Originaire de Martinique, Adrien Hayot part en métropole après avoir obtenu son baccalauréat pour suivre une formation d’ingénieur en informatique et électronique à Lille. A l’issue de cette formation, Adrien décide de rejoindre le cabinet de conseil Wavestone, cabinet de conseil indépendant leader dans le domaine de la cybersécurité et du conseil en management à Paris. Au sein du cabinet, il a l’opportunité de participer à des missions variées pour des entreprises du CAC 40, qui vont de l’analyse de risques cyber à l’exercice de gestion de crise. La variété des missions et le haut niveau d’exigence lui ont permis de développer une forte capacité d’adaptation et de rigueur/autonomie*.

Riche de cette expérience formatrice et stimulante, il décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et de revenir en Martinique. En mai 2022, il rachète la société SOCAPAL, Entreprise de 14 employés situé au Lamentin, spécialisée dans la fabrication et la revalorisation du bois. Il revient sur l’historique et l’activité de sa société après 8 mois de reprise.

Pour commencer, un peu d’histoire ?

Socapal a été fondée en 1997, par Martial Cattiaux, électromécanicien et artisan, pour palettiser la banane afin de l’exporter vers la métropole.

Rapidement, il s’est rendu compte que beaucoup de palettes arrivaient en Martinique via l’importation et qu’une fois cassées ou abîmées, elles devenaient un déchet qui s’accumulait sur nos bords de route. Il a alors décidé de donner une seconde vie à ces palettes, en les réparant ou en les valorisants.

Dans un premier temps, il mit en place un atelier de réparation de palettes, pour remettre sur le marché les palettes réparables. Ce qui permet de rallonger le nombre d’utilisation de la palette qui servent aux commerces et aux industries locales.

Mais toutes les palettes n’étant pas réparables, il commença à revaloriser celles-ci en broyat de bois pouvant servir pour différents usages. Notamment, comme couvre-sol, qui lorsqu’il est utilisé dans de bonnes proportions, permet d’économiser 60 à 80% d’eau d’arrosage, de réguler l’humidité du sol, d’éviter la repousse des mauvaises herbes.

Par la suite, d’autres opportunités se sont présentées, telles que la récupération du carton.

Au fil du temps, Socapal, qui était exclusivement fabricant de palettes au départ, a su se diversifier et développer de nouvelles activités qui sont aujourd’hui en lien avec le développement durable et l’économie circulaire.

Quel est le circuit de récupération des palettes ?

Nous collectons des palettes partout en Martinique, chez nos clients à qui nous facturons une prestation de récupération de déchets. Nos clients ont également la possibilité de venir déposer leurs palettes ou carton directement sur notre site par leur propre moyen. Les tarifs se font à la tonne ou au détail selon les volumes.

Quels sont les débouchés commerciaux de cette activité ?

Les palettes réparées sont revendues. Le couvre-sol lui est vendu à des jardineries comme paillage pour les jardins ; il est également commercialisé aux coopératives d’élevage pour l’intérêt qu’il représente en tant que litière: Les animaux élevés sur du paillage sont en meilleure santé, sont moins malades et se développent mieux que lorsqu’ils sont élevés à même le sol.

Le broyat de palette peut être également intégré au processus de filtration des boues d’épuration, ou faire office de biomasse pour produire de l’électricité.

Vous fabriquez des palettes neuves, mais aussi des sommiers ?

Nous fabriquons des palettes standards ou sur mesure pour divers clients selon les besoins spécifiques qu’ils peuvent avoir. Nous nous adaptons à leurs contraintes (poids, dimension, durabilité).

Oui, nous fabriquons également la structure en bois du sommier pour les vendeurs de sommiers et de matelas en Martinique. Le processus de montage est assez similaire entre un sommier et une palette.

Vous revalorisez donc tous les déchets issus des palettes ?

Oui, une fois collecté, nous contrôlons et trions le bois pour être sûr pour qu’il n’y ait pas de bois traité ou souillé de produit chimique dans le lot. Le bois de palette subit uniquement un traitement à la chaleur non-chimique et non polluant pour éliminer les nuisible.

Lorsqu’on répare les palettes, les éléments non-réutilisables et les chutes sont ôtés et broyées pour obtenir des copeaux. Donc, une fois le bois revalorisé, nous obtenons un produit propre exempt de tout polluant, sans aucune perte et zéro déchet hormis les clous qui sont collectés pour être revalorisés.

Quels sont vos retours après 8 mois d’activité ?

Je suis très satisfait parce que c’est une activité qui me permet d’être au quotidien sur le terrain, d’œuvrer pour le développement durable et l’économie circulaire, et de redécouvrir la Martinique.

Je constate que les mentalités évoluent dans le bon sens sur la question de la gestion des déchets, notamment dans les industries, qui s’inscrivent résolument dans cette démarche et investissent pour cela. Elles ont même des personnes dédiées à la QSE.

Je suis agréablement surpris que les gens comprennent qu’investir sur cela aujourd’hui impactera favorablement leur avenir demain, y compris au niveau des coûts.

Propos recueillis par Philippe Pied

 

 

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