“L’avenir des Outre-mer dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement et des élus locaux à travailler de concert pour apporter des solutions durables aux problématiques récurrentes : vie chère, crise de l’eau, emploi et infrastructures.”
L’actualité des Outre-mer continue d’être marquée par des tensions économiques et sociales importantes. Entre prolongation des aides gouvernementales en Nouvelle-Calédonie, bataille contre la vie chère en Martinique et sabotages sur le réseau d’eau en Guadeloupe, les enjeux restent majeurs pour ces territoires confrontés à des crises multiples.
Martinique : transparence et lutte contre la vie chère en ligne de mire
Le gouvernement a saisi l’Autorité de la concurrence pour examiner les marges des importateurs-grossistes et des distributeurs en Martinique. Cette décision fait suite à la signature du protocole de lutte contre la vie chère en octobre 2024. L’objectif : analyser la formation des prix et proposer des solutions pour renforcer la transparence dans la grande distribution alimentaire locale.
De son côté, le Sénat a examiné une nouvelle proposition de loi portée par le sénateur Victorin Lurel pour renforcer le contrôle des pratiques économiques et commerciales en Outre-mer. Initialement jugé trop contraignant par plusieurs acteurs économiques, le texte a été remanié pour trouver un équilibre entre transparence et protection du secret des affaires. (A venir très bientôt un dossier sur ce sujet sur Antilla)
Guyane : un retour du débat sur l’exploitation pétrolière ?
Alors que plusieurs pays d’Amérique du Sud profitent d’une croissance économique grâce à l’exploitation de leurs ressources pétrolières, la Guyane reste en marge. En cause, l’interdiction française sur les nouveaux projets d’hydrocarbures pour des raisons environnementales. Pourtant, l’ensemble des élus guyanais, qu’ils soient de droite ou de gauche, plaident pour une exception afin de permettre le développement économique du territoire.
Au sein du gouvernement, la question divise. D’un côté, les partisans d’une transition écologique stricte. De l’autre, ceux qui considèrent qu’une exploitation encadrée pourrait offrir un levier économique puissant à la Guyane.
Nouvelle-Calédonie : un soutien économique prolongé mais insuffisant ?
En déplacement en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a annoncé la prolongation du dispositif de soutien à l’activité partielle jusqu’au 30 juin 2025. Cette mesure vise à amortir l’impact économique des troubles sociaux et des difficultés économiques qui frappent l’archipel depuis plusieurs mois. Cependant, les organisations économiques locales, réunies sous la bannière de NC ECO, alertent sur la nécessité d’un véritable plan d’urgence pour sauver les entreprises calédoniennes.
Dans un communiqué de presse, elles demandent notamment que la défiscalisation inscrite dans la loi de finances pour 2025 puisse s’appliquer aux propriétaires de bâtiments sinistrés lors des émeutes et aux nouveaux acquéreurs qui souhaitent réhabiliter ces structures endommagées. La FEDOM (Fédération des Entreprises d’Outre-mer) a d’ailleurs interpellé la ministre chargée des Comptes publics pour obtenir des précisions sur ces dispositifs.
Guadeloupe : sabotages en série sur le réseau d’eau
La crise de l’eau en Guadeloupe prend un tour alarmant. De nouveaux actes de sabotage sur le réseau de distribution ont entraîné d’importantes perturbations, impactant jusqu’à 40 000 personnes. Face à cette situation, la préfecture a activé le Centre Opérationnel Départemental (COD) pour gérer l’urgence.
Les organisations économiques locales, telles que l’UDE-MEDEF Guadeloupe et la CPME, dénoncent ces actes qui affectent directement les entreprises et les particuliers. Elles appellent à une pacification des débats sociaux et à une prise de responsabilité collective pour assurer un approvisionnement stable en eau potable.
Mayotte : crise sociale et blocage des aides humanitaires
À Mayotte, la situation humanitaire se dégrade après la suspension des distributions d’eau et de denrées alimentaires par plusieurs maires, soupçonnés de détournements de fonds. Cette décision a suscité une vive réaction du sénateur Saïd Omar Oili, qui a interpellé le gouvernement sur la nécessité d’un plan d’action urgent.
Dans le même temps, le Conseil Départemental de Mayotte a annoncé une aide exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 50 000 euros par projet pour aider les entreprises sinistrées par le cyclone Chido. Une mesure nécessaire mais qui ne résout pas les difficultés structurelles du territoire.