Il est surprenant de constater une énième fois l’aveuglement et la surdité du Gouvernement français face à ce qui se joue actuellement en Nouvelle-Calédonie.

La France, héritière d’un lourd passé colonial a expérimenté de nombreuses décolonisations, souvent au prix du sang, des larmes et des armes. N’est-il pas venu le temps de regarder les choses en face et de sortir de la logique du statu quo Vs l’indépendance ?

Le vote de la loi sur l’élargissement du corps électoral hier soir à l’Assemblée nationale par 350 députés dénote, a minima, une méconnaissance et au pire le mépris affiché pour les réalités historiques, culturelles, politiques, économiques et sociales de ce territoire, il est vrai à 20 000 km de la France encore métropolitaine. Depuis le maintien du scrutin (troisième référendum) à la date du 12 décembre 2021, et aujourd’hui la provocation de l’élargissement du corps électoral, les dés sont pipés et le Gouvernement s’est trouvé un nouveau bourbier où s’enliser. Sauf à croire que cette politique du « grand remplacement » est faite à dessein.

L’esprit de compromis, de sagesse et de lucidité des accords Matignon en 1988, et de Nouméa en 1998, s’est volatilisé au nom de la satisfaction des intérêts d’une partie de la population et du Gouvernement, notamment pour satisfaire et séduire une extrême droite conquérante. C’est aussi une conception « performiste » de la politique qui s’exprime ici, au détriment du dialogue, du temps et de la confiance.

Or nous le savons bien, rien ne peut se construire sur la violence, d’où qu’elle vienne, sur la précipitation, sur le reniement de la parole donnée. Le peuple français et le peuple kanak ne se reconnaissent pas dans ses pratiques d’un autre âge et aspirent à des relations fondées sur la reconnaissance des droits de l’homme, de la dignité et du respect des engagements.

J’exhorte le Président de la République et le Gouvernement à retrouver la voie du dialogue, dans un esprit de conciliation et de respect des engagements pris lors des accords de Matignon et de Nouméa.

D’autres voies responsables sont possibles.

Elle passe par la volonté politique, mais aussi par l’invention de nouveaux rapports entre une France, libérée des oripeaux du colonialisme, et la population calédonienne désireuse d’avancer dans la paix et la construction pour un avenir plus serein.

« Je refuse de satisfaire une ambition au prix de la vie ou du sang versé »

Aimé CESAIRE

Johnny HAJJAR

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