La main d’acier qui triturait ma nuque, alors que j’écoutais religieusement Jacques  Gilles ( fils ainé d’Aimé Césaire récemment décédé) et son groupe de jazz dans ce club de Fort-de-France où, quoique adolescent, mon père m’avait amené pour m’initier à ce genre musical qui restera en moi tout au long de ma vie , était  celle d’un professeur du lycée Schoelcher qui, à son deuxième verre d’alcool était pris de pulsions douteuses envers les garçonnets noirs. Déviation sexuelle manifestement raciste…

La petite brune du lycée de Choisy-le-Roi qui répondait à mes avances d’adolescents     (nous étions en sixième) en me faisant remarquer avec la plus grande perfidie que j’avais un trop épaté pour mériter une quelconque considération,était une petite raciste. En  germe certes, mais déjà à 12 ans une raciste.

Les jeunes blancs qui avaient  hurlé  «niigger ! », en  passant en voiture devant le cours de tennis à upper State New-York,  où j’échangeais de longues balles avec Karine,  une splendide noire américaine (capresse aux cheveux couleur soleil) en fin de journée de printemps, au milieu de grands arbres qui faisaient  résonner les  voix, n’étaient  que de petits raciste américains,  comme il y en a toujours eu depuis la création de ce pays inventeur du lynchage des nègres.

Le responsable du barreau de New York qui me reçut  quand j’ai entrepris des formalités pour être admis comme avocat consultant, par ses ses exigences et son comportement général me fit comprendre le chemin de croix qu’il faudrait gravir pour un jour exercer mon métier d’avocat au pays de la ségrégation raciale.              

C’est ma première épouse qui effectuait les démarches quand il fallait trouver un logement à Paris,  dans les années 70, parce que sa mère  mulâtresse à la belle chevelure  et son père « métropolitain » aux yeux bleus lui avaient  légué une mélanine « correcte » pour franchir le mur du racisme des logeurs parisiens.

Une expérience plus pénible, lorsque quoique chaudement recommandé par un chargé de travaux dirigés de la faculté de Sceaux  auprès de l’un de ses confrères avocats,  j’avais été éconduit purement et simplement    au vu de la couleur de mon épiderme…

J’avais dû d’ailleurs émigrer à cette faculté périphérique  et quitter à regret la Fac de  la rue d’Assas – pourtant mieux cotée-  parce que les phalanges fascistes avaient,  très tôt un matin, la faculté encore vide, tenté de   de  me coincer dans un angle de  la cafétéria pour me faire ma fête.

La semaine d’avant un étudiant congolais avait dû être trépané et rapatrié, à la suite de blessures qui lui avaient  été infligées par un groupuscule  d’extrême droite, majoritaire dans cette faculté.

Alors, à la suite de tout cela, de toutes ces expériences malheureuses on pourrait penser que j’en sortirais traumatisé et porteur d’une opinion négative et définitive sur la question du racisme des Français.

Il est certainement vrai que beaucoup de citoyens français sont de purs raciste, qui se considèrent comme supérieurs au jaune, rouge et noir. De même qu’ils méprisent leurs propres compatriotes, vivant dans les quartiers défavorisés, ou parce  que venus   de  province.

Mais cependant le nombre d’amis, de relations,  de confrères que j’ai pu connaître tout au long de ma vie dans ce pays, des hommes  pétris de tolérance, d’altérité, du respect de la personne humaine se comptent par dizaines.

Gerard Dorwling-Carter.

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