Dimanche 28 novembre, par votation et suite à un référendum lancé par un comité de citoyens hostiles à l’instauration d’un pass sanitaire, les électeurs Suisses ont massivement rejeté ce référendum et validé le pass covid.

La participation électorale (46% en moyenne) a atteint là un niveau stratosphérique pour la Suisse : 65,7%, le quatrième le plus élevé depuis 1974 !

Rappel. Au départ, un comité référendaire hostile à la vaccination, et aux mesures que ses membres jugent coercitives car attentatoires à leur liberté, ont rassemblé en moins de 100 jours 50 000 signatures pour exiger que l’instauration d’un pass sanitaire voulu par l’exécutif fédéral et l’assemblée parlementaire soit soumis, « sans filtre », à l’approbation de tous les citoyens. Les référendaires étaient convaincus que, dans les urnes, la population rejetterait la mesure. Il s’agissait donc non pas d’un sondage, mais d’un vote à bulletin secret ayant valeur contraignante. L’acceptation de la loi Covid-19 par tous les cantons (sauf Appenzell Rhodes-Intérieures et Schwytz) et par 62% de la population, constitue un rejet clair et net des thèses défendues par les référendaires. D’autant que la participation électorale (46% en moyenne) a atteint là un niveau stratosphérique pour la Suisse : 65,7%, le quatrième le plus élevé depuis 1974. Sachant que le certificat covid est le seul moyen de maintenir les activités collectives en période de pandémie et qu’il était fortement contesté par des activistes bruyants, cette votation est d’une très grande portée.

Elle donne des pouvoirs étendus à un gouvernement fédéral qui, fédéralisme oblige, hésitait à imposer des mesures coercitives, comme si la pandémie ne les exigeait pas. Aux yeux des sceptiques, des complotistes et de tous ceux attachés au respect de leur souveraineté individuelle que l’Etat ne saurait restreindre, on peut rappeler que la planète s’apprête à entrer dans sa deuxième année de crise Covid, avec tous les désastres humains, économiques, sociaux que cette pandémie entraîne. La loi que les Suisses ont validé dans les urnes confère une légitimité politique à des mesures que la minorité de non-vaccinés continue de décréter oppressives, discriminantes, comme si les campagnes anti-vaccins étaient sans effet sur l’économie ou bien l’hôpital, où, parce que les non vaccinés saturent les salles de réanimation, ils privent de soins ceux qui devraient y accéder pour d’autres interventions. Comme si le lavage des mains, la distance physique, voire la pratique sportive seuls, suffisaient !

Avec cette votation, pure émanation de la démocratie directe, la Suisse s’épargne une crise politique

Les croyances religieuses ne se sont pas estompées, elles se sont simplement déplacées, se fixant sur d’autres objets, en l’occurrence la nocivité des vaccins. Le peuple suisse a donc approuvé les mesures « coercitives ». Avec cette votation, pure émanation de la démocratie directe, la Suisse s’épargne une crise politique. Certes, les perdants de dimanche n’ont pas dit leur dernier mot. Déjà, ils promettent de nouveaux référendums, de nouvelles moissons de signatures sur des pétitions. Mais les rues suisses ne seront pas polluées par des braillards-casseurs, convaincus de la nocivité des vaccins qui, seuls, nous sortirons pourtant de cette crise sans fin.
Lundi 29 novembre, alors que nous baignons dans un climat anxiogène depuis presque deux ans et qu’il n’est pas un jour sans que soient longuement évoqués le Covid-19 et ses variants, il est regrettable qu’on n’ait pas eu plus d’échos dans les médias français des résultats de la votation suisse, dont l’objet est pourtant central dans la stratégie anti-covid.

Il est déplorable que les médias et les politiques français ne se soient pas plus intéressés à cette nouvelle page de la démocratie directe chez notre voisin, où résident près de 200 000 de nos compatriotes et où travaillent 150 000 frontaliers français. Si nos journalistes étaient moins obnubilés par la monarchie technocratique parisienne qui gouverne la France, avec les résultats calamiteux que chaque citoyen peut constater, ils seraient davantage attentifs à ces manifestations démocratiques, comme le sont leurs confrères italiens, allemands, anglais. En attendant, le pays navigue à vue, à la recherche de solutions qu’il a à cœur d’« inventer » et que le monde, n’en doutons pas, « nous enviera ».

François Garçon, essayiste, dernier livre publié : France démocratie défaillante. Il est temps de s’inspirer de la Suisse (Editions L’Artilleur)

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