La bande dessinée “Tintin au Congo” a été rééditée avec l’ajout d’une préface visant à éclairer le contexte historique de sa création. L’œuvre, célèbre pour ses nombreuses polémiques, suscitées par les représentations jugées racistes des habitants du Congo par son auteur Hergé, continue de faire débat.

Si vous êtes amateurs de Tintin, le célèbre reporter blond qui sillonne le monde pour vivre des aventures palpitantes vous pourrez aujourd’hui le relire… avec une préface. Au cœur de multiples controverses, la bande dessinée “Tintin au Congo” fait l’objet d’une nouvelle publication dans sa version d’origine, accompagnée d’une introduction évoquant le contexte de l’époque de sa création. Celle-ci avait été publié dans les années 1930 et a longtemps été critiquée pour ses représentations caricaturales, voir même raciste pour beaucoup des habitants du Congo. La nouvelle édition, intégrée au coffret “Les Colorisés”, tente de jeter un éclairage sur cette œuvre controversée, soulignant à la fois son contexte historique et les polémiques qui l’entourent.

Une publication plutôt discrète

La republication de “Tintin au Congo” a été plutôt discrète en novembre dernier, attirant la curiosité de nombreuses personnes. Elle a été présentée dans un coffret aux côtés d’autres albums de la série, tels que “Tintin au pays des Soviets” et “Tintin en Amérique”. L’album original, initialement en noir et blanc en 1931, a été retravaillé avec l’ajout de couleurs par l’éditeur Moulinsart et Casterman, qui a préféré maintenir une certaine discrétion autour de cette réédition malgré son potentiel impact. La surprise réside dans l’ajout d’une préface rédigée par Philippe Goddin, président de l’association Les Amis de Hergé. Cette préface cherche à replacer l’œuvre dans son contexte historique, et Goddin soutient Hergé en affirmant que l’auteur aurait caricaturé tous ses personnages sans distinction de race.

La polémique entourant “Tintin au Congo” n’est pas nouvelle et s’est prolongée sur plusieurs décennies. La principale question porte sur la manière dont les personnages noirs sont représentés. Hergé avait lui-même anticipé cette controverse dans une interview en 1975. La préface de Goddin, expert en bande dessinée, tente de défendre l’auteur en affirmant qu’il aurait caricaturé tous ses personnages, qu’ils soient Blancs ou Noirs, sans intention raciste. Selon lui, les stéréotypes présents dans l’album reflètent simplement les normes de l’époque et ne sont pas racistes. Cependant, Pascal Blanchard, historien spécialiste de l’imaginaire colonial, conteste cette vision, qualifiant la préface de “très contestable” et reprochant à Hergé d’avoir délibérément ignoré les sources décrivant la violence de la colonisation.

Depuis 2007, le Cran (Conseil représentatif des associations noires) a milité en faveur de l’ajout d’une préface à “Tintin au Congo” dans le but de contextualiser l’œuvre et d’expliquer son contenu colonial. Pour ce collectif français, la préface de 2023 est une victoire du bon sens. Cependant, restent réticents et estiment que cet effort aurait pu être renforcé en sollicitant l’expertise d’historiens africains, afin d’apporter une perspective supplémentaire et plus diversifiée à la compréhension de l’œuvre.

Thibaut Charles

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