Y-aura-t-il une liaison aérienne directe* entre la Martinique et le Sénégal ? Si les acteurs-promoteurs de ce projet font valoir leur optimisme et volonté(s), ainsi que les potentialités existant des deux côtés de l’Atlantique, les étapes à franchir demeurent. Explications.

Entamées depuis 2019 (et probablement ralenties suite à l’irruption du Covid-19 dans nos vies), les discussions entre les opérateurs des deux pays en sont aujourd’hui au stade des étapes (« fondamentales ») qu’il reste à franchir : étape diplomatico-réglementaire, étape technique (quels types d’avions ? Pour quelles rotations ?) et, bien sûr, étape commerciale (que toutes les parties engagées dans ce projet y trouvent leurs comptes financièrement, si cette desserte aérienne voit le jour).

C’est en tout cas ce qui a été indiqué, en substance, lors d’une conférence de presse, le 16 mars dernier, de la délégation sénégalaise ayant récemment séjourné sous nos cieux. Pour dire les choses en termes simples, si la matérialisation concrète de cette ligne aérienne ne tenait qu’à l’expression d’un optimisme, de volontés partagées et à la mention de potentialités (de type gagnant-gagnant) pour les deux pays, hé bien cette desserte serait déjà avérée tant les acteurs-promoteurs – sénégalais et martiniquais – de ce projet, en parlent en termes gorgés de positivité et d’espoir(s).

Césaire et Senghor (MI)

« Une nécessité que l’Aéroport Martinique Aimé Césaire s’ouvre à de nouveaux horizons » 

Benedicte di Geronimo, présidente du CMT (MI)

En termes d’enjeux et d’objectifs les constats et ambitions sont clairs, notamment que l’Aéroport Martinique Aimé Césaire et l’Aéroport international Blaise Diagne de Dakar (inauguré il y a moins de 5 ans, à la quarantaine de destinations et aux 2,5 millions de visiteurs annuels) étendent leurs offres respectives vers de nouvelles dessertes. Pour les acteurs de la SAMAC (Société Aéroport Martinique Aimé Césaire), il s’agit donc de tenter de sortir (un peu ?) de notre grande « dépendance » au marché européen, essentiellement français ;  les connexions aériennes avec l’Amérique du Nord (USA et Canada) ayant connu des résultats que nous qualifierons de contrastés. Que faut-il en conclure (certes provisoirement) ? Que cette possible liaison aérienne directe relève, pour la direction de la SAMAC, d’une nécessité que l’Aéroport Martinique Aimé Césaire s’ouvre à de nouveaux horizons. Quant aux acteurs sénégalais (qu’ils soient du secteur touristique et de la « jeune et ambitieuse » compagnie Air Sénégal), il s’agit notamment de faire de cet Aéroport international Blaise Diagne (auquel sont associées de grandes ambitions par les dirigeants politiques sénégalais) un hub « tourné vers la Caraïbe ». Un hub dont la destination Martinique pourrait alors constituer la « porte d’entrée ».

« Une dimension culturelle aux accents de fraternité entre la Martinique et le Sénégal » 

Pape Mahawa Diouf (MI)

Directeur général de l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT), Pape Mahawa Diouf fut à la hauteur de la dénomination et vocation de la structure qu’il dirige tant il sut, avec un talent oratoire manifeste, vanter la diversité des atouts de la destination Sénégal. Qu’on en juge : « une terre d’accueil légendaire, de paix et de culture », « des infrastructures modernes », « une stabilité politique et économique », « une culture francophone et langue française communes », « un pays qui réinvente son tourisme, qui n’est plus essentiellement balnéaire mais aussi éco-responsable et d’affaires », etc. Tout ceci sans oublier des atouts d’ordre « culturel et mémoriel ». Une dimension culturelle aux accents de fraternité entre la Martinique et le Sénégal, eu égard notamment à la longue amitié et au partage intellectuel entre ces deux figures littéraires et politiques que furent Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, théoriciens, faut-il le rappeler, du mouvement de la Négritude. Des atouts culturels également réalités du fait de l’existence du Festival de Jazz de Saint-Louis ou de la Biennale de Dakar, pour l’art contemporain. Autant de possibles opportunités pour des artistes martiniquais.es.

« Un tourisme mémoriel qui est notamment le fait de touristes afro-étasuniens de plus en plus nombreux »

Destination Sénégal (MI)

Quant à la dimension mémorielle d’un voyage au Sénégal, elle fut déclinée, également par M. Diouf, via l’évocation de la douloureusement célèbre île de Gorée, située dans la baie de Dakar. Gorée, île-mémoire de la traite négrière. Un « tourisme mémoriel » qui, en outre, est déjà et notamment le fait de visiteurs afro-étasunien.ne.s de plus en plus nombreux, parfois tests ADN à l’appui, désireux.ses de retracer leur histoire personnelle depuis la terre originelle de leurs ancêtres. A l’issue de la conférence de presse du 16 mars, une convention partenariale a été signée entre l’ASPT et le Comité Martiniquais du Tourisme (CMT). Echanges, discussions (négociations ?) et visites de « terrain » devraient être poursuivis par les parties engagées dans cet ambitieux et intéressant objectif de liaison aérienne directe. A suivre ?

Mike Irasque

* A ce jour, une escale à Paris demeure nécessaire pour rallier la Martinique au Sénégal. Un vol direct serait d’une durée d’un peu plus de 05 heures (pour environ 4600 kilomètres de distance).   

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