Ecole régionale des beaux-arts, il y a trois décennies, Institut régional des arts visuels hier, Campus Caraïbéen des Arts (CCA) depuis trois ans, l’Ecole supérieure d’art de Martinique, créée en 1984 par Aimé Césaire, fête ses 30 ans. Un anniversaire s’offrant le luxe, et la coquetterie, de s’étaler jusqu’au mois de février 2015 : ateliers, séminaires, conférences et exposition fragmentée – « 30 ans, 30 artistes » – jalonneront ainsi les prochaines semaines.

Cependant on le sait, ces 30 ans n’ont jamais (ou en tout cas jamais très longtemps) été un « long fleuve tranquille ». Et, suite au récent conflit ayant opposé l’ancien directeur général du campus à l’ancienne présidente de l’établissement, c’est Daniel Robin qui fut appelé à la rescousse, devenant ainsi le président du CCA depuis huit mois.

Nous avons interrogé le dirigeant à l’issue de l’ouverture solennelle du trentenaire, sur le site historique du campus à l’Ermitage (Fort-de-France). Entre souci de cohérence et volonté de pragmatisme.

CCA3Daniel Robin : La première démarche a été de retrouver un peu de sérénité après les épisodes qui ont vraiment agité et perturbé le bon fonctionnement de l’école. Il y a une volonté de s’inscrire un peu en rupture par rapport à cette gouvernance bicéphale qui a été largement problématique.

Donc avec l’administrateur provisoire nous nous sommes évertués à rassurer, donner de la visibilité, restructurer ce qui méritait de l’être – car il y avait des dysfonctionnements criants – et surtout offrir, à la rentrée, une offre pédagogique revisitée. A l’occasion de cette rentrée nous avons ainsi présenté une offre pédagogique en deux dimensions.

D’abord un pôle ‘pré-bac’, avec deux cursus : la MANAA, qui est une classe de ‘mise à niveau en arts appliqués’, et une classe préparatoire à l’entrée aux écoles supérieures d’art. Ensuite nous avons un pôle ‘post-bac’, autour du LMD – licence, master, doctorat – pour avoir cette juste visibilité de façon à ce qu’on n’ait plus ces confusions dans l’offre ; confusions qui faisaient que finalement certains étudiants ne savaient pas réellement ce à quoi ils pouvaient prétendre au terme de leurs parcours.

cca2Et puis nous avons choisi de recentrer notre offre autour des arts visuels, qui constituent aujourd’hui le seul socle bénéficiaire d’une habilitation propre, dans la mesure où nous pouvons délivrer des diplômes – licence, master, doctorat. Les autres départements qui existaient nous en avons fait des options ou des mentions complémentaires, autour du cinéma, du théâtre, des arts vivants.

Est-ce que le « nouveau » site du Campus, à Chateauboeuf, continuera d’accueillir des étudiants ? Nous voulons nous recentrer sur ce site de l’Ermitage, d’abord pour des problèmes de coûts, de loyers très élevés, et d’autre part parce qu’il nous faut ‘faire campus’. Un campus a besoin de faire corps et de se retrouver autour d’une entité unique en termes de localisation.

Outre les arts visuels, quels sont les autres champs sur lesquels vous allez travailler en termes de finalité diplômante ? La musique, le cinéma, les arts vivants, l’art design, etc. Mais regardons là où nous avons la possibilité d’être performants. Nous devons nous inscrire dans des éléments de différenciation et de complémentarité. Nous n’avons pas non plus vocation à être omniprésents dans le champ des arts ; il faut donc faire des choix stratégiques par rapport à l’efficacité recherchée, et surtout par rapport aux capacités d’insertion professionnelle. Pour la musique par exemple, il nous semble utile d’avancer pour obtenir une habilitation. Nous devons donc contractualiser avec l’Etat (le ministère de la culture, tutelle pédagogique du Campus, ndr), c’est-à-dire répondre à des référentiels, etc. C’est un processus assez long, très rigoureux ; nous devons être en apport sur les contenus, mais ne pas déroger sur le cadre.

Pour finir, qu’en est-il de l’« équilibre budgétaire » recherché depuis ces derniers mois ? 2014 est une année budgétairement difficile, parce que nous étions entre deux exercices : celui qui avait été engagé par l’ancienne équipe, et ce que je proposerai au conseil d’administration pour 2015. Nous aurons une masse budgétaire en très nette diminution, car nous avons fait des choix qui vont impacter un certain nombre de coûts,, et surtout car nous n’aurions pas la possibilité de nous inscrire, avec notre principal bailleur qu’est la Région, dans des financements récurrents. Nous voulons prouver notre capacité de rigueur budgétaire dans la gestion, et contracter notre budget pour répondre à cette offre pédagogique revisitée, qui nous autorise à nous inscrire dans la pérennité. Nous avons des économies, à hauteur d’un million d’euros, qui seront faites pour 2015. Propos recueillis par Mike Irasque/Antilla/27Nov2014

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