Initialement prévue sur le front de mer de Trinité ce 16 mars, l’inauguration des matériels « pour lutter contre les sargasses » – inauguration organisée par Cap Nord – a été perturbée par une poignée de membres de l’intersyndicale de la santé (notamment de l’UGTM et la CGTM) mobilisée, entre autres revendications, contre l’obligation vaccinale Covid-19 faite aux personnels soignants et contre les sanctions infligées aux récalcitrant.e.s. Nous étions sur place.

Nicolas Onimus, sous-prefet de Saint-Pierre et Trinité (MI)

Il s’agit là, plus précisément, d’une diversité d’engins – camion-grue, camions-bennes, pelles hydrauliques, tractopelles etc., soit 17 équipements au total –, des matériels dont l’achat a été réalisé grâce à une enveloppe globale de 1.571.750 millions d’euros, financée à 50% par l’Etat, 40% par les fonds européens (FEDER) et 10% par Cap Nord, la « Communauté d’Agglomération du Pays Nord Martinique ». Des équipements et engins qui sont désormais à la disposition de quatre communes fortement (et depuis longtemps) impactées par les échouages d’algues sargasses sur leurs côtes – à savoir le Robert, Trinité, Sainte-Marie et le Marigot – et des matériels dont l’utilisation par telle ou telle édilité est soumise à un encadrement strict (assurer ces équipements ‘’tous risques’’ et les sécuriser dans les lieux de stockage, etc.). Quant aux responsabilités incombant à Cap Nord, elles tiennent par exemple(s) à l’entretien et la maintenance de ce matériel, ainsi qu’au respect de l’ordre des demandes de mise à disposition de ces engins.

« Des insultes telles que ‘’voleurs’’ et ‘’assassins’’ n’ont pas tardé à fuser » 

Nous le disions en préambule, les membres de l’intersyndicale de la santé étaient présents sur les lieux de cette inauguration (avant même qu’elle ne débute) et avaient accroché des pancartes, explicites quant à leurs revendications, sur les engins mentionnés. Et à l’arrivée, sur le front de mer, des opérateurs de cet achat mutualisé, ces syndicalistes ont donné de la voix quant à leurs positions et mécontentement, ce qui conduisit lesdits opérateurs à quitter ce site initial afin de se replier de l’autre côté de la rue, entre les murs de l’Hôtel de Ville. Mais face à ce ‘’départ’’ – possiblement ressenti par les syndicalistes comme une fuite, un refus de les écouter et/ou du mépris à leur endroit – des insultes telles que « voleurs » et « assassins » n’ont pas tarder à fuser, notamment à l’endroit des deux maires déjà présents – Bruno Nestor Azérot, maire de Sainte-Marie et président de Cap Nord, et Frédéric Buval, maire de la ville-hôtesse de l’inauguration – ainsi qu’à l’endroit de Nicolas Onimus, sous-préfet de Trinité et Saint-Pierre. Et c’est donc dans la ‘’salle des délibérations’’ de la mairie que les échanges et signatures de convention(s) entre les acteurs de cet achat mutualisé ont pu avoir lieu, avec cependant des prises de parole des membres de l’intersyndicale, au mégaphone, en fond sonore… .

« Nous avons trouvé tout à fait normal de venir les interpeller sur place, puisque nous ne les voyons pas »

Repli vers la mairie (MI)

Parmi les syndicalistes présents à Trinité ce matin-là, le secrétaire général de l’UGTM, Serge Aribo, qui indiqua médiatiquement (et en substance) que l’intersyndicale déplorait fortement « le silence de nos élu.e.s » qui, poursuivit-il, ne répondent pas à la situation des personnels soignants sanctionnés et suspendus, suite à leur refus de se conformer à cette obligation vaccinale. « Nous n’avons aucun écho de nos politiques, de nos représentants, que ce soit les maires, les EPCI (communautés d’agglomérations, ndr) donc nous avons trouvé tout à fait normal de venir les interpeller sur place, puisque nous ne les voyons pas, nous ne les entendons pas », indiqua Serge Aribo, « il s’agit pour nous de savoir quel est leur positionnement vis-à-vis à de ces martiniquais.es à qui on enlève le pain de la bouche, sans qu’ils n’aient fait de faute professionnelle. »

« Une réponse pas forcément suffisante lorsqu’il y aura de gros échouages d’algues »

Frédéric Buval et Bruno Nestor Azérot (MI)

Chez les élus concernés comme chez les représentants des services de l’Etat, le constat suivant est partagé : ces nouveaux engins constituent une réponse, certes fort bienvenue et appréciable, mais ne constituent pas ‘’La’’ réponse, face au fléau que sont les algues sargasses et leur cortège de conséquences sur la santé et les biens matériels des personnes. « C’est une première réponse mais elle n’est pas forcément suffisante lorsqu’il y aura de gros échouages d’algues », reconnut aisément le représentant de la DEAL* présent à cette inauguration contrariée, « une réponse qu’il faudra compléter avec des investissements un peu plus profonds et complexes à mener, qui demandent encore des études et réflexions ». Et ce représentant d’évoquer alors la « mise en place de barrages là où c’est possible », des « aménagements de pontons pour pouvoir débarquer ces algues » ou « l’acquisition de navires collecteurs ». Précisément : un captage – en mer – des sargasses, qui fut une fois de plus défendu par les maires concernés par ce fléau des échouages. Des édiles qui n’oublièrent pas de plaider également – et de nouveau – pour la reconnaissance de l’état de « catastrophe naturelle » pour les communes impactées par ce phénomène devenu, en certains lieux, non plus seulement récurrent mais faisant partie de l’existant au quotidien…

Mike Irasque

 

*DEAL : Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement.

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