Joby à Fortaleza (DR)

Le célèbre artiste martiniquais est de retour du Brésil. Impressions de voyage…

D’entrée, Joby Bernabé ne tarit pas d’éloges sur l’efficacité de l’organisation mise en place par les Alliances françaises du pays (l’artiste salua notamment la grande compétence de Yann Lorvo, directeur général de ces alliances), et, plus largement, sur l’accueil qu’il reçut de tous. Certains chiffres ne cessent de renseigner sur l’immensité de la terre brésilienne. Sept avions pris – à l’intérieur du Brésil –, des centaines de kilomètres en voiture… Un séjour d’un peu plus de trois semaines, qui vit l’artiste se produire dans plusieurs villes : Porto Alegre, Fortaleza, Pétropolis, Sao Luis, etc. Une ville, une prestation (parfois deux). Si le rythme était soutenu, cela n’empêcha pas Joby Bernabé de visiter des lieux qu’il qualifie simplement de « merveilleux » (théâtres, musées, sublimes chutes d’Iguazu).

Le public ? Un auditoire à 60 % francophone (dont beaucoup d’étudiants), des français installés au Brésil depuis de nombreuses années ; une centaine de spectateurs en moyenne. De ses propres mots, l’artiste proposait un « récital commenté », très structuré. Jugez-en plutôt : d’abord quelques mots sur le plaisir d’être au Brésil ; une brève présentation, historique et culturelle, de la Martinique ; un propos introductif sur Aimé Césaire, suivie de la parole du grand poète (idem pour d’autres auteurs), puis sa propre parole, l’une en français (« Terre promise »), suivie d’un bref « cours » de créole (« je faisais tout le monde prendre le récitatif interactif ‘Lespri kò’, et ils devaient répondre ‘Sé lespri kò ki mèt kò’ ») ; l’évocation du bèlè permettait ensuite à l’artiste de parler de l’univers rythmique du morceau ; enfin, une « séquence conte », en français (avec des yé kri yé kra participatifs). « A la fin les gens sortaient de là ravis », nous dit l’amoureux de la parole. Des prestations fréquemment saluées par des standing ovation.

Césaire, créole, bèlè, conte ; un véritable ambassadeur culturel de la Martinique en somme. Cette tournée brésilienne, dont la DRAC-Martinique (Direction Régionales des Affaires Culturelles) et la compagnie aérienne Air Caraïbes furent d’autres acteurs essentiels, se situait dans le cadre du « Mois de la francophonie ». S’il était souvent seul sur scène (dans le « silence total » qu’exigent ses prestations), Joby Bernabé fut parfois précédé par des expositions ou des chorales. L’artiste eut également l’occasion de travailler avec un guitariste classique (Eduardo de Alves), et put mener, dans la ville de Curitiba, une animation « tim tim bwa sèk », entouré d’enfants. Un autre souvenir heureux. Auditoire estudiantin oblige, Joby Bernabé ne manquait pas de convier les jeunes à se renseigner sur les grands hommes et expressions culturelles majeures de Martinique. « C’est une ouverture, un sillon. Le Brésil agrandit tes ailes (sourire). C’est un corps social et géographique, avec une vraie force, une vraie vibration. Une vraie pulsation », nous glissa t’il dans un sourire. On le croît bien volontiers.

Mike Irasque.

Notes :

« Terre promise » est extrait de Démaré. « Anges de Terre Brûlée » (EIA Production).

[L’artiste sera en prestation le 7 mai, à Saint-Pierre, puis le 19 mai, aux Trois-Ilets.]

 

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