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La mairie actuelle. L’ancienne mairie dont il ne reste que les grilles avait été détruite par un cyclone, elle était en bois à étage

On a pu constater ces dernières années de nombreuses démolitions de cases dans le bourg du Vauclin, parfois remplacées par des immeubles en béton… De fait, plusieurs personnes interrogées dans le bourg disent qu’ « il n’y a pas beaucoup de patrimoine sur la commune, mis à part la citerne » (dixit une secrétaire de mairie). La maison Gold-Dalg et les quelques anciennes habitations sucrerie sont aussi considérées comme « du patrimoine » parce qu’elles sont anciennes et en pierres.  Et il n’y a pas de service patrimoine au Vauclin bien que la commune fasse partie d’une étude d’observation sur les centres-bourgs. Cependant, une prise de conscience semble en cours, peut-être juste avant que les trésors du bourg ne soient totalement dégradés. Nous avons rencontré Priscilla Borne, chargée de mission à la planification et à l’aménagement du territoire au sein du service urbanisme.

Antilla : Les vauclinois ont-ils conscience de la richesse de leur patrimoine bâti, des cases en particulier ?

Priscilla Borne : Oui, aujourd’hui beaucoup plus qu’hier. D’autant plus que la commune est devenue territoire d’accueil d’une étude menée par l’ADUAM (L’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement de Martinique), qui a un rôle d’observatoire des centralités (essentiellement les centres-bourgs). Deux autres communes, Sainte-Luce et Trinité font partie de ce programme « plan guide de revitalisation du centre bourg ». Ce contexte nous a permis de prendre davantage conscience de la valeur de notre patrimoine. On s’est aperçu que le nouveau bâti, tel qu’il est conçu ne convenait souvent pas à l’ensemble architectural et qu’il y a une nécessité à préserver la singularité du Vauclin. Jusqu’à présent, comme toutes les communes, nous avons appliqué la loi d’urbanisme qui voulait qu’on utilise moins d’espaces naturels et qu’on densifie l’habitat, ce qui a permis de monter des étages. C’était la seule option car les parcelles au Vauclin sont petites la plupart du temps. Et puis, on doit aussi remplir l’objectif du logement social tout en garantissant la qualité du cadre de vie. Mais actuellement le PLU est en révision, il date de 2013 et nous sommes au début de l’étude de revitalisation. Nous avons déjà fait deux ateliers, des visites du bourg participatives avec des échanges de points de vue avec la population, nous avons parlé de l’histoire des rues… Nous améliorerons sans doute nos dispositifs en tenant compte bien sûr des contraintes nouvelles.

A : Nous avons vu beaucoup de biens en vente, quel est ce phénomène ?

PB : Le Vauclin a été confronté au problème de nombreuses indivisions, ce qui explique l’immobilisme du bourg pendant des années. Depuis la loi dite « Letchimy » qui a assouplit les règles de l’indivision, beaucoup de propriétaires ont mis leurs biens en vente. Et puis, les petits bâtis du  centre-bourg ne correspondent plus au mode de vie actuel pour beaucoup de gens… L’évolution sociale a fait que le concept de la case n’est pas conforme aux critères de beau et de valeur. La case mérite pourtant d’être valorisée.

Maison Gold-Dalg, fin des années 1920, l’une des rares maisons bourgeoises du bourg, construite par un riche propriétaire terrien.

A : Nous avons constaté que de nombreuses cases ou maisons anciennes sont écrasées plutôt que d’être restaurées.

PB : Si la structure de la case est atteinte, elle est forcément détruite et on reconstruit sur la parcelle. Il nous est arrivé de devoir engager des procédures d’abandon manifeste sur les bâtis qui menaçaient de s’écrouler, pour bouger les propriétaires.

Nous avons l’objectif de redynamiser le centre-bourg en respectant son identité.

« Celui qui dit que la case est misère, que la case est débris de survie, se trompe. A celui-là, il faut dire : toute case est comme une intention opposée aux déveines. Toute case est force et volonté. Qui n’a plus de courage, ni d’intention ni une claire volonté, ne peut lever sa case. Il devient chien et prend les bois (ou bien la mer) pour grand chemin. La case est donc affaire d’hommes à graines et de femmes châtaignes. En verticale et fil à plomb. C’est le signe d’un combat. » (1)

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