Martinique1ere
La photo: La “nuit de la danse” avec une chorégraphie de l’association AM4. ©William Zébina
Parmi les secteurs d’activités les plus affectés par la crise sanitaire, celui des arts et des spectacles paie un très lourd tribut. Les professionnels de la création artistique et de la production de spectacles ne peuvent plus vivre de leur métier.

Nos musiciens, chanteuses et chanteurs, peintres, sculpteurs, techniciens de l’audiovisuel, propriétaires de salles de concerts et de cinéma, écrivains, libraires sont privés de la juste rémunération de leurs efforts et de leur talent. La population, bénéficiant d’une production culturelle intense et variée, commence à s’ennuyer.

Les restrictions imposant une paralysie de ce secteur employant plusieurs centaines de personnes restent en vigueur. Les autorités craignent une nouvelle vague de l’épidémie, nous comparant à tort à une agglomération française de 400 000 habitants.

Or, en matière de création culturelle, nous n’avons rien à voir avec ce qui se passe dans une ville de même importance démographique que la Martinique. Nous pouvons danser aussi bien sur les rythmes du bèlè, de la biguine, du zouk que du dance hall. Les livres de plusieurs de nos écrivains sont traduits dans de multiples langues à travers le monde. Nombre de nos plasticiens sont des références à l’extérieur.

La Martinique n’est pas la France

Dans quelle ville de France ce foisonnement existe-t-il ? Nos artistes, toutes disciplines confondues, sont des enfants de ce peuple. Ils et elles savent sublimer sa grandeur et sa joie, mais aussi ses souffrances et son espérance. Et ils restent injustement confinés.

Pourtant, nous nous sommes montrés disciplinés, patients et résilients durant près de trois mois. Nous avons respecté le confinement, intégré les gestes barrière, évité les rassemblements, appliqué le couvre-feu. Les restrictions aux obsèques, moment clé de nos coutumes, ont été scrupuleusement observées.

Nous restons prudents et vigilants quant à la reprise des activités. Nous montrons chaque jour notre esprit de responsabilité. Pourtant, les autorités ne nous font pas crédit de notre discipline et de notre souci de l’ordre public. D’où vient donc cette tendance à notre infantilisation ?

De même que les plages ont été libérées à la demande générale, il est temps de libérer la créativité artistique, le bouillonnement culturel, le génie intellectuel martiniquais. Alors, Monsieur le préfet, libérez nos artistes!

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