Les indépendantistes ont provoqué cette élection pour s’opposer au projet de cession de l’usine de nickel du groupe brésilien Vale. THEO ROUBY

Les indépendantistes prennent la tête du gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie pour la première fois depuis l’accord de Nouméa de 1998, et avant un troisième référendum sur l’indépendance prévu d’ici 2022.

Le 17 février 2021 à 08h54

Les indépendantistes ont remporté ce mercredi la majorité au gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie avec six membres sur onze. C’est la première fois depuis le début de l’accord de Nouméa (1998). Cette élection d’un nouveau gouvernement par les 54 élus du Congrès (assemblée délibérante), intervenait après la chute le 2 février du précédent exécutif à majorité loyaliste.

Les indépendantistes sont parvenus à remporter l’élection grâce à une alliance avec un petit parti charnière, l’Eveil océanien (EO), dont les trois élus ont voté pour la liste Union Calédonienne-FLNKS. L’autre liste nationaliste, celle de l’Union nationale pour l’indépendance-FLNKS (UNI-FLNKS) a également obtenu trois membres du gouvernement. En face, les non indépendantistes étaient répartis sur deux listes. Celle de la coalition majoritaire dont était issu le président sortant, l’Avenir en Confiance (AEC), a décroché quatre portefeuilles et Calédonie ensemble, parti de centre droit, en obtient un seul.

Convoqués par le haut-commissaire de la République, les 11 membres du gouvernement doivent se retrouver en fin de journée pour élire en son sein un président et un vice-président.

Samuel Hnepeune est favori pour prendre la présidence. Ce Kanak de 59 ans, jusqu’alors président du Medef et directeur de la compagnie aérienne domestique, Aircal est réputé « travailleur et ouvert », Samuel Hnepeune a, selon les observateurs, été choisi pour « ses compétences et sa capacité à rassurer » alors qu’un troisième et ultime référendum sur l’indépendance devrait avoir lieu d’ici 2022. Le 4 octobre dernier, les pro Français ont remporté d’une courte tête (53,3 %) le deuxième scrutin référendaire.

L’enjeu du nickel

Le 2 février, les cinq membres FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) du gouvernement ont démissionné, ce qui a entraîné de facto la chute de l’exécutif, qui était présidé depuis juin 2019 par le loyaliste Thierry Santa. Ils avaient mis en cause « la dynamique institutionnelle en panne, les retards du budget et les difficultés de la collégialité » mais surtout le projet de cession de l’usine de nickel du groupe brésilien Vale qui selon eux faisait « primer les intérêts des multinationales sans considération des aspirations des populations locales ». En faisant chuter le gouvernement, le FLNKS voulait s’opposer à la reprise de cet outil industriel.

L’exploitation du nickel, indispensable à la fabrication d’acier inoxydable, est le poumon économique de la Nouvelle-Calédonie, qui détient 25 % des ressources mondiales. Le territoire compte trois usines : l’usine Doniambo de la SLN (2150 emplois), filiale du groupe minier français Eramet à Nouméa ; l’usine KNS (Koniambo Nickel SAS) à Koniambo dans le Nord, dont la province est dirigée par les indépendantistes, qui détient 51 % des parts et l’usine Vale à Goro, dans le Sud (3000 salariés directs et indirects), dont le projet a fait chuter le gouvernement. Sauf que ces usines qui sont concurrencées par des pays à bas coûts ne sont plus rentables. L’enjeu des indépendantistes sera donc de trouver des solutions pour remettre en marche cette activité.

 

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