C’est pendant sa traversée de l’Atlantique à la rame en solitaire que Patrick Deixonne, navigateur,  fondateur et membre la Société des Explorateurs Français, découvre la pollution par les déchets plastiques au cœur de l’océan. « Ce choc va modifier le cours de sa vie. Il se fixera un nouveau défi. Explorer les océans et témoigner, communiquer sur une réalité trop éloignée du regard des hommes. Il va organiser des missions d’exploration pour étudier ce phénomène et alerter le public et les politiques sur la gravité de la situation. » L’association Expédition 7ème Continent naît en Guyane il y a 14 ans, en référence à ce que l’on appelle malheureusement le 7ème continent, un vortex de déchets du gyre subtropical du Pacifique nord, constituée à 90% de déchets plastiques. Il est grand comme six fois la France ! Et ce n’est pas le seul dans le monde….  Patrick Deixonne, fondateur et dirigeant de l’association, avec son équipage, s’est engagé cette fois avec l’éco organisme Citeo pour la tournée pédagogique « Protéger l’Océan ça s’apprend », en ce moment en Martinique.  Il nous livre son ressenti sur cette tournée sur un territoire qu’il connaît bien.

L’Océan est le premier acteur de la machinerie climatique bien avant toutes les forêts du monde, il est indispensable à notre survie. »

Antilla : Comment se passe cette tournée pédagogique, quel est le retour de la population rencontrée ?

Patrick Deixonne : Nous avons commencé par la Guyane, puis Saint Pierre, Fort de France et nous serons au Marin jusqu’au 4 avril. Plusieurs écoles sont venues à notre rencontre, avec leurs élèves et leurs enseignants, sauf le jour de la grève bien sûr ! Les familles nous rejoignent le week-end. Dans l’ensemble, les enseignants ressortent ravis parce que l’action que l’on mène les conforte dans leur enseignement sur l’environnement et elle est très abordable pour les enfants. On parle du premier geste-reflexe, mettre nos déchets à la poubelle, on explique pourquoi c’est important et on leur montre des échantillons de ce que l’on retrouve en mer. Ils visitent le bateau, ça les captive. Il y trois ateliers de sensibilisation. Nous faisons part du constat de nos recherches et montrons ce que devient le plastique dans les océans pour faire comprendre les enjeux de leur protection et de la protection de la biodiversité marine. Ensuite on parle des solutions. On leur explique la réduction, le tri, le recyclage, les actions concrètes à mettre en place au quotidien pour lutter contre les déchets abandonnés, et protéger la mer. Les enfants sont très intéressés car les ateliers sont interactifs. On connaît bien l’action pédagogique à présent puisque on en fait depuis 12 ans.

Antilla : Vous qui venez depuis longtemps aux Antilles, observez-vous une amélioration dans les comportements des gens vis-à-vis des déchets?

Patrick Deixonne : Oui on voit qu’il y a une prise de conscience. Et les communautés de communes font des efforts pour mettre des bacs de tri adaptés. Cependant, les îles sont des territoires particuliers, il n’y a pas les mêmes équipements ni les mêmes moyens que sur le continent. Mais concernant la problématique des déchets, du boulot il y en a partout !

Antilla: Lorsqu’on se promène dans des lieux très isolés de la Martinique, comme les îlets, les mangroves ou certaines rivières, des lieux éloignés des décharges et des poubelles, on peut se demander comment les déchets plastiques ont pu arriver là. Beaucoup de gens se posent la question, d’où proviennent-ils ?

Patrick Deixonne : Il y en a une grosse partie qui vient par l’océan mais surtout ils viennent des poubelles. Les ramassages de poubelles ne sont pas assez fréquents ni assez nombreux. Pendant la saison touristique,  on voit des bateaux de croisière qui reviennent au port, chargés de poubelles bien triées. Et les sacs sont bien déposés sur les sites de ramassage, dans les bacs qui débordent, ils sont ensuite déchirés par les chiens et les oiseaux, et emportés par le vent ou la pluie…Les politiques n’ont pas encore pris conscience que sur lieux touristiques,  il faut augmenter les collectes. Les schémas de collecte sont vieux de plus de vingt ans, il faudrait les actualiser. Evidemment tout cela à un coût mais c’est très important.

Antilla : Quand sera-t-on débarrassés de ces déchets plastiques qui sont les plus problématiques pour les océans?

Patrick Deixonne : Quand ils deviendront une ressource… Quand on pourra les revendre aux industriels pour en refaire de la matière au lieu d’aller chercher du pétrole. On essaie de donner une valeur au déchet plastique, il faut qu’il devienne une ressource et on en est capable, on recycle de mieux en mieux, il y a des process intéressants déjà en cours.

Antilla : C’est un grand combat que vous menez, êtes-vous suffisamment suivi ?

Patrick Deixonne : Nous sommes soutenus par de grands partenaires publics et prives, par nos sponsors. Et nous faisons partie à présent des groupes de travail à l’Assemblée des Nations, au Senat, nous avons un avis consultatif et nous préparons des projets de loi, comme l’interdiction des pailles en plastiques.

Pour en savoir plus : http://www.septiemecontinent.com/

« Parce que la solution à cette pollution maritime se trouve à terre, nous avons à cœur avec Citeo de sensibiliser chaque année le grand public, en particulier les plus jeunes, à l’impact de la pollution sur l’océan, notamment par les cours d’eau. Cette nouvelle tournée pédagogique s’inscrit dans une urgence absolue, de comprendre et mettre en place les mesures pour la protection des océans. Mais aujourd’hui les mentalités évoluent, la nouvelle génération a acquis une conscience environnementale, et je crois fondamentalement que la pédagogie et l’éducation sont essentielles pour comprendre l’impact de nos actions au quotidien sur notre environnement. »

 

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