À droite comme à gauche, les candidats à la présidentielle ouvrent les vannes financièrement pour attirer l’attention d’un électorat qui reste, en partie, encore à conquérir.

Par Pierre Tremblay

Illustration: JEFF PACHOUD VIA AFP

Des jeunes militants lors d’un meeting de Benoît Hamon, à Villeurbanne, le 11 avril 2017.

POLITIQUE – 800, 900, 1000 euros par mois! Qui dit mieux? À l’approche de la présidentielle, les propositions d’aide financière sous toutes les formes (revenu minimum, prêt de l’État…) fusent à l’attention des plus jeunes électeurs, confrontés à une profonde torpeur économique et sociale liée à la pandémie de Covid-19.

Depuis deux ans, les files interminables d’étudiants devant les distributions de colis alimentaires ou encore la hausse du chômage chez les tranches d’âges des plus jeunes ont mis en lumière une génération en proie à la précarité. 

Après les mesures ponctuelles mises en place par le gouvernement depuis deux ans (chèque psy, ticket restaurant universitaire à 1 euro, etc.), le contexte présidentiel et sa course à toutes les tranches de l’électorat, à commencer par une jeunesse abstentionniste et indécise, ouvre la voie à des propositions beaucoup plus ambitieuses. Petit florilège.

Le revenu universel proposé à gauche et par les jeunes avec Macron

Le revenu minimum (ou universel), que bien des candidats auraient qualifié d’utopique il y a quelques années, est devenu une idée banale dans les programmes à gauche. Christiane Taubira propose un revenu s’élevant à 800 euros par mois pendant cinq ans, sans condition de revenu familial. “Il faut que nos jeunes puissent faire des études, parce qu’ils sont notre avenir. Or, aujourd’hui, 46% des jeunes sont obligés de travailler pendant leurs études”, justifiait-elle,lors de son lancement de campagne à Lyon, le 15 janvier.

Pour Anne Hidalgo, il s’agirait d’un “minimum jeunesse” de 564 euros par mois (un montant similaire à celui du RSA) qui serait versé à tous les jeunes de 18 ans et plus, sous conditions de ressources. Même les Jeunes avec Macron (JAM), l’aile jeunesse de La République en marche (LREM), voudraient instaurer une “garantie étudiante”, dont le montant serait fixé selon “la situation spécifique” de l’étudiant et la ville où il étudie.

De son côté, Jean-Luc Mélenchongrimpe jusqu’à 1063 euros mensuellement pour son “allocation d’autonomie” à destination des étudiants à la faculté et en lycée professionnel, mais la proposition n’est pas nouvelle pour le candidat. Il incluait la même idée à hauteur de 800€ par mois dans son programme de 2017. Enfin, chez les Verts, qui défendent aussi ce type de dispositif depuis longtemps, Yannick Jadot suggère un “revenu citoyen automatique”, à partir de 660 euros dès 18 ans.

À droite, une banque nationale des jeunes

Si la droite et l’extrême droite n’ont pas franchi le pas du revenu minimum, leur programme rivalise aussi de mesures chocs pour attirer les jeunes électeurs. Marine Le Penveut exonérer les moins de 30 ans de l’impôt sur les revenus, une mesure qu’elle chiffre à deux milliards d’euros par an. Valérie Pécresse souhaite créer une “banque nationale des jeunes” pour aider ces derniers à “financer leurs études ou créer leur entreprise”.

Parmi les autres mesures, les Jeunes avec Macron souhaitent aussi que leur (presque) candidat “donne un héritage à ceux qui n’en ont pas”, à savoir une somme d’un maximum de 50 000€ pour un projet (immobilier, études, etc.). Celle-ci serait “prêtée par l’État et remboursée une fois un certain niveau de revenu atteint”. En plus de son “minimum jeunesse”, la maire de Paris veut offrir une “dotation” de 5000 euros à tous les jeunes de 18 ans, sans condition de ressources. 

Alors, course à l’échalote ou propositions sérieuses? Quoi qu’il en soit, mettre le paquet pour la jeunesse est logique d’un point de vue électoral. Mi-janvier, un sondage Opinionway publié par Ouest-France révélait un électorat “indécis”, qui reste largement à convaincre. “Seuls 54 % des sondés (18-30 ans) déclarent se reconnaître dans les idées défendues par un ou une candidat(e). 41 % estiment que leurs idées ne sont qu’en partie représentées par un ou une candidat(e) contre 13 % de leurs aînés”, détaillait l’enquête d’opinion.

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Pierre Tremblay

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