Après les statues de Victor Schoelcher, de Joséphine de Beauharnais, de Pierre Belain-Desnambuc, d’Ernest Deproge, de Charles de Gaulle, du Christ… ce sont aujourd’hui les plaques des monuments aux morts de Martinique qui sont méthodiquement vandalisées. Pas moins de 10 communes de l’île ont vu leurs morts mourir une deuxième fois sous des coups de marteau anonymes. Sainte-Marie et le Lorrain pleurent aujourd’hui leurs mémoires assassinées.

Ces actes sont condamnables, car en effaçant les traces d’histoire, leurs auteurs s’attaquent à ce que nous sommes. Par ablation, ils attentent à notre humanité. Plutôt que d’effacer, ils feraient mieux d’ajouter, de compléter, d’enrichir.

Voici à ce propos ce que j’écrivais dans Recta-Linea, publié en 2021.

« … Toutes ces personnes, toutes ces histoires n’existent que dans la mémoire des vivants. Elles sont en nous, qu’elles nous plaisent ou non. Il suffit de les oublier pour les tuer. Il suffit de les ignorer pour nous détruire. C’est si simple au fond d’anéantir ce que nous sommes. Quand on efface les traces du passé, c’est notre présent que l’on vide. C’est une part de soi que l’on ampute. Chaque autodafé, chaque éclipse, chaque négation est un recul. A l’inverse, chaque investigation, chaque découverte, chaque apprentissage est un enrichissement. Le passé n’existe que dans le présent, et c’est notre humanité d’aujourd’hui que l’on préserve en le retenant. Le passé ne se juge pas. Il ne se répare pas, car il n’existe plus. Sauf dans nos mémoires. »

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