St Lucia Times
Il y a quelques années, un rapport sur la consommation d’alcool par habitant en Amérique latine et dans les Caraïbes (ALC) a été publié. Il indiquait que Sainte-Lucie et au moins deux autres pays des Caraïbes affichaient le taux de consommation d’alcool le plus élevé de la région. Parmi la population âgée de 15 ans et plus, environ 9,5 litres d’alcool pur par habitant étaient consommés chaque année.
Bien que révélateur, le rapport n’a suscité que peu de réactions choquantes de la part du grand public. En réalité, plutôt que de traiter la question comme un grave problème de santé publique, certains ont réagi avec humour, transformant le sujet en mèmes et en commentaires sur les réseaux sociaux, comme pour suggérer qu’il y avait matière à fierté.
Aujourd’hui, la situation s’est considérablement aggravée, avec une augmentation non seulement de la consommation d’alcool chez les jeunes (y compris les mineurs), mais aussi de l’usage du tabac (souvent mélangé à de la marijuana) et, plus récemment, des cigarettes électroniques.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), leur utilisation constitue un facteur de risque majeur de conséquences néfastes sur la santé et la société, ainsi que de maladies non transmissibles plus tard dans la vie.
Nombreux sont ceux qui ont établi un lien entre l’augmentation de la consommation d’alcool, de cigarettes et de vapotage et la multiplication des activités et événements sociaux à Sainte-Lucie tout au long de l’année. Lors de bon nombre de ces événements, notamment dans les communautés rurales, aucune limite d’âge n’est imposée à la vente ou à la consommation d’alcool et de cigarettes par les mineurs.
L’âge légal pour consommer de l’alcool à Sainte-Lucie est de 18 ans.
Ces dernières années, la « culture du rhum », omniprésente dans le pays, a suscité de nombreux débats, souvent superficiels. Cette culture domine presque tous les événements sociaux, des baptêmes et communions à Noël, le Carnaval, le Jounen Kweyol, La Rose et La Marguerite, et bien d’autres encore. Il est rare qu’une distinction claire soit établie entre les rassemblements pour enfants et les activités pour adultes, ce qui crée un environnement où l’exposition précoce à l’alcool se normalise. Par conséquent, la transition vers une consommation excessive d’alcool, voire de drogues, peut commencer dès l’âge de 13 ans.
Il est indéniable qu’outre la criminalité et la violence, l’abus d’alcool et de cigarettes a non seulement plongé notre jeunesse dans la torpeur, mais l’a détruit à petit feu. L’acceptation sociale le rend encore plus mortel.
Le rapport le plus récent sur la consommation d’alcool indique que plus de 45 % des jeunes consomment de l’alcool. Cette consommation précoce, ainsi que les abus et les abus qui en découlent, auraient des conséquences néfastes sur la santé de la population.
Nous avons certainement vu des jeunes hommes et femmes être touchés par la cirrhose du foie, le cancer, des troubles mentaux et neurologiques, des troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale, des accidents vasculaires cérébraux et des maladies cardiaques dues à l’abus d’alcool.
Certains des accidents de la route et blessures impliquant des véhicules dont nous avons été témoins ces derniers temps ont également été attribués à des personnes conduisant sous l’influence de l’alcool.
De nombreux cas de BPCO dus à un tabagisme excessif sont également signalés.
Beaucoup de nos jeunes pensent que l’alcool apaise leur stress, les rend cool et certains pensent même qu’il les rend heureux. Nombre de nos chansons promeuvent également cette idée et la culture du rhum. Si l’on supprimait les mots « rhum » et « boisson » du dictionnaire, de nombreuses chansons de carnaval deviendraient bien vides de sens.
Et donc, on continue à danser, fête après fête, sans se soucier des conséquences. Pendant ce temps, on parle d’alcootests pour lutter contre la conduite en état d’ivresse ; toujours rien. On parle de faire respecter l’âge limite pour l’achat et la consommation d’alcool – encore des paroles, peu d’actions.
Alors que nous passons d’un festival majeur – le Festival de Jazz et d’Arts de Sainte-Lucie – au Carnaval de Lucie, il est crucial de dissiper l’idée que ces événements n’ont pour seul but que d’encourager une culture de la consommation excessive d’alcool. Les autorités doivent redoubler d’efforts pour promouvoir une consommation responsable d’alcool, lutter contre la consommation excessive d’alcool et appliquer strictement les lois sur la consommation d’alcool chez les mineurs.
Cette responsabilité va au-delà de l’action gouvernementale. Les organisateurs d’événements doivent jouer leur rôle en imposant des contrôles d’identité sans exception, tandis que les vendeurs doivent appliquer des politiques strictes interdisant la vente d’alcool, de tabac et de produits de vapotage aux mineurs. Les forces de l’ordre doivent veiller au respect de ces règles et responsabiliser toutes les parties.
L’inaction persistante sur ce sujet pèsera lourdement sur notre système de santé et, pire encore, mettra en péril le bien-être de notre jeunesse, pilier de la productivité de notre pays. S’il est vrai qu’une nation en bonne santé est une nation riche, alors ne pas agir maintenant ne fera que nous enfoncer davantage dans la pauvreté