Après plus ou moins 1 000 milles avalés depuis Funchal dans l’archipel de Madère, la route vers le port du Marin en Martinique est toujours incertaine pour les 69 bateaux toujours en course. Mico Bolo, le directeur de course, fait le point en ce sixième jour de progression dans l’Atlantique.

Illustration : Mico Bolo, le directeur de course, veille 24 heures sur 24 sur la flotte de cette édition de la Transquadra Madère-Martinique. | TRANSQUADRA/ ALAIN ROUPIE
Voiles et Voiliers : Comment évolue la flotte de cette 10e édition de la Transaquadra ?

Mico Bolo : Après plus de 36 heures de vents erratiques, la flotte est repartie. Enfin, certains. Depuis la terre, c’était difficile à juger. Il y avait des bateaux qui passaient de 7 à 0 nœuds. Cela a dû être compliqué pour tous. Dans leurs messages du large envoyés par mail à l’organisation, la plupart prenaient cela avec philosophie. C’est rigolo en ce moment, il y en a un, le JPK 1030 Foggy Dew de Noël Racine et Ludovic Sénéchal, qui vient de bénéficier en premier du vent venant de l’Ouest et j’ai l’impression qu’il va mettre une cacahuète à ses poursuivants pour le classement de la Transaquadra Atlantique en double. Apparemment, plus tu es allé au nord en quittant Madère et plus tu es devant. Ceux qui se sont recalés au centre se sont faits dépasser. Le vent va tourner au sud après une zone de transition. De toute façon, la route est encore longue et il y aura encore pas mal de coups à jouer.

Voiles et Voiliers : Dans les prochains jours, comment se présente cette traversée ?

Mico Bolo : Le vent de Sud va être là et va les faire accélérer mais il ne va pas durer. Ceux qui vont en bénéficier en premier vont se barrer comme je le disais. En naviguant vent de travers sous code 0, mais cela dépendra de la force de ce vent. Quant à notre équipage féminin, Caroline Petit et Emmanuelle Blivet sur leur Dufour 36 Performance Moogli, elles ont fait le pari d’aller très très sud dès le départ. Et elles persévèrent. Elles ont un décalage de près de 1 000 milles avec le concurrent le plus au nord. Je n’y crois pas trop mais bon, c’est amusant.

Alexandre Ozon mène la flotte des solitaires ce vendredi 4 février. | TRANSQUADRA/ ALAIN ROUPIE

J’ai avec moi un téléphone dédié qui est un numéro rouge pour les concurrents en cas de problème

Voiles et Voiliers : Comment font les marins pour étudier leur stratégie ?

Mico Bolo : Les concurrents ont accès aux classements et positions par Géovoile. Cette société reçoit les informations des balises Ocean Tracking et les traduit en classement pour notre site et les concurrents. Tout le monde a donc la position de tout le monde. Au niveau météo, ils reçoivent par satellite des fichiers grib qu’ils mettent sur leur logiciel de navigation. Pour la plupart, c’est Adrena. Ils peuvent donc faire leurs routages par rapport à leurs polaires.

Voiles et Voiliers : Depuis le départ de Madère, comment se déroulent vos jours et vos nuits ?

Mico Bolo : J’ai avec moi un téléphone dédié qui est un numéro rouge pour les concurrents en cas de problème. Ils appellent ce portable depuis leur téléphone satellite uniquement s’ils ont un souci sérieux comme l’autre jour où Hugues Ansart m’a annoncé son démâtage. Quand le problème est moins grave, du genre « J’ai une difficulté mais ne demande pas d’assistance », ils appuient sur un bouton qui est sur leur balise de tracking. Cela est arrivé mais je suis rassuré quand je les vois repartir sur la carto. Pour l’instant, les ennuis que certains ont dû rencontrer se sont déroulés de jour. C’est nouveau par rapport aux précédentes éditions. La semaine prochaine, c’est Frank Lang, le président de l’association Transquadrasolo, qui me relaie.

Après six jours de course dans la traversée de l’Atlantique, les 69 bateaux encore en lice ne sont pas encore à mi-chemin. | TRANSQUADRA/ ALAIN ROUPIE

Pour l’instant, nous avons six abandons

Voiles et Voiliers : Où en êtes-vous au niveau des abandons ?

Mico Bolo : Il y a donc eu le démâtage d’Hugues Ansard (Pogo 30 La Mer est Ronde) à 150 milles au sud des Açores. Comme il avait été avitaillé en gasoil par un méthanier, j’ai appelé le commandant de ce navire pour avoir la fiche technique de ce carburant. Après avis de spécialistes, nous avons expliqué au skipper qu’il était compatible avec le moteur de son bateau. Hugues était ce matin à une trentaine de milles de Ponta Delgada.

Coco, le Dehler 30 OD de Frédéric Ponsenard, doit arriver aujourd’hui à Madère. Pour Ecomore, le Sun Fast 3300 de Jean-Marc Trihan et Bernard Géraud, a vu son safran bâbord se désolidariser de sa mèche. Dans l’abattée brutale, le bateau a reculé et le safran s’est encastré dans la coque. Incroyable. Le bateau est désormais à Horta.

Moustache de Bruno Rzetelny a abandonné pour des problèmes électriques. Il fait route actuellement vers Horta tout comme À chacun son Everest de Pierre-Yves Rollin et Paul Camps. Si Stéphane Bodin (A40 Architectes) a abandonné, son bateau est actuellement à Santa Maria dans l’archipel de Madère. Depuis le même port de Vila Porto, Benoît Cornet (MMW 333 TQ Boldmove Nation) est reparti en course jeudi matin.

Pour l’instant, nous avons donc six abandons.

La cartographie pour suivre les skippers en direct

Par deux fois vainqueur de la course et pour sa cinquième participation, le solitaire Frédéric Ponsenard a dû abandonner très vite suite à un vrac après un décrochage de son pilote. | TRANSQUADRA/ ALAIN ROUPIE

Les records ne seront pas battus

Voiles et Voiliers : Dans le marc de café, l’arrivée de cette dixième édition est prévue pour quand ?

Mico Bolo : D’après nos routages, entre le 11 et le 12 février. Les records ne seront pas battus. En clin d’œil, je dis que cela nous donnera plus de temps dans cette belle île de Martinique.

Le leader au classement solitaire en temps compensé lors de la première manche entre Lorient et Madère, Arnaud Vuillemin, avait près de 100 milles de retard sur le leader en début d’après-midi ce vendredi. | TRANSQUADRA/ ALAIN ROUPIE
Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version