Il y a 100 ans René Maran recevait le prix Goncourt

René Maran, le premier Goncourt noir

A l’occasion du centenaire dun prix Goncourt de René Maran, Albin Michel réédite Batoula, France télévisions lui consacre un documentaire.

Le 14 décembre 1921, l’académie Goncourt plaçait au coude à coude L’Épithalame de Jacques Chardonne et Batouala de René Maran. La voix du président du jury compte double et il a choisi Maran, faisant de cet inconnu le lauréat du prix Goncourt. Non seulement, il est inconnu, mais il est absent puisque retenu à son poste d’administrateur colonial en Oubangui-Chari (aujourd’hui le Tchad) et en plus il est Guyanais. « C’est la première fois que les Noirs jouent et gagnent », écrit le Petit-Parisien. Voilà la polémique lancée…Ainsi démarre le film de Fabrice Gardel et Matthieu Weschler, intitulé René Maran, le premier Goncourt noir que diffuse France Télévision à l’occasion du centenaire de ce roman et de son prix. Pour narrer l’histoire ce Guyanais né le 5 novembre 1887 à Fort-de-France (où son père est administrateur colonial), les réalisateurs sont allés chercher une compatriote de l’écrivain en la personne de la comédienne Stana Roumillac. Le petit René a quitté très tôt la Martinique pour suivre son père en Afrique équatoriale française où il va rester jusqu’à l’âge de 7 ans. Puis, c’est le pensionnat à Bordeaux et le petit lycée de Talence. On l’appelle Boule de suif, Chocolat, Café au lait, Boule neige. « J’en lançais, j’en recevais », donne à entendre la voix de celui qui va vite tomber amoureux des mots. Il ne voit ses parents qu’une fois tous les deux ans et c’est un prof de latin qui va lui donner le goût d’écrire. « J’étais un implanté souffrant d’exil intérieur »… Au lycée Montaigne à Paris, il rencontre le jeune Félix Eboué avec lequel il jouera la finale 1905 du championnat de France de rugby. A 20 ans, il publie son premier recueil de poèmes et se lie avec le déjà écrivain Manoel Gahisto. Deux ans plus tard, le voilà fonctionnaire colonial à Fort-Archambault, aujourd’hui Sahr au sud du Tchad. Il y découvre, effaré, le comportement du colon blanc : alcool, sexe, déchéance et domination. Un comportement qu’il ne juge « pas à la hauteur de la France », selon Françoise Simasotchi-Brones, universitaire consultante dans le film comme Romuald Fonkoua et Daniel Maximin qui éclairent les questionnements de René Maran, « ce Noir représentant le pouvoir colonial ».

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