La municipalité de Fort-de-France a donc choisi d’inscrire, de marquer dans la ville la mémoire de deux faits majeurs de notre Histoire récente  – les évènements de décembre 1959 et l’affaire de l’Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de Martinique (OJAM) –, et ce par la dénomination, le 15 mai dernier, de l’« Allée Décembre 59 » à la Savane, et par la pose d’une plaque commémorative, en hommage aux ex-prisonniers de l’OJAM.

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A la Savane, les différents intervenants (Jeannie Darsières, Gilbert Pago, Raymond Saint-Louis-Augustin, etc.) rappelèrent les faits ayant conduit aux affrontements – et bien-sûr leurs tragiques « conséquences », avec les meurtres des jeunes Edmond Eloi (dit Rosile), Christian Marajo et Julien Betzi. L’existence d’une forme de lien de cause à effet, entre les martyrs de décembre 1959 et la constitution de l’OJAM, fut d’ailleurs indiquée par tous ceux qui se succédèrent au micro. Cette double commémoration, le même jour, n’était donc évidemment pas fortuite, mais le fruit de la volonté de l’équipe municipale – à ce titre, rappelons que le célèbre « Manifeste de l’Ojam », affiché sur nombre d’écoles, mairies, églises et autres commissariats de Martinique (dans la nuit du 22 au 23 décembre 1962), commence par « En décembre 1959, trois fils de la Martinique (…) tombaient victimes des coups du colonialisme français.

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Ce sacrifice montra à la jeunesse de notre pays, la voie de l’émancipation, de la fierté, de la dignité. Depuis, notre peuple, si longtemps plongé dans les ténèbres de l’histoire, offre une résistance de plus en plus grande à l’oppression coloniale. » Fin de citation. Des évènements qui furent donc vécus, ressentis comme un marqueur, une sorte de borne entre le passé et l’horizon d’espoir(s) qu’offrait alors le présent. Un ferment auquel vinrent sans doute s’agréger les colères et indignations nées du meurtre, par les « forces de l’ordre », de trois grévistes dans les rues du Lamentin, en mars 1961 (meurtre qui inspira le flamboyant et inoubliable « Sur trois tombes » à Georges Gratiant), de la dissolution, par décret, du « Front Antillo-Guyanais pour l’Autonomie », trois mois seulement après son lancement, de l’interdiction, par le préfet de l’époque, de la 1ère conférence de la « Jeunesse martiniquaise », de l’expulsion de Martinique imposée à Edouard Glissant en juillet 1962, etc.

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A côté de l’actuel Palais de justice de Fort-de-France, sur un pan de mur de l’ancienne prison (« le 118 »), un voile rouge vif côtoie une petite porte abimée par les ans – et sans doute de sinistre mémoire pour les anciens de l’Ojam présents la semaine dernière (13 des 18 auteurs du Manifeste furent incarcérés au « 118 » entre le 13 février et le 8 mai 1963, avant d’être transférés en Guadeloupe, en escale, puis à la prison de la Santé, ndr). Parmi les présents le 15 mai dernier, Rodolphe Désiré, Léon Sainte-Rose, Guy Dufond, Gesner Mencé, Renaud de Grandmaison, etc. Après le rappel des faits, un hommage au soutien et à l’action portés par certaines femmes durant l’affaire (Henrie et Jeanne Wiltord, Mmes Dufond, etc.) fut rendue par Georges Arnaud, ancienne présidente de l’Union des Femmes de la Martinique (UFM). Pendant l’évocation de ces nombreux souvenirs, les anciens de l’Ojam semblèrent parfois pensifs ; d’autres fois ils se regardèrent et échangèrent quelques mots, au creux de l’oreille. Quelques minutes plus tard, la plaque-hommage fut dévoilée. Sous les applaudissements. Une initiative de l’édilité foyalaise à saluer, et un beau moment de mémoires partagées. Mike Irasque

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