En Équateur, des nations indigènes viennent de lancer une campagne pour demander un moratoire sur les activités extractivistes en Amazonie, dénonçant ces activités comme une menace pour leur survie en temps de pandémie.

L’ensemble des organisations regroupant les nationalités indigènes de l’Amazonie équatorienne ont officialisé le 4 août le lancement de leur campagne contre les compagnies pétrolières, et se sont saisies de la justice pour exiger la cessation immédiate des activités d’extraction et de transport de pétrole via les deux oléoducs les plus importants du pays.

Cette action vient en réponse à la fracture de ces mêmes oléoducs le 7 avril dernier entre les province de Napo et Sucumbíos dans le nord est du pays. Le système d’oléoduc trans-équatorien (SOTE) et l’oléoduc (OCP) s’étaient rompus suite à un phénomène d’érosion régressive sur les rivières Napo et Coca ; provoquant un déversement massif d’hydrocarbures dans ces rivières et un désastre humanitaire et écologique.

Ces deux oléoducs pompent à eux seuls pratiquement tout le pétrole d’Équateur, avant qu’il ne soit expédié vers les marchés internationaux, principalement vers les raffineries des États de Washington et de Californie aux États-Unis.

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Le déversement d’environ 15 800 barils de brut provenant de deux principaux pipelines s’est accompagné d’inondations soudaines, étendant la portée de la pollution et affectant les cultures locales plantées le long des berges. Amarunmesa, Orellana, Amazonie équatorienne, 2020
© Telmo Ibarburu -Les communautés indigènes vivant le long de ces rivières s’étaient retrouvées sans accès à une source d’eau potable et sans possibilité de s’alimenter en pleine pandémie de coronavirus. Elles avaient porté plainte et demandé réparation, le nettoyage de toute la zone affectée, et plus largement la fin de l’impunité accordée à l’industrie pétrolière.

Mais la procédure judiciaire est à l’arrêt depuis le mois de juin, tandis que l’érosion qui continue de se produire sur les rivières et les imposants glissements de terrain menacent une nouvelle fois de rompre les oléoducs et de provoquer un second désastre environnemental et humanitaire.
L’action en justice lancée ce 4 août exige de la justice qu’elle ordonne l’interruption de toute activité pétrolière durant la pandémie.

Depuis l’apparition du nouveau coronavirus en Équateur il y a quatre mois, les nationalités indigènes de l’Amazonie n’ont pas cessé d’appeler à l’arrêt de ces activités qui outre la pollution qu’elles provoquent, favorisent en plus la propagation de ce virus parmi leurs membres.

L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) estime que le COVID-19 a d’ores et déjà infecté plus de 20 000 personnes au sein des communautés indigènes en Amazonie.

Lors de la première assemblée mondiale pour la forêt amazonienne en juillet dernier, des organisations du Brésil, de la Bolivie, du Pérou, de l’Équateur, de la Colombie, du Vénézuela, de la Guyane, de la Guyane française et du Suriname (les neuf pays ayant l’Amazonie en partage) avaient appelé à un moratoire sur les activités extractivistes responsables de pollution, d’incendies, de pertes de territoires, de destruction de la biodiversité, de changement climatique et aujourd’hui de la propagation d’un virus potentiellement mortel.

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Système d’oléoducs trans-équatorien de 50 ans de l’Équateur (connu sous son acronyme espagnol SOTE), l’un des principaux oléoducs responsables de la marée noire du 7 avril, El Reventador, Sucumbios, Équateur, 2020
© Ivan Castaneira – Licence : Tous droits réservés

Les nations indigènes du monde entier s’engagent désormais dans des batailles juridiques et politiques sans précédent pour la préservation de leurs droits, de leurs territoires, et de leur santé. Cette nouvelle campagne s’appuie sur les récentes récentes victoires contre l’industrie fossile à l’instar de celle en juillet, de la nation sioux de Standing Rock aux États Unis contre l’oléoduc Dakota Access.


Auteur

Amal Benotman

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Les nations indigènes de l’Equateur exigent la suspension des activités pétrolières en Amazonie ; 14/08/2020 – wwww.notre-planete.info

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