Propos d’Alfred MARIE-JEANNE, Président de la Collectivité Territoriale de Martinique Réunion d’information et d’échanges de la CTM
avec les maires et les Présidents des EPCI
Lundi 20 Avril 2020
Monsieur le Président de l’Assemblée,
Messieurs les Présidents de Cap Nord, de la CACEM et d’Espace Sud Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les Conseillers Exécutifs,
Mesdames et Messieurs les Présidentes et de Présidents de Commissions de l’Assemblée,
Mesdames et Messieurs Collaboratrices et Collaborateurs,
Remerciements sincères à tout un chacun d’avoir répondu à mon invitation à cette réunion d’information et d’échanges sur les mesures d’urgence mises en place par la CTM et la phase de reconstruction.
Les élus sont mobilisés en première ligne sur le front de cette crise sans précédent qui menace l’existence humaine: la population martiniquaise comme d’autres, en subit déjà le lourd tribut.
N’oublions pas aussi tous celles et ceux qui, au quotidien, se dévouent pour protéger, rassurer notre population qu’il s’agisse des personnels soignants, du secteur médico-social, des personnels des administrations, des entreprises privées ou encore des bénévoles qui maintiennent des services indispensables durant cette période de confinement.

Je salue aussi toutes les initiatives citoyennes prises pour surmonter cette épreuve.
Mesdames et Messieurs les élus,
Les données de cette pandémie évoluent constamment, vous le savez. Ses caractéristiques et effets sont loin d’être connus et maitrisés.
Le confinement comme première mesure de sauvegarde collective est prolongé jusqu’au 11 mai 2020.
L’angoisse, l’inquiétude, l’épuisement gagnent les familles.
L’activité économique est au ralenti et bon nombre d’entreprises auront du mal à se relever avec les conséquences néfastes sur le maintien des emplois et sur la précarité des plus démunis.
La CTM ne négligera aucun des secteurs de son champ compétence et recherchera les voies et moyens de passer ce cap difficile : j’ai annoncé d’ores et déjà, qu’une enveloppe de 60 à 70 millions d’euros sera mobilisée en faisant appel notamment aux ressources de la Collectivité, et aux possibilités des fonds européens dans le cadre de l’assouplissement négocié avec l’Union Européenne.
Plus globalement notre budget 2020 sera réorienté pour dégager de nouvelles marges de manœuvre sur les priorités d’intervention induites par cette crise.
Cependant, nous devons tous être très attentifs aux conséquences déjà perceptibles et extrêmement dommageables de la crise sur nos recettes comme celles sur l’octroi de mer, sur la taxe sur les carburants ou encore sur les recettes liées à la dynamique économique. C’est pourquoi j’ai sensibilisé le gouvernement dans le cadre des travaux en cours au sein de l’Association des Régions de France.

Les principaux dispositifs dans le domaine économique et social seront exposés par la conseillère exécutive Marinette Torpille et le conseiller exécutif Francis Carole. Leur présentation devra être l’occasion d’échanges que j’espère fructueux pour mieux coordonner et compléter nos actions. Nous devrons aussi échanger sur la question du déconfinement et du plan de reconstruction.
Mesdames et Messieurs les élus,
J’ai considéré qu’il était impératif de vous rencontrer afin d’ouvrir un espace de dialogue le plus large possible, sans exclusive, avec ceux qui qui ont les compétences et les moyens d’agir pour la prévention, la sécurité et le développement.
J’ai souhaité également que le président de l’Assemblée de Martinique, Claude LISE ainsi que les présidents de commissions plus particulièrement concernés par les sujets abordés y participent.
Cette démarche est dans la continuité de la rencontre que j’ai initiée avec les représentants des milieux économiques et des chambres consulaires le 25 mars dernier et de l’objectif de concertation que je me suis fixé.
Je n’ai pas fait le choix d’un modèle imposé ni d’ajouter à la multiplication des structures dans un souci opérationnel : ce temps de rendez-vous pourra donc déboucher sur l’organisation de travaux sur les diverses thématiques que nous évoquerons.
Ma seule préoccupation aujourd’hui est donc de vous permettre élus martiniquais, maires ou présidents d’EPCI, de dialoguer avec la CTM de sorte que celle-ci soit à votre écoute, dans la traduction de ses interventions.
La CTM travaille déjà avec vous dans maints domaines, ce partenariat est encore plus nécessaire dans ces circonstances exceptionnelles.
Mesdames et Messieurs les élus,
Notre responsabilité est donc autant individuelle que collective dans les choix et les orientations présents et à venir
Cette responsabilité s’inscrit aussi dans la durée, car cette crise majeure met à mal les fondements d’un modèle de développement inadapté et donc à refonder.
Merci pour votre engagement solidaire Mèsi an pil, Mèsi an Chay

Plan de reconstruction
Nous arrivons à un point essentiel de notre ordre du jour, celui du Plan de reconstruction.
Chers élu (es), Chers compatriotes
Comme partout ailleurs, la Martinique est touchée par une crise sanitaire inédite, doublée d’une crise économique et sociale.
Il n’est pas trop tôt pour se prononcer sur l’ampleur de la crise, il n’y a pas de doute qu’elle va particulièrement impacter la Martinique. Nous en ressentons déjà les premiers effets négatifs :
 Une chute de l’activité économique
 L’accroissement du chômage voire une paupérisation
 Une pénurie d’approvisionnement en maints secteurs essentiels.

Cette crise intervient au moment où la croissance économique, selon tous les derniers indicateurs (que ce soit l’équilibre commercial, le niveau d’investissement, la consommation…), connaissait un rebond, ces dernières années.
La Martinique reste très vulnérable à la crise, compte tenu notamment de la faible structuration de son tissu économique et la fragilité de ses entreprises, une production et une consommation déconnectées du terrain, des fractures économiques et sociales qui restent prégnantes, l’exposition à une multitude d’autres risques simultanés (sécheresse, sargasses, cyclones…)
Dans ces conditions, il est vraisemblable que, très rapidement la Martinique sera rapidement confrontée :
 Au plan social, à la baisse de revenus privés qui va se traduire par le creusement des inégalités, surtout pour les publics déjà défavorisés,
 Au plan sanitaire, par une exposition plus forte des populations nécessiteuses
 Au plan économique, par la fragilisation incontestable de notre appareil de production,
 Avec des effets immédiats sur le taux de chômage, déjà très élevé.

Pour contrer ces effets, la Collectivité Territoriale de Martinique, à côté de la Commission Européenne et de l’Etat, à très rapidement mis en œuvre des mesures court terme pour assurer l’accompagnement des publics les plus fragilisés et le soutien aux entreprises.
Parallèlement, différentes initiatives privées ont permis de répondre à des besoins spécifiques induites à la fois par
 la crise sanitaire (confection des tests, production de gel hydro alcoolique, fabrication de blouses et de masques…),
 la crise économique (développement des usages numériques pour diverses activités de commercialisation, pratiques culturelles ou sportives…)
 la crise sociale (accompagnement des populations démunies)
Si ces différentes mesures conjoncturelles permettent de répondre à l’urgence, pour autant elles peuvent s’avérer insuffisantes pour faire face aux différentes fragilités structurelles identifiées.
D’inévitables difficultés émergeront en effet, car aux fractures économiques, sociales et environnementales existantes s’ajouteront les effets de cette crise.
Nous sommes donc à un tournant décisif de notre Histoire.

La crise qui se profile indéniablement sur les prochains mois et qui gangrènera la Martinique, nous oblige à réfléchir à un modèle économique et social plus sécure, qu’on le veuille ou non.
En effet, tant en termes d’organisation de la production, d’accès aux services essentiels, il faut être en capacité de réagir à tout évènement incertain ou/et inattendu.
C’est ce double défi qu’il faudra relever.
Il en va de notre Responsabilité.
C’est pourquoi un plan de restructuration s’impose à nous, à partir de solutions innovantes et structurantes. Dorénavant il est indispensable, selon moi, de prendre les dispositions suivantes :
 La localisation sur place des cycles de production, en s’appuyant sur les nouvelles pratiques durables, optimiser l’utilisation des ressources et des déchets disponibles sur le territoire.
 Dans cette perspective, des moyens pour favoriser l’émergence d’entreprises et de filières suffisamment viables, capables de s’adapter aux mutations soudaines, s’imposent;
 Le renforcement des compétences pour le développement des expertises, en résonnance avec les atouts et les aléas intrinsèques au territoire, devient obligatoire ;
 L’utilisation du numérique et l’intégration des pratiques digitales aussi bien dans les politiques d’aménagement, que dans les stratégies de production ou de communication, doit être systématisée.

Cette restructuration doit permettre également de sécuriser des cadres qui facilitent l’accès de tous aux services essentiels : éducation, logement, santé, eau, énergie, transport.
Notre devoir est de diminuer tout phénomène d’exclusion, et garantir, par ricochet, l’implication de tous à l’effort collectif, et à terme le bienêtre et l’épanouissement du Peuple Martiniquais.
Ce nouvel élan impose que nous construisons de nouvelles dynamiques partenariales entre acteurs publics et acteurs privés.
La Martinique a démontré son aptitude à s’engager dans ce challenge.
Les diverses initiatives prises récemment, par les opérateurs publics et privés ont montré que, malgré notre insularité et notre petitesse, traditionnellement présentées comme des handicaps, la Martinique s’est donnée les moyens pour se convertir en véritable laboratoire in vivo, et, à partir des expertises et des atouts existants sur le territoire, de piloter des trajectoires innovantes et structurantes.
C’est sur ce terreau, que doit être édifié le nouveau plan de restructuration.
Il nous faut désormais sur la base d’un partenariat repensé avec l’Etat et la Commission Européenne :
 Favoriser l’émergence de projets portés à la fois par des institutions publiques et par les investisseurs privés ;

 Mieux structurer les relations entre grandes et petites entreprises, entre entreprises dites « classiques » et entreprises dites « sociales » ;
 Et repenser la territorialisation et la proximité, pour mieux prendre en compte les réalités de notre Territoire.
C’est à ce nouveau paradigme que je vous invite à réfléchir.
Je vous propose qu’aux termes de ces premiers contacts, que nous nous appuyons sur nos capacités d’expertise, pour évaluer et consolider les pistes évoquées.
Nous nous reverrons, dans un délai proche, pour valider ces propositions.
La période qui s’ouvre pour la négociation des futurs programmes européens et les évolutions annoncées par le Président de la République, nous offre des opportunités en termes de financement que nous devons mettre à profit.
Mesdames et Messieurs les élus(es)
Avec discernement et discipline, œuvrons pour notre devenir et celui des générations futures. Loin des batailles rétrogrades, mettons- nous en ordre de marche.
Mèsi an pil Mèsi an chay

Mot de conclusion d’Alfred MARIE-JEANNE, Président de la Collectivité Territoriale de Martinique Réunion d’information et d’échanges de la CTM
avec les maires et les Présidents des EPCI
Lundi 20 Avril 2020
Chers Collègues,
Je vous ai écouté avec la plus grande attention et avec beaucoup d’intérêt.
Je retiens l’esprit d’unité manifesté par tous
Je compte sur notre solidarité pour traverser cette crise dont l’horizon est encore invisible.
Nous maintiendrons ce contact initié aujourd’hui pour guider les actions et suivre leur mise en œuvre.
Nous étudierons au sein du Conseil Exécutif, toutes les possibilités d’améliorer les dispositifs d’aide pour soutenir notre tissu associatif et nos entreprises.
J’ai écrit au Premier Ministre pour lui faire part de la nécessité de trouver des alternatives pour compenser la baisse de recettes d’octroi de mer et de taxe sur le carburant.
Sans aucun doute, avec les EPCI et les Communes, nous mènerons une action commune pour prolonger cette première initiative.
En tous cas, je reviendrai vers vous très rapidement en ce sens.

S’agissant du dé-confinement, vous avez tous mentionné la généralisation du port du masque.
Je vous ai fait part de la volonté de la CTM d’intervenir dans ce domaine en lançant un Appel à projets pour une production martiniquaise, mais également pour l’achat à l’extérieur, si nécessaire.
Nous mettons en place une coordination avec les EPCI pour être à la fois efficace et performant, pour équiper de « masques artisanaux » toute la population.
Pour ce qui concerne les tests, je pense que nous avons une communauté de vue, sur cette question.
Je ferai en sorte que nous soyons entendus par le Préfet et les Autorités sanitaires sur cette question.
Parlant de santé, je vous informe que nous sommes en train de finaliser la venue d’un renfort médical avec le Gouvernement cubain. Cette démarche devrait se concrétiser rapidement.
Sur notre réunion elle-même, j’ai apprécié tout comme vous, que nous ayons pu échanger dans un esprit démocratique, en mettant en avant les intérêts martiniquais.
Nous vous proposerons d’approfondir tous les points abordés aujourd’hui au cours d’une rencontre du même type.
Mèsi an pil, mèsi an chay

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