La Chine donne ce lundi le coup d’envoi de la COP15 biodiversité, des négociations cruciales pour tenter de restaurer une nature abîmée par l’homme et menacée par le changement climatique.
La COP15 s’ouvre ce lundi en Chine. (Photo by Chen Xinbo / XINHUA / Xinhua via AFP)
Xinhua via AFP
Par LEXPRESS.fr avec AFP
Ce lundi débute la COP15 biodiversité en Chine. Moins connue que la COP26 climat, elle porte pourtant sur des sujets aussi cruciaux, comme la lutte contre les pollutions et la préservation d’une nature en bonne santé. Cette Conférence des parties se tiendra en deux temps, avec une ouverture sur cinq jours en octobre, en virtuel, puis deux semaines en présentiel du 25 avril au 8 mai 2022 à Kunming en Chine, après deux reports.
- Qu’est-ce que la Convention sur la diversité biologique ?
La Convention sur la diversité biologique (CDB) a été lancée au sommet de la Terre de Rio en 1992, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC) et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Ce traité international a trois objectifs: “la conservation de la diversité biologique”, “l’utilisation durable de la diversité biologique” et “le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques”, question particulièrement importante pour les pays du Sud.
Elle a été ratifiée par 195 pays plus l’Union européenne, mais pas les Etats-Unis ni le Vatican. La Conférence des parties (COP) de la CDB réunit tous les deux ans les Etats signataires pour des négociations politiques.
Pourquoi protéger la nature ?
“La biodiversité décline à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine”, avec “un million d’espèces animales et végétales menacées de disparition” dans un bref délai, rappelle la secrétaire exécutive de la CDB, Elizabeth Maruma Mrema, dans un entretien à l’AFP. Les principales causes de l’effondrement du vivant sont d’origine humaine: changement d’usage des terres, surexploitation d’espèces, changement climatique, pollutions, espèces exotiques envahissantes. “Nous, humains, sommes un problème pour la biodiversité”, insiste Elizabeth Maruma.
Or la nature fournit air, eau potable, nourriture, médicaments, matières premières pour de nombreuses industries. Le Covid-19, une zoonose se transmettant des animaux à l’homme, a été “un rappel brutal que nos relations à la nature doivent changer et drastiquement, sinon nous aurons d’autres pandémies à l’avenir”, avertit la secrétaire exécutive de la CDB.
- Pourquoi la COP15 est-elle cruciale ?
En 2010, à Aichi au Japon, les Etats s’étaient fixé 20 objectifs pour sauvegarder la diversité biologique et réduire les pressions humaines à horizon 2020, dont aucun n’a été entièrement rempli. Résultat, la dégradation du vivant menace nos conditions de vie. Les négociations en cours doivent inverser la tendance et aboutir à un cadre qui permettra d’ici 2050, avec des jalons en 2030, de “vivre en harmonie avec la nature”.
- Quel est le rôle de la Chine ?
“Un des principaux résultats (de l’ouverture de la COP en octobre) est que la Chine prend maintenant le leadership mondial” et jouera le rôle de “facilitateur” dans les négociations, espère Elizabeth Maruma. Pékin a pour “mission de porter la protection de la biodiversité au même niveau que le climat, une tâche qui s’est avérée hors de sa portée jusqu’à présent”, renchérit Li Shuo, de Greenpeace.
- A quoi aboutira la COP15 ?
Le texte en discussion comporte 21 actions d’ici 2030: la conservation efficace d’au moins 30% des terres émergées et des zones maritimes, un objectif soutenu par une coalition de pays dont la France, ou encore “la réduction de moitié au moins des nutriments (engrais) rejetés dans l’environnement et de deux-tiers au moins des pesticides, et en éliminant tout rejet de déchets plastiques”. Il est aussi question de réduire “d’au moins 500 milliards de dollars par an” les subventions néfastes à l’environnement.
Les experts insistent sur la nécessité de mettre en place les financements et des mécanismes de suivi efficaces des mesures adoptées, pour éviter qu’elles restent à l’état de voeux pieux comme par le passé.
- Quel sont les liens avec la COP26 ?
Après des années de travail en silo, les voix se multiplient pour un rapprochement entre les conventions de l’ONU sur le climat et la biodiversité. “Ce sont deux crises entremêlées qui doivent être réglées ensemble”, insiste Elizabeth Maruma.
Des écosystèmes en bonne santé, notamment les forêts et les océans, stockent mieux le carbone. Et en retour, limiter le réchauffement climatique permet de réduire le risque de disparition d’espèces.