétents, stupides — accumulent les bourdes. Ils nous aident à imaginer ce qui pourrait se passer s’ils étaient au pouvoir : Docteur Folamour au chevet de la planète…

OK boomers… Je viens de résumer ce qu’on nous ressasse à longueur d’antenne sur les chaînes d’information en continue.

L’écologie n’est pas une « religion » mais une approche plurielle et composite

Pour ma part, je m’en tiens à la lecture des grands textes fondateurs de l’écologie. La plupart des penseurs de ce courant sont matérialistes, spinozistes et hédonistes. L’écologie n’est pas une « religion » mais une approche plurielle et composite dont les attendus sont si divers que les accords et les compromis sont très difficiles à obtenir. Il y a des écologistes radicaux, des écologistes modérés, des écologistes de droite. Des écologistes catastrophistes, des écologistes convivialistes, des collapsosophes, des écoféministes, des écosophes, des écologistes républicains (Serge Audier, La cité écologiste, 2021), des chrétiens (le Pape). Leur seul point commun est l’attention portée aux alertes lancées non pas par des « ayatollahs verts » ni par des trotskystes infiltrés mais par des centaines et des milliers de savants depuis la conférence de Stockholm(1972) jusque dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). La science n’est pas une religion, le Giec n’est pas une secte. On peut être libéral, de droite, ni endoctriné ni décérébré, et pourtant ne pas nier l’évidence des enjeux écologiques actuels.

Un exemple parmi tant d’autres, cet hommage récent rendu par la philosophe libérale Blandine Kriegel à Spinoza, dans le livre Spinoza. L’autre voie [5] (Éditions du Cerf, 2019) : « Nous comprenons aujourd’hui que n’importe qui ne peut pas faire n’importe quoi, car la terre, la mère et le ciel ne sont pas n’importe quoi, mais la nature et le vivant qui nous environne, et que n’importe qui, c’est précisément nous-mêmes. Serait-on irrité par les exagérations du mouvement écologique ou dérangé par une complainte passéiste, comment nier qu’elles expriment une vérité devant laquelle personne ne peut plus se dérober aujourd’hui : des catastrophes qui sont infligées à la nature et à la nature humaine, lorsque, nous les humains, nous nous persuadons que nous ne lui appartenons pas, lorsque que nous croyons que nous pouvons nous conduire comme des dieux avec les autres vivants ou les autres humains ? Car de la nature à la nature humaine la conséquence est bonne. L’ivresse subjectiviste n’a pas seulement ravagé notre environnement, elle s’est d’abord attaquée aux humains en faisant bon marché du code des droits politiques et humains de l’Âge classique, venu des idéalités théoligicopolitiques, et elle s’y attaque encore. »

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