Johnny Hajjar, actuel député de Fort-de-France, se représente sous l’étiquette du Nouveau Front Populaire et du PPM. Fort de son expérience, il continue à défendre les intérêts des Martiniquais et des Français d’Outre-mer en se concentrant sur les thèmes tels que la vie chère, les services publics, et le développement économique et social. Il est déterminé à changer le modèle économique actuel pour un avenir meilleur.

Quel bilan faites-vous de votre mandat ?

C’est un bilan qui est assez consistant. Je me suis attaqué à des problèmes de fonds de la Martinique : la vie chère, les services publics, la diversité agricole, ect… Cela a donné à des résultats tels que mon rapport sur la vie chère, qui est sorti en juillet dernier.  J’ai pu travailler sur des problématiques liées aux dysfonctionnements de certains systèmes, tel que celui de la santé, notamment la prise en charge du cancer. J’ai fait adopter des lois concernant l’ensemble des territoires d’outre-mer, tel qu’une loi visant à garantir l’accès à la culture par le cinéma, en préservant la filière l’activité et l’emploi. Si cette loi n’avait pas été adoptée, le ticket de cinéma aurait été de 18 à 20 euros par personne. Avec le collègue Califer et le groupe socialiste nous avons fait adopter la première loi qui reconnaît la responsabilité de l’Etat dans l’empoisonnement du chlordécone des peuples et des territoires de Martinique et de Guadeloupe. Je souhaite poursuivre mon travail pour améliorer le niveau de vie des foyalais, des martiniquais et des ultramarins.

Dans ce contexte particulier, avez-vous de nouveaux objectifs à atteindre, en plus de ceux que vous aviez déjà en tête ?

Ce sont des objectifs d’avantages muris. Le contexte actuel a simplement renforcé ceux que j’avais déjà en tête. Aujourd’hui, un danger réel se profile : le racisme et la xénophobie menacent de s’installer au pouvoir. Il est crucial de faire barrage au Rassemblement National et à son  idéologie raciste et mortelle. Derrière les apparences, ce parti reste le même. Actuellement, j’ai le soutien du Parti Socialiste  qui reconnait mon travail au sein de l’Assemblée et qui a décidé de m’apporter son soutien. La montée des extrêmes est une réalité à laquelle nous devons combattre. Hitler et le nazisme sont arrivés au pouvoir démocratiquement. Je continuerai à me battre pour que les Martiniquais puissent vivre dignement avec un meilleur niveau de vie et pour que la Martinique rayonne dans la Caraïbe et dans le monde.

Que prévoyez-vous afin d’améliorer votre travail avec les autres élus locaux pour le bien de la circonscription de Fort-de-France ?

Je travaillais déjà avec le maire de Fort-de-France sur les enjeux du territoire, tels que l’attractivité économique et sociale. Nous prévoyons également de tout mettre en œuvre pour résorber l’habitat insalubre, l’aménagement des quartiers, l’amélioration de l’habitat, mais aussi par rapport à la mobilité intérieur et extérieur.  Nous souhaitons mettre en place les conditions de développement économique par l’accompagnement des entreprises, à travers une zone franche 0 charge fiscale et sociale pour créer l’activité et de l’emploi. Par ailleurs, les problèmes d’insécurité, notamment liés au trafic de drogues et aux trafic d’armes, doivent être résolus. Le maire de Fort-de-France fait face à de nombreux défis cruciaux, et c’est pourquoi je m’engage à le soutenir constamment.

Quels sont vos projets pour lutter face au chômage chez les jeunes de Martinique ?

Je souhaite que les jeunes puissent bénéficier d’une allocation pour les jeunes étudiants précaires et vulnérables, à travers une allocation spécifique financée par la TVA récolté localement. Les jeunes sont la relève, le génie martiniquais est en eux et ils doivent pouvoir occuper toutes les responsabilités pour assurer la valorisation et le rayonnement de la Martinique. Il faut à la fois former en développant les compétences de discernement et de raisonnement en modifiant les programmes scolaires. La première des libertés c’est la liberté de penser. Avoir l’esprit critique leur permettra de mieux créer et imaginer un futur meilleur.

Développer la culture et le sport leur permettra de mieux imaginer et d’inventer un avenir meilleur empreint de solidarité, d’humanité et de responsabilité. La famille et le lien intergénérationnel doivent être un atout pour qu’ils puissent apprendre de nos aînés et mieux se construire. Nous mettrons en place à travers le nouveau modèle économique les conditions de création d’activité et liberer l’initiative pour développer l’entrepreneuriat local.  Faire revenir les jeunes est important et c’est pour cela que je souhaite permettre aux enseignants stagiaires et néo titulaires de bénéficier de la même bonification qu’en Corse de 1400 points pour revenir au pays. Cela est crucial pour les jeunes, l’économie sociale et l’accompagnement à l’insertion sont essentiels. Nous devons continuer à les soutenir de manière constante.

Quelles sont vos initiatives pour améliorer certains services tels que celui de la santé ?

Il faut compenser le sous-financement des collectivités pour améliorer le service public à la population et investir.  Sur le volet de la santé, il faut agir en urgence car chaque jour qui passe est une perte de chances pour les malades atteints de cancer. Les durées de prise en charge ne sont pas les mêmes qu’en France hexagonale et il faut les mettre au même niveau. Il y a un vrai scandale sur la prise en charge du cancer. Je mène un combat pour que l’État prenne pleinement ses responsabilités. Je propose de remettre la santé au sens du bien être mental et physique au cœur du projet, car nous pouvons être un pôle de santé pour la caraïbe et d’innovation dans le monde. Nous avons franchi plusieurs étapes et il est crucial de poursuivre ce travail pour garantir un accès et une qualité aux soins, pour tout le monde.

Vous avez réalisé un rapport sur la vie chère en Outre-mer et le besoin urgent de changer de modèle économique. Quelles sont vos perspectives pour continuer de lutter contre les problématiques liées à l’économie en Outre-mer ? 

Aujourd’hui, les Martiniquais, ainsi que les autres Français d’Outre-mer, subissent quotidiennement les conséquences de la vie chère. Il y a une concentration des grands groupes avec un fonctionnement opaque qui prend en otage nos peuples et nos territoires.  De nombreux grands groupes abusent de leur position en pratiquant des marges arrière et des accumulations de marges excessives. Je ne compte pas m’arrêter à ce constat, car j’ai produit 70 préconisations.

Il est temps d’agir sur les quatre déterminants associés qui sont les causes de la vie chère et qui forme un cocktail :

  1. Augmenter le niveau des revenus
  2.  Faire baisser les prix
  3.  Améliorer les services publics des collectivités
  4.  Améliorer les services publics de l’État

La mise en lumière des causes de cette situation était essentielle, car elle nous permet de cibler le problème à la source. Il est nécessaire par exemple de rétablir le plafond pour bénéficier des 30%  d’abattement fiscal pour améliorer le pouvoir d’achat. Pour les familles défavorisées, les aînés avec des petits revenus, les précaires et les étudiants, je propose des mesures concrètes, notamment la réaffectation de la TVA locale en Martinique, une richesse créée localement mais qui retourne en France. Cela augmentera le pouvoir d’achat des plus précaires et des plus démunis. Il serait aussi intéressant de taxer les superprofits et d’apporter une compensation publique si nécessaire, afin de pouvoir établir une prime de vie chère pour tous les salariés du privé et ainsi réduire l’inégalité entre le public et le privé. A partir de matières premières importées du Brésil par exemple, on pourrait créer des activités de transformation nouvelle et ainsi créer de la richesse et de l’emploi.

Je prépare une loi pour faire baisser les prix en Martinique et en Outre-mer sur les produits de grandes consommations. Je prépare aussi une loi pour améliorer la concurrence et rééquilibrer les parts de marché concentrées par les grands groupes pour plus de démocratie économique, d’initiative locale et de création de la richesse locale par l’investissement. Je prépare aussi une loi sur la continuité territoriale sur le modèle corse pour faire baisser les prix des billets d’avion et aussi avoir un service public de transport aérien et de transport de marchandise. J’ai en cours une loi pour accompagner les petits agriculteurs avec la collectivité de Martinique, à travers la réaffectation du fonds européen dénommé POSEI pour aller vers la diversification agricole à travers le contrat de transition agroécologique proposé par la CTM.  J’ai encore de nombreux autres projets en cours car j’ai déposé 15 projets et 75 fiches d’actions au niveau du comité interministériel d’Outre-mer.

L’Outre-mer fait face à des retards de développement. Certains commencent à être rattrapés. En tant que député, quel sera votre rôle afin d’aider les organismes à pouvoir continuer sur cette lancée ?

Aujourd’hui, nos départements font face à un mal développement structurel et conjoncturel permanent. Mon objectif est de travailler en profondeur sur les problèmes structurels. Je compte créer des lois et intervenir auprès des différents ministères pour lutter contre les inégalités de développement qui se sont accrues et pour éviter que les peuples d’Outre-mer soient écrasés dans un rapport de domination et de soumission et par une mondialisation déshumanisante et exacerbée. Je souhaite, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, continuer à œuvrer pour un nouveau modèle économique et social. Il est crucial de permettre aux territoires ultramarins de devenir créateurs producteurs, et pas seulement consommateurs. En mettant en place les conditions nécessaires à l’investissement pour le développement de l’humain dans le respect de la préservation et de la valorisation écologique, patrimoniale et culturelle, nous pourrons mieux nous développer.

Les projets sont nombreux et il faut les accompagner, ce que je compte bien faire. En libérant l’initiative, la responsabilité locales et le génie martiniquais nous pourrons à travers un projet endogène, respectueux de l’égalité des droits et dans le respect de nos différences, dans le cadre de la république élaborer un nouveau mode de vie plus humain, plus digne, plus responsable et solidaire. La fatalité n’existe pas, les solutions sont en nous même. J’ai une vision très claire de l’avenir, c’est pour ça qu’avec ma suppléante Nathalie Martail-Jouan nous sollicitons le renouvellement de confiance des foyalais et des foyalaises pour redonner concrètement espoir et dignité à la Martinique et aux Outre-mer, au sein de la République française.

Propos recueillis par Thibaut Charles

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