Très clairement, la question se pose dans les mêmes termes dans les deux îles sœurs, Martinique et Guadeloupe, et alors même que rien n’est encore stabilisé, il semble nécessaire pour mieux aborder la suite, de tirer des leçons de cette dure période de la quatrième vague du covid 19.

Cette quatrième vague, outre son lot trop important de décès et de malades gravement atteints, nous aura assurément laissé un pays à la fois terriblement divisé et vacillant sur ses fondamentaux.

C’est en effet, une période durant laquelle on aura vu se déverser un torrent de haine entre nous, inimaginable avant cela, des rafales de « contre-vérité » portées par une rhétorique violente à souhait, pour instaurer la peur. D’une façon ou d’une autre, nos sociétés se seront terriblement abimées. Les débats auront cassé des liens au sein des familles ou entre amis, certains auront black-listés des amis de longue date, dans la vie ou sur les réseaux sociaux.

Et les RESEAUX SOCIAUX ! Les RESEAUX SOCIAUX !!!! Ils auront bien servi pour aider des petits charlatans ou autres anonymes en mal de reconnaissance, à influencer des esprits se sentant, par la propagande ambiante, dans l’obligation de se déclarer pro ou anti-vax, pro ou anti-pass, pro ou anti-tout. Bien sûr, dans ce contexte de violence généralisé, les vrais violents, les vrais anti-tout, ou tout simplement anarchistes patentés, ont pu agir et tenter de casser la société. Peut-être, était-ce là le but recherché.

La position, globalement et durablement réfractaire de nos populations dans le contexte sanitaire terriblement dégradé de nos territoires, Martinique et Guadeloupe, a de quoi inquiéter par rapport au « vivre ensemble », au « faire peuple », à « la nation », à « la responsabilité », en un mot qui présuppose tout le reste, à « l’autonomie ».

Oui, en définitive, pour tous les militants de l’intérêt général, c’est bien l’impact de cette période sur tous ces concepts, qui doit nous préoccuper alors même que nous pensions avoir bien avancé, dans le sens d’une conscience collective.

Alors même que, désormais, tout le monde parle de responsabilité, cette notion centrale n’a pu, à aucun moment, s’imposer dans les débats pour infléchir le positionnement du plus grand nombre.

Les débats se sont directement engagés dans une logique binaire « pro » ou « anti » avec pour seul cadre et boussole : « la peur ». Cette logique réductrice est particulièrement appréciée par des populistes qui l’accompagnent généralement de terminologies simplificatrices à souhait, souvent détournées de leurs vocations premières. Ici, ce fut le cas de « liberté », « injection », comme naguère fut utilisé « National » et « Socialiste ». Dans les faits, toute la controverse « pro versus anti » se résumait à une bataille entre, d’un côté, les partisans d’une immunité naturelle (issue donc de la contamination non létale de l’individu) et de l’autre, les partisans de la recherche de l’immunité collective, par le biais de la vaccination.

Ce qui n’a pas été suffisamment dit, c’est que l’immunité naturelle suppose de jouer à la roulette russe avec chaque malade, pendant tout le temps nécessaire à l’établissement de l’immunité collective ; temps que le virus peut mettre à profit pour muter.

Il n’a pas non plus suffisamment été dit que la vaccination était une course contre la montre, contre les variants, tout en minimisant les risques.

Mais voulait-on seulement entendre ça ?

De même, comment comprendre, dans un territoire où les dérogations à l’utilisation du chlordécone ont sévi, que l’on soit en capacité de demander aux ministres et aux directeurs de l’ARS, des hôpitaux et du STIS de couvrir par leur responsabilité pénale, l’absence de pass- sanitaire de leurs personnels en contact avec des personnes fragiles ?

Tout est question de responsabilité dans cette affaire, de rien d’autre, et tout le travail, s’agissant de la conscience collective, de la définition de nos possibles pour nous projeter avec pertinence et briller en tant que martiniquais, tout cela demeure d’une actualité criante. Là se situe assurément, les leçons de cette période douloureuse.

Alain ALFRED Membre du bureau politique Du PPM

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