L’histoire de notre pays est jalonnée de luttes contre le système colonial français qui n’a su répondre aux demandes légitimes du peuple que par une répression féroce.

Sonjé désanb 59 !

Les évènements qui ont secoué la Martinique en ce mois de décembre 1959 illustrent cette volonté farouche d’empêcher que la jeunesse martiniquaise puisse exprimer sa colère contre les injustices, le racisme ambiant, par l’assassinat de trois jeunes de notre pays.

C’’est ainsi qu’un accident de la circulation entre une Vespa conduite par un martiniquais et un automobiliste français a en- traîné une altercation entre les deux hommes, ce qui provoqua un attroupement.

Et voilà que des CRS, stationnés au Fort Saint-Louis, inter- viennent violemment, lançant des gaz lacrymogènes pour disperser la foule sans ménagement.

Face à un tel déchaînement de violences, la foule s’est sentie agressée et humiliée. Au point que les nombreux jeunes qui la composaient se sont révoltés. Fort-de-France connut trois jours d’émeutes à l’occasion desquelles 3 jeunes Martiniquais ont été tués : Edmond Eloi dit Rosile (20 ans), le lundi 21, rue Villaret-Joyeuse, derrière l’Olympia à Fort-de-France. Christian Marajo (15 ans), le lundi 21, rue Ernest Renan appelée maintenant Moreau de Jones, non loin de l’ancien Palais de Justice. Julien Betzi (19 ans), le mardi 22, au niveau de la Place Stalingrad, actuellement appelée place François Mitterrand. Comment comprendre cette révolte de la jeunesse martiniquaise et principalement à Fort-de-France ? D’abord par le ma-rasme économique suite à la fermeture des usines à sucre qui a aggravé le chômage et la misère, entraînant un exode mas- sif vers Fort-de-France et le Lamentin. Mais aussi par les ma- ladresses et les injustices de la politique coloniale de la France, sur lesquels s’est développé un mécontentement grandissant au sein de la jeunesse notamment.

La question de l’autonomie posée

Une dégradation du climat social au sujet de laquelle, dès jan- vier 1959, le Comité Central du Parti Communiste Martiniquais avait tiré la sonnette d’alarme en écrivant : “‘L’heure est grave !’ La politique d’écrasement des travailleurs n’en est qu’à ses débuts et déjà elle exerce ses ravages. Des promesses ont été faites par le Général De Gaulle d’étendre les pouvoirs du Conseil Général en lui permettant d’adapter à notre pays les lois françaises. Jusqu’à ce jour rien n’a été fait. La création d’industries nouvelles est le seul moyen de donner du travail à nos dizaines de milliers de chô- meurs et de relever l’économie martiniquaise. Le gouvernement n’a

rien prévu en ce sens. Tout cela veut dire que la Martinique connaîtra des jours de plus en plus difficiles”. Sous la pression populaire

le Conseil Général se réunit en urgence. La motion proposée par le groupe communiste fut votée, demandant notamment que “des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le Statut de la Martinique en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises”.

A ces problèmes posés par les Martiniquais notamment à travers la motion du Conseil Général, le gouvernement répondit par une politique migratoire sans précédent avec la création du BUMIDOM et du SMA, vidant notre pays de ses forces vives. Politique colonialiste dont nous subissons aujourd’hui les graves conséquences avec le vieillissement de la population. Pour mieux assurer le contrôle des Martiniquais et réprimer les mouvements sociaux, le pouvoir gaulliste lança une vaste po- litique d’implantation de gendarmeries sur tout le territoire. Tandis qu’il favorisait le développement d’une société d’import –consommation à outrance, au détriment de la production locale, désormais confrontée à une concurrence déloyale des produits importés.

Le génocide par substitution s’est alors mis en marche et se poursuit sournoisement mais inexorablement. Seule porte de sortie offerte à la jeunesse par les autorités : des spots publici- taires l’invitant à s’engager dans l’armée, la gendarmerie ou la police, vidant de plus en plus notre pays de ses forces vives. Et aujourd’hui nos élus qui ont une grande responsabilité morale et politique vis-à-vis de notre peuple devraient s’inquiéter du climat social explosif et apporter des réponses positives aux aspirations de notre peuple au lieu de se perdre dans des débats subalternes et insignifiants et de donner le triste spectacle du “nèg kont nèg”, à la grande satisfaction du pouvoir colonial qui doit bien se moquer de nos insuffisances et de nos que- relles fratricides.

La colère gronde de toutes parts et tous ceux qui jouent avec le feu porteront une très lourde responsabilité le jour de l’explosion. Sonjé désanb 59 !

F. Papaya in Justice  

Deux rassemblements:

18 décembre/16h: Allée “Desamb 59” sur la Savane Fort-de- France à l’appel du CNCP-PKLS et Modémas.

Hommage à F. Fanon, M; Manville, Y. Mauvois, Ti Jo Mauvois et P. Papaya

19 décembre /16h : Kiosque GUEDON à Fort-de-France

– Intervertion de : Louis Georges Placide & André Lucrèce à l’appel de : Péyi­a, RDM, GRS, Upem, Culture Egalite, ikima, Bèlè an wout

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