Vous trouverez ici une tribune libre issue de notre rubrique “Courrier des lecteurs”. Il est à préciser que cet article, et que ceux de cette rubrique en général, n’engagent que leurs auteurs. Cette rubrique est intéressante, car montre les avis des uns et des autres sur différents sujets, sans tomber dans la vulgarité !

Ici, il s’agit de Monsieur Fred Lebreton, l’auteur d’un ouvrage sur l’octroi de mer, paru aux Editions l’Harmattan. Il s’intéresse, à la fiscalité de nos DFA, à la vie chère, à l’évolution institutionnelle et statutaire à venir.

Outre son essai de droit fiscal, il a commis trois romans historiques :

  • Tuez le Député ! paru aux Editions Nestor, sur le crash du 22 juin 1962, à Deshaies dans lequel ont péri Justin Catayée, Albert Béville, et Roger Tropos, entre autres ;
  • Faites taire le journaliste ! Qui met en lumière la fin tragique d’André Aliker ;
  • Supprimez le communiste ! Dans lequel tous ceux qui avaient intérêt à la disparition fatale du maire de Pointe-à-Pitre le soir de son élection, sont mis en présence dans un scénario inexorable.

Fred Lebreton
Fred Lebreton

La Martinique a un nouveau drapeau. Nos élus se sont exprimés à la quasi-unanimité (pas de contre, une seule abstention) pour le drapeau Rouge-vert-noir, plus connu sous l’appellation « indépendantiste » ou encore « Malsa » (pour ceux qui ignorent que son origine remonte à 1968).

Ce drapeau « sera utilisé lors des évènements sportifs et culturels où la Martinique participe en tant que territoire, par exemple aux Jeux de Carifta. Il sera également hissé au siège de l’OECS, l’Organisation des États de la Caraïbe de l’Est à Sainte-Lucie, dont la Martinique est membre associé » comme le précise la CTM. Cette décision des élus interpelle. Il y a trois ans à peine, la gouvernance de l’époque avait investi plus de 92 000 € pour le choix d’un drapeau et d’un hymne. Les actuels dirigeants de la CTM ont lancé en juillet 2022 un nouveau concours pour que le peuple se prononce sur une nouvelle identité de la Martinique. Le coût de cette opération sera au moins similaire. Mais cela va plus loin que l’aspect financier. Est-ce à dire que les successeurs de l’actuelle équipe lanceront à leur tour un appel à projet pour changer encore le drapeau et l’hymne de la Martinique ? Imagine-t-on un seul instant qu’un nouveau président de la République française, des États-Unis ou de n’importe quel autre pays, dès son arrivée au pouvoir, change le drapeau de sa nation ?

Que d’énergies dépensées pour ce concours ! Nous passerons volontiers sur l’épisode du colibri. N’y a-t-il pas d’autres priorités qu’un drapeau et un hymne ? Outre les trois éléments fondamentaux d’un État qui sont un territoire, une population et une souveraineté, il y a d’autres éléments constitutifs d’une nation qui me semblent bien plus importants : une langue commune, une monnaie, une devise, un territoire. Sommes-nous au clair avec l’organisation administrative que l’on souhaite ? Il ne s’agit pas de dire que l’on veut instituer une filière complète pour que les diplômes délivrés soient reconnus ailleurs. S’il faut passer une exequatur, est-ce une avancée ? Il y a tant de fondamentaux à définir et à valider avant un drapeau et un hymne !

Autre réflexion, l’appel de Fort-de-France a été mal reçu par le gouvernement français. Il saisit toutes les occasions pour fustiger les élus d’outre-mer pour leur absence de projet concret. Il leur reproche de vouloir une réforme statutaire alors que les conditions de vie ne sont pas améliorées. Le ministre de l’Intérieur et des Outremers reproche à notre île de ne pas produire ce que nous mangeons. Certes, nous ne produisons pas assez. Mais le système fiscal actuel ne mérite-t-il pas d’être revu ? Nos élus ont-ils un projet en ce sens ? Nos caciques de Cluny ont-ils une loi organique sous le coude, des développements des habilitations possibles dans leurs tiroirs, des propositions de loi à brandir lors du Comité Interministériel de mai sur la réforme constitutionnelle ?

Les avantages commerciaux offerts aux grands distributeurs (hypermarchés notamment) pour écouler des marchandises au rabais ne sont-ils pas des freins à la production locale ? La ménagère achètera plus facilement de l’igname de Costa-Rica ou de Bretagne meilleur marché que des dachines du Morne-Rouge. C’est une réalité économique. Tant que nous ne pourrons pas maîtriser notre fiscalité et les règles d’importation, nous serons dépendants des gros importateurs qui, malgré le BQP+ et les offres alléchantes qu’ils affichent dans les brochures qu’ils glissent dans nos boîtes aux lettres, augmentent régulièrement leurs prix.

La production d’électricité éolienne, solaire et même marémotrice ou encore de biocarburant est le souhait de tous les Martiniquais. Mais la réglementation française est telle que l’on ne peut réaliser ces projets qu’au bout de longues et onéreuses demandes d’accréditation. Preuve en est que les îles voisines utilisent les sargasses comme combustible et comme matériaux de construction. La DEAL ne donne pas son accord !

Gouverner c’est prévoir. Nos élus ont la lourde responsabilité de donner de la voix pour nous montrer la voie.

Fred  LE BRETON

 

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