Après l’interpellation et les critiques publiques faites par Alfred Marie-Jeanne à Jean-Philippe Nilor, lors du « Gran sanblé » du 26 octobre, nombre de militants du MIM se demandaient probablement si le « dauphin » du leader historique allait être présent à la réunion mensuelle du parti, vendredi dernier. Le député du sud est venu… Restitution. « Pèsonn pa piéjé mwen… ». Le débat suit donc  son cours…

VOICI LE REPORTAGE DE MIKE IRASQUE (Antilla 1641)

Mim-DMS

Indiquant qu’un lumbago le faisait souffrir, Jean-Philippe Nilor ne manqua pas d’humour en début d’intervention. « Man di kò mwen, ‘mésié… ga la sa ka rivé mwen », dit-il en souriant, « si man pa ka vini en réunion oswè-a, man sur kéy ni au moins an malpalan parmi zòt (éclats de rires de l’auditoire) ki kéy di ‘Nilor sav sa i ka fè-a, i pa vini’. »

Derrière l’autodérision, un clair renvoi à l’interpellation du 26 octobre dernier. Puis, donnant une tonalité nettement moins amusée à son propos, le député du sud revint sur une affirmation devenue presque célèbre depuis ce Gran sanblé : ‘Oui, on t’a piégé !’.

« Man ka tchenn a di an bagay », affirma-t-il d’un ton grave, « pèsonn pa piéjé mwen ; man pa piéjé pèsonn. » Une réfutation de la sentence d’Alfred Marie-Jeanne qui sembla, par ses accents quasi solennels, très importante pour Jean-Philippe Nilor. Et de poursuivre : « Nou en certain nombre ka goumen pour que nou ni an étchip soudée, une équipe la plus large possible. Et si nou ni des différences de point de vue, sé pétèt anlè sa. »

Peut-être, en effet… Décrivant, sans la nommer, l’alliance Ensemble pour une Martinique Nouvelle telle un « bloc », Jean-Philippe Nilor argua en outre que le MIM et ses alliés devaient, eux aussi, constituer un bloc.

« Et pour avoir la meilleure équipe possible, man pa kay kité piès joueur ki kapab fè mwen genyen match-la asou koté », lança-t-il avec assurance – un joueur de la Samaritaine ? « C’est le point de vue que je défends », ajouta le parlementaire, « mais est-ce que pour autant sa lé di man mérité brilé ? Est-ce que pour autant sa lé di man sé an trèt ? ». Le caractère hautement imagé et explicite des mots choisis donne à penser que l’interpellation du Gran sanblé – et peut-être des accusations dont nous n’avons pas connaissance – ont laissé des « traces » en Jean-Philippe Nilor.

Et l’orateur, comme le 26 octobre, de faire alors part de son rêve… « Man pa sav si rèv-tala ké réalizé » « Man ka révé ke nou kéy antéré la hache de guerre », débuta-t-il, « et que nou ni anlè an mèm liss Alfred Marie-Jeanne, Bruno Nestor Azérot, Francis Carole, Claude Lise, Marcellin Nadeau, etc. » Applaudissements de l’auditoire ; visage de sphinx d’Alfred Marie-Jeanne, tête baissée, prenant des notes… « Man pa sav si rèv-tala ké réalizé », poursuivit Jean-Philippe Nilor, « mais on ne doit pas se priver de l’opportunité d’aller jusqu’au bout de ses rêves. » Culotté, provocateur ou droit dans ses bottes ? Tout cela et plus encore ? A vous d’en juger.

Evoquant la souffrance sociale accablant une part de notre population, Jean-Philippe Nilor fit alors de l’« égo » des hommes, l’adversaire d’un pragmatisme unitaire et conquérant. « C’est au nom de cette souffrance que man ka di ke fòk chak moun-lan mété ti-bren égo atè ; épi ke nou ni l’esprit d’équipe. » Enfin, continuant de filer la métaphore sportive le député du sud évoqua même son absence éventuelle de la liste « MIM et alliés ». « Si man à la tribune, c’est pas grave », assura-t-il, « man kéy soutchenn étchip-la jusqu’au bout. Sa man lé, c’est que l’équipe de la Martinique genyen konba-tala ! ». « Nou ka soutchenn ou dans le Sud ! » Après avoir habilement indiqué que Claude Lise et un certain Bruno Nestor Azérot lui avaient à l’époque demandé d’être candidat à l’élection de la future CTM, le leader du MIM s’adressa à Jean-Philippe Nilor. « Nou ka alé au combat, sé ou nou ka soutchenn dans le sud », lui dit Alfred Marie-Jeanne, « si ou pa lé ou ka di mwen ; mé dapré mwen nou dakò : ou ka alé dans le sud et nou ka soutchenn ou ! ». Et les applaudissements de crépiter.

Une façon pour le patron du MIM de « verrouiller » Jean-Philippe Nilor – devant militants et médias – dans une loyauté au parti qu’il venait de ré-exprimer publiquement ? Il nous semble autorisé de le supposer. « Il n’y a pas de confusion chez moi, il n’y a pas de rejet chez moi ! », s’exclama Alfred Marie-Jeanne, avant de lancer une affirmation qui, de prime abord, parut surprenante. « Si Bruno Nestor Azérot désidé ke i ka vini, tant mieux ! », assura en effet l’orateur, « mé si i pa ka vini épi nou sa man pé fè ? Man pa ka atann désizion’y pou man mennen konba. » Eu égard à la déception exprimée il y a peu par Alfred Marie-Jeanne au sujet du député du nord, cette assurance que « la porte reste néanmoins ouverte » a comme des accents de conviction, chez le leader du Mouvement indépendantiste, que Bruno Nestor Azérot ne fera pas partie de l’équipe « MIM et alliés »… Mike Irasque

 

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version