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Le bitcoin, une monnaie électronique permettant des transactions sans autorité centralisée, est devenu mardi une monnaie officielle au Salvador, au même titre que le dollar américain. Le pays d’Amérique centrale est ainsi le premier au monde à donner un cours légal à cette cryptomonnaie. Toutes les entités doivent désormais l’accepter comme mode de paiement des biens et services. Le bitcoin a été lancé dans le sillage de la crise financière de 2008 pour se passer des institutions financières

LE CONCEPT

Le bitcoin est une cryptomonnaie, une monnaie électronique permettant des transactions sans autorité centralisée. Il permet de réaliser des paiements en ligne de façon sécurisée. Le fonctionnement du réseau Bitcoin repose sur une technologie appelée blockchain, un registre où sont consignées les transactions dans une chaîne de blocs grâce à un système fonctionnant avec des procédés cryptographiques. Le travail de validation de ces transactions et d’enregistrement dans la blockchain est effectué par des internautes volontaires appelés mineurs. Les mineurs valident les transactions en résolvant une équation mathématique et celui qui résout l’équation est récompensé par des bitcoins nouvellement créés. Le minage permet donc également de créer des bitcoins. Il est possible d’acheter des bitcoins en circulation via des plateformes en ligne. Le bitcoin peut servir à acheter des biens ou des services auprès des entités qui l’acceptent.

LES DATES CLÉS

● 2008

Satoshi Nakamoto, pseudonyme d’un développeur ou d’un collectif de développeurs, publie en octobre 2008 sur Internet le livre blanc du Bitcoin, un document exposant les fondements théoriques de cette toute première cryptomonnaie. Satoshi Nakamoto y explique le besoin « d’avoir un système de paiement électronique basé sur une preuve cryptographique au lieu de la confiance », c’est-à-dire d’un système ne passant pas par une institution financière. Créé après la crise financière de 2008, le système Bitcoin s’inscrit « dans un mouvement de contestation des pouvoirs politiques et bancaires », analysent deux chercheurs en sciences économiques dans un article publié en 2015 dans une revue économique française. Satoshi Nakamoto émet les premiers bitcoins en janvier 2009 et effectue la première transaction quelques jours plus tard. En l’état, le protocole Bitcoin prévoit qu’un nombre maximal de 21 millions de bitcoins peut être créé. Ce plafond devrait être atteint en 2140. À ce jour, 18,8 millions d’unités ont été créées, selon la plateforme CoinMarketCap, qui permet de suivre le cours des cryptomonnaies.

● 201 1

WikiLeaks, un site internet qui s’est fait connaître en publiant des télégrammes diplomatiques américains, annonce en juin 2011 accepter les dons anonymes en bitcoins, après que des sociétés comme PayPal, Visa et Mastercard ont bloqué les paiements en ligne à destination de WikiLeaks. Julian Assange, le fondateur du site, affirme en 2014 que « les investissements stratégiques de WikiLeaks dans cette monnaie ont eu un rendement de plus de 8 000 % en trois ans » grâce à la hausse du cours du bitcoin, ce qui lui a permis de « traverser le blocus bancaire extralégal des États-Unis ». En 2014, plusieurs grandes entreprises ont commencé à accepter des paiements en bitcoins, comme Microsoft et Showroomprivé. Pour autant, neuf ans après le lancement du Bitcoin, les cryptomonnaies « sont très peu acceptées et utilisées pour les paiements », relève l’ancien sous-gouverneur de la Banque de France Jean-Pierre Landau dans un rapport remis en 2018 au ministre de l’Économie. Il met en avant le processus de validation des transactions « lourd, long et coûteux ».

● 2017

En décembre 2017, le cours du bitcoin, dont la valeur évolue sans contrôle en fonction de l’offre et de la demande, atteint un record de près de 20 000 dollars, alors qu’il était d’environ 1 000 dollars au début de l’année. Quelques jours plus tôt, deux bourses de Chicago, aux États-Unis, ont introduit des produits spéculatifs basés sur le bitcoin, marquant une forme d’institutionnalisation de cette cryptomonnaie. Toutefois, le cours du bitcoin repasse sous la barre des 10 000 dollars environ un mois plus tard. En raison de cette volatilité, deux responsables du Fonds monétaire international, un organisme chargé de garantir la stabilité financière mondiale, ont mis en garde dans une note de blog parue en juillet 2021 sur l’adoption par les États d’une cryptomonnaie. Ils estiment que « les risques et les coûts surpassent les éventuels bénéfices » et menacent particulièrement « la stabilité macroéconomique », en particulier celle des prix.

● 2020

Le parquet national antiterroriste annonce en septembre 2020 avoir démantelé un réseau de cyberfinancement du terrorisme en France, qui s’appuyait sur un circuit sophistiqué pour transférer des bitcoins à des djihadistes se trouvant en Syrie. L’Organisation de coopération et de développement économiques, un organisme de recherche intergouvernemental, souligne dans un rapport en février 2021 que les cryptomonnaies peuvent « favoriser l’anonymat des transactions et la dissimulation des flux financiers, ce qui en fait des dispositifs attrayants pour les fraudeurs fiscaux et autres criminels ». Depuis une loi promulguée en mai 2019 en France, certains prestataires de services de cryptomonnaies doivent obtenir un agrément de l’Autorité des marchés financiers, un organisme de régulation public indépendant, certifiant entre autres de l’existence de procédures de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. En 2020, les activités criminelles représentaient 0,34 % des transactions de cryptomonnaies, selon un rapport de Chainalysis, une société spécialisée dans l’analyse des transactions sur la blockchain, publié en janvier 2021.

L’ANALYSE

Le Bitcoin consomme davantage d’électricité que les Philippines et que le Kazakhstan, soit 97,7 TWh par an, selon l’indice de consommation d’électricité du Bitcoin mis à jour quotidiennement par le Cambridge Center for Alternative Finance, un laboratoire de recherche économique intégré à l’Université de Cambridge. La consommation d’électricité du Bitcoin représente ainsi 0,44 % de la consommation annuelle totale dans le monde, ajoute le laboratoire. Le Bitcoin nécessite d’importantes quantités d’énergie pour fonctionner à cause du processus du minage, qui repose sur des ordinateurs puissants. Aujourd’hui, le minage s’est industrialisé : des entreprises et des groupes de mineurs ont constitué des fermes de minage, des entrepôts où de nombreux ordinateurs sont destinés à cette activité. La Chine est le pays qui concentre le plus d’opérations dans le monde [voir la carte, en anglais] : en avril 2021, 46 % d’entre elles étaient réalisées dans le pays, selon le Cambridge Center for Alternative Finance. Au printemps, le gouvernement chinois a pris des mesures pour limiter les activités liées au minage dans le pays.

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