« Nous avons fait le choix de l’excellence pour faire de la Martinique une escale incontournable de la Caraïbe. »
À l’occasion du salon Seatrade Cruise Global à Miami, l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de l’industrie de la croisière, Bruno Mencé, président du directoire du Grand Port Maritime de la Martinique, revient sur la stratégie portuaire et touristique de l’île. Rencontré sur le stand martiniquais, aux côtés du Comité Martiniquais du Tourisme et des opérateurs locaux, il détaille les objectifs de cette présence et les investissements engagés pour faire de la Martinique une destination phare de la croisière dans la Caraïbe.
Vous êtes présent ici à Miami pour le salon Seatrade. Pourquoi est-ce un rendez-vous incontournable pour la Martinique ?
Le Seatrade de Miami est l’un des deux plus grands salons mondiaux consacrés à l’industrie de la croisière, avec son pendant européen organisé en septembre. C’est une vitrine stratégique et incontournable.
Nous sommes ici pour représenter la Martinique aux côtés du CMT, des agences de voyages, des tours opérateurs… mais aussi et surtout pour rencontrer nos clients : les compagnies de croisière.
L’objectif est clair : présenter les efforts engagés, les investissements en cours et à venir, et mettre en valeur notre destination.
Pendant trois jours, nous enchaînons les rendez-vous avec les compagnies, principalement américaines, du matin au soir. L’enjeu est de taille : les convaincre de venir — ou de revenir — en Martinique.
C’est du commerce, du réseau, de la prospection très concrète.
Cette approche suppose une forte coordination avec le Comité Martiniquais du Tourisme. Quelle est votre méthode de travail ?
Oui, c’est un travail parfaitement complémentaire. Il est évident qu’il n’y a pas de croisière sans port. En Martinique, nous misons particulièrement sur la croisière basée, c’est-à-dire celle où les passagers embarquent ou débarquent chez nous ; pas seulement en simple escale. Pour cela, il faut un port fiable, moderne, bien équipé et sécurisé.
Le Grand Port Maritime et le CMT avancent main dans la main pour proposer aux compagnies une offre cohérente, lisible et de qualité.
Ce que les armateurs attendent, c’est un territoire organisé, structuré, et uni. C’est ce que nous venons démontrer ici.
Justement, vous parlez d’un “port solide”. Qu’est-ce qui distingue le port de la Martinique dans le contexte caribéen ?
Nous avons plusieurs atouts majeurs. Le premier et sans doute le plus fondamental, c’est la sûreté et la sécurité. La Martinique est reconnue comme la destination la plus sûre de la Caraïbe. Ce n’est pas une simple affirmation, c’est un constat partagé par les professionnels du secteur.
Et pour un commandant de navire, c’est un critère non négociable. On ne positionne pas un paquebot qui vaut deux milliards d’euros dans un environnement instable ou mal sécurisé. En Martinique, ils savent que tout est maîtrisé, structuré, fiable.
Cette sécurité, c’est aussi un vrai confort pour les passagers. Ils peuvent débarquer en toute sérénité, ce qui n’est pas le cas partout. Certaines destinations, comme la Jamaïque ou d’autres îles, peuvent encore souffrir d’une image plus délicate.
Chez nous, le contexte à terre est paisible, accueillant, rassurant.
C’est un élément différenciateur fort, et nous devons continuer à le valoriser.
« La croisière, c’est bien plus qu’une escale : c’est une promesse d’expérience que nous devons tenir de la passerelle au rivage. »
Quels sont les projets et investissements en cours pour renforcer cette attractivité ?
Nous sommes en pleine dynamique. Nous avons engagé un programme de 14,5 millions d’euros d’investissements sur les deux prochaines années, concentrés sur la croisière. Cela concerne notamment les aménagements à Pointe-Simon et aux Tourelles. Ces projets vont renforcer notre capacité d’accueil, améliorer les services, moderniser les infrastructures. C’est le message que je viens porter ici à Miami : la Martinique investit pour accompagner le développement de la croisière.
Justement, comment se porte la croisière martiniquaise aujourd’hui ? Avez-vous des chiffres à partager ?
On a fait une excellente année 2024. Nous avons accueilli plus de 500 000 passagers. La croisière basée a progressé de 12 %, ce qui est très encourageant. Et ce n’est pas fini : les réservations pour les deux prochaines saisons sont très bonnes. Notre enjeu maintenant, c’est de consolider ces résultats — et même d’aller plus loin.
Que voulez-vous dire par “aller plus loin” ?
Depuis des années, nous militons pour une prolongation de la saison. Aujourd’hui, elle est concentrée sur quelques mois. Or nous avons tout intérêt à accueillir des bateaux hors saison également. Cela permettrait de lisser l’activité, de renforcer les retombées économiques et de faire vivre la destination toute l’année. Nous avons un grand client avec qui nous avons rendez-vous aujourd’hui, ici même à Miami, pour finaliser cela. C’est quasiment acté, mais on espère conclure cette avancée majeure pendant le salon.
Un dernier mot …
Notre ambition est simple : que la Martinique s’impose comme un hub de la croisière dans la Caraïbe. On a les atouts, on fait les investissements, et on est unis avec nos partenaires. Le Seatrade est une belle occasion de le montrer et de le faire savoir à ceux qui comptent.
Propos recueillis sur place par Philippe Pied