Le rapport Sauvé, réalisé avec l’Inserm, dévoile non seulement le nombre de victimes dans l’Église, mais aussi dans la société française. Les chiffres sont glaçants.

Par Marie Terrier

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RIDVAN_CELIK VIA GETTY IMAGES

5,4 millions de mineurs auraient été victimes de pédocriminalité entre 1950 et 2020, selon le rapport Sauvé publié le 

PÉDOCRIMINALITÉ – C’est un autre chiffre glaçant révélé dans le rapport Sauvé dévoilé ce mardi 5 octobre: 5,4 millions de personnes auraient été agressées quand elles étaient mineures en France depuis les années 1950.

Plus précisément, 3,9 millions de femmes et 1,5 million d’hommes auraient été victimes de tels actes entre 1950 et 2020, principalement dans le cadre familial, selon l’enquête réalisée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) dans le cadre de Commission indépendante sur les abus dans l’Église. Elle a été menée auprès de 28.000 personnes représentatives de la société française. 

Si l’enquête visait à quantifier les abus dans la sphère catholique -216.000 mineurs agressés par des hommes d’Église et plus de 300.000 si l’on ajoute les agressions commises par des laïcs-, ils représentent 4% du total des agressions commises en France. Car c’est une démarche bien plus large qui a été engagée et qui révèle l’ampleur de la pédocriminalité en France. 

Des estimations a minima

“D’après nos résultats, 14,5% des femmes et 6,4% des hommes âgés de plus de 18 ans aujourd’hui ont été confrontés à des violences sexuelles quand elles et ils étaient mineurs, qu’il s’agisse d’attouchements sexuels, de tentatives ou de rapports forcés ou d’autres actes sexuels réalisés sans le consentement de la personne”, écrivent les auteurs dans la conclusion.

Plus terrible encore, “les estimations proposées n’en restent pas moins des estimations minima, non seulement parce que nombre de personnes ne peuvent ou ne souhaitent pas évoquer de tels événements dans le cadre d’une enquête”. 

Malgré tout, dans le sillage du mouvement #Metoo, les témoignages dénonçant la pédocriminalité se sont multipliés et ont contribué à mettre en lumière les abus sexuels sur mineurs. C’est le cas des accusations contre l’écrivain Gabriel Matzneff qui a fait l’apologie de ce délit, ou encore de Camille Kouchner contre son beau-père Olivier Duhamel par exemple.

Ainsi, si pour les auteurs du rapport, “force est de constater que (l’ampleur du phénomène) a été largement occultée par les pouvoirs publics”, les révélations de ce rapport et les témoignages des nombreuses victimes parviendront peut-être à changer la donne.

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