C’est un calendrier chargé qui attend le ministre des Outre-mer pour cette visite aux Antilles. Chargé en rendez-vous mais également en thématiques sociales, économiques et politiques en Martinique. Après avoir annoncé un projet de loi dont l’objectif est de lutter contre la vie chère, Manuel Valls poursuit sa visite en Martinique, ce mardi.
Nommé depuis décembre dernier, Manuel Valls, ministre d’Etat aux Outre-mer effectue son premier déplacement dans ses nouvelles fonctions outre-Atlantique. Une visite au pas de course qui a débuté par Saint-Barthélemy puis la Guadeloupe. Le ministre enchaîne. Manuel Valls a atterri en Martinique lundi après-midi. Un bref entretien avec le président du conseil exécutif, Serge Letchimy. Pour le ministre des Outre-mer deux dossiers prioritaires sous le bras : le narcotrafic et la vie chère. Cette dernière thématique qui a fait trembler la Martinique en fin d’année dernière a fait l’objet d’un discours à la préfecture devant les acteurs du monde économique local.
Le ministre reconnaît que la situation de la vie chère s’est dégradée ces dernières années. Il évoque des écarts de prix entre la Martinique et l’Hexagone comme « inacceptables, révoltants, inexplicables. » Il poursuit : « L’accepterions-nous un seul instant s’il s’agissait d’un territoire de l’Hexagone ? »
Les exactions en marges des manifestations contre la vie chère ont impacté nombre d’entreprises. Selon les chiffres relevés par la CCIM, 97% des entreprises ont été impactées et 2557 salariés affectés. Le ministre n’est pas venu les mains vides. Une enveloppe de l’Etat d’un montant de 10 millions d’euros servira à aider les entreprises les plus touchées.
Cependant, c’est l’autre teneur du discours du ministre qui aura attiré l’attention. En effet, ce dernier invoquant la responsabilité de l’Etat, a annoncé un projet de loi pour lutter contre la vie chère pour « passer à la vitesse supérieure ». Il devrait être porté dans les semaines à venir. Manuel Valls affirme que ce projet de loi permettra une transformation économique du territoire. Selon le ministre, ce projet de loi s’articule autour de cinq notions. Concurrence, transparence, exigences, renaissance et bon sens.
« Le partage et la chaîne des valeurs en Outre-mer ne sont pas équitables. De gros groupes très performants jouent parfois le rôle d’étouffement de l’économie. Les Outre-mer sont asphyxiées. » Manuel Valls a expliqué vouloir mettre en première ligne de ce combat, l’Autorité de la concurrence et renforcer ses moyens. « Nous devons imposer la transparence pour les marges arrières. Toutes ne sont pas négatives mais l’opacité nourrit la défiance. » Il est également question d’une probable réforme de l’octroi de mer et d’une régulation des frais d’approche. Le projet de loi comportera un dispositif permettant de mettre en œuvre ce mécanisme.
« Sur l’intention, les éléments de langage et les positions que nous attendons de l’Etat français y sont », commente Alexandre Ventadour, conseiller territorial. Il reste prudent. Le protocole encore perfectible d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère « nécessite une forte intervention de l’Etat ». Il regrette le manque d’implication ferme mais « dans l’intention de sortir de cette économie de comptoir et redonner à la Martinique le moyen de ses ambitions et de sa prospérité endogène, c’est séduisant dans le discours. Il faut maintenant que ce soit accompagné d’actes. »
Laurianne Nomel