Vue sur www.https://www.actu-environnement.com – La cheffe du gouvernement a présenté les priorités du gouvernement et les feuilles de route de chaque ministère à l’occasion d’un séminaire à l’Élysée. Une formation des cadres de la fonction publique est prévue au programme.

« Dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous aurons quatre batailles fondamentales à mener. La première bataille, c’est la transition écologique », a déclaré Élisabeth Borne devant les membres du gouvernement réunis, le 31 août, en séminaire, à l’Élysée. La Première ministre a tracé, à cette occasion, les feuilles de route de chacun des ministères.

« Nous allons préparer un plan d’action pour atténuer les effets du dérèglement climatique et nous y adapter. Nous le ferons secteur par secteur, territoire par territoire. C’est le principe même de la planification écologique, dont j’ai personnellement la charge », a expliqué la cheffe du gouvernement à ses troupes.

Poser un diagnostic commun

La transition écologique fera partie des cinq thèmes abordés lors du Conseil national de la refondation (CNR) qu’Emmanuel Macron doit lancer, le 8 septembre prochain, à Marcoussis (Essonne). Cette nouvelle instance de concertation, d’ores et déjà boycottée par l’opposition, est censée représenter les forces politiques, économiques, sociales, associatives, ainsi que des élus locaux. Y sont également conviés des experts, comme Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le climat. « Le but de ce CNR est de poser un diagnostic commun, partager les contraintes, de s’accorder sur la méthode et un calendrier. Il interviendra en amont du travail législatif et en aval dans la mise en œuvre », a précisé Mme Borne. Chaque ministre chargé d’un des thèmes abordés devra ensuite « poursuivre les réflexions en CNR thématiques ».

Nous allons préparer un plan d’action pour atténuer les effets du dérèglement climatique et nous y adapter. 
Élisabeth Borne

Les ministres sont censés être sensibilisés à la question écologique. Ils ont en effet bénéficié durant le séminaire gouvernemental d’une présentation des enjeux de la lutte contre le changement climatique par la climatologue Valérie Masson-Delmotte. Cette sensibilisation ne s’arrêtera pas aux seuls membres du gouvernement puisque Mme Borne a annoncé une formation à la transition écologique d’ici à 2024 pour l’ensemble des équipes gouvernementales et les 25 000 cadres de l’État. Cette formation sera étendue d’ici à 2025 aux 12 000 cadres de la fonction publique territoriale, ainsi qu’aux 4 000 cadres de la fonction publique hospitalière. Son contenu, annonce Matignon, sera fondé sur les rapports du Giec, autour des trois crises écologiques : biodiversité, climat et ressources naturelles.Massifier une offre de logements efficaces sur le plan énergétique

La Première ministre a ensuite décliné les feuilles de route par département ministériel. Pour le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, dirigé par Christophe Béchu, les priorités portent en premier lieu sur l’aménagement : accompagnement des territoires dans une logique contractuelle, avec notamment la mise en place d’un Fonds vert doté de 1,5 milliard d’euros, l’amélioration de l’accessibilité des territoires ruraux, le soutien dans la lutte contre l’artificialisation des sols, la construction de quartiers 2030 associant rénovation urbaine et renaturation, la redynamisation des centres-villes. En matière de bâtiment, la cheffe du gouvernement fixe l’objectif de « massifier une offre de logements efficaces sur le plan énergétique » et « sobres en foncier », ainsi que d’accélérer la rénovation des bâtiments publics et des logements, avec un objectif de 700 000 rénovations soutenues par MaPrimeRénov’.

Les priorités en matière de transports portent sur la sortie du « tout-voiture », via le renforcement des solutions alternatives (train, mobilités actives, transport à la demande et covoiturage), la mise en place d’un dispositif de leasing pour rendre accessible les véhicules électriques aux ménages modestes et le développement du transport ferroviaire de fret, dans la continuité de la stratégie présentée en septembre 2021. La lutte contre la pollution de l’air passera, quant à elle, par la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), comme vient de le faire, ce 1er septembre, la métropole de Marseille. La cheffe du gouvernement fixe aussi comme priorités le renforcement de la protection des captages, afin d’améliorer la qualité de l’eau, ainsi que la finalisation de la stratégie nationale biodiversité.

Le secrétariat d’État à la Mer, dirigé par Hervé Berville et directement rattaché à Matignon, se voit fixer comme objectifs la préservation de la biodiversité marine, le renforcement d’une pêche française durable et la décarbonation du secteur maritime.

« La production agricole subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique », relève par ailleurs Matignon. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, dirigé par Marc Fesneau, se voit par conséquent confier la mission d’adapter les filières agricoles et forestières aux impacts du changement climatique, de décliner les conclusions du Varenne agricole de l’eau, de décarboner la filière alimentaire, de structurer de nouvelles filières, d’intensifier le puits de carbone français et de mettre en œuvre les conclusions des Assises de la forêt et du bois, ainsi qu’un grand chantier de reboisement. Parmi les priorités de ce ministère figurent également la mise en place d’un chèque alimentation durable, le développement des plans alimentaires territoriaux, l’augmentation de la part des aliments biologiques dans la restauration collective, ainsi que la réduction de l’exposition des consommateurs aux pesticides.

Accélérer la sortie des énergies fossiles

Pour ce qui relève du ministère de la Transition énergétique, dirigée par Agnès Pannier-Runacher, le grand défi est celui de faire face à l’arrêt des importations de gaz et de pétrole russes à la suite de la guerre en Ukraine tout en accélérant la sortie des énergies fossiles. Un exercice, pour l’heure, manqué. Le paquet pouvoir d’achat, promulgué le 16 août dernier, subventionne en effet les carburants fossiles, soutient le chauffage au fioul, prévoit la construction d’un terminal méthanier et permet la réouverture des centrales à charbon.

La cheffe du gouvernement affiche toutefois les efforts de sobriété comme une priorité et a mis en place des groupes de travail thématiques sur cette question. « Cela implique de reconquérir la performance opérationnelle du parc nucléaire, de mener à bien la réforme du marché de l’électricité et les évolutions nécessaires du groupe EDF et de sécuriser l’atteinte de nos objectifs de déploiement des énergies renouvelables », indique Matignon.

Parmi les priorités du ministère figure aussi la préparation de la stratégie française pour l’énergie et le climat (Sfec), avec la révision de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la préparation de la loi de programmation énergie-climat, qui doit décliner les nouveaux objectifs européens. Le ministère doit également « développer une politique énergétique industrielle pour la transition », qui passe par l’implantation des briques nécessaires (solaire, éoliennucléaire, etc.), l’approvisionnement en composants critiques, le soutien aux véhicules électriques et la décarbonation du secteur industriel en lien avec le plan France 2030.

Enfin, le dernier objectif porte sur le rôle de la France dans la diplomatie européenne et internationale à travers les négociations sur le paquet Fit-for-55, les COP et le G20. Les travaux pratiques peuvent débuter immédiatement en la matière puisque la secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, représente la France au G20 sur l’environnement et le climat, qui se tient du 31 août au 2 septembre, à Bali (Indonésie).

Laurent Radisson

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version