Deux sous-marins russes, au mouillage près de Severomorsk, en 2000. | Alexander Nemenov / AFP


Plusieurs sous-marins nucléaires soviétiques gisent dans la mer de Kara, faisant courir le risque d’un désastre radioactif.

Repéré par Céline Deluzarche pour le site Korii sur Popular Mechanics


Pendant des décennies, l’Union soviétique a utilisé la mer de Kara comme décharge de déchets nucléaires. Dans les eaux glacées de cette mer au nord de la Russie gisent une quinzaine de réacteurs nucléaires mis au rebut par les Russes et au moins quatre sous-marins nucléaires entiers, coulés ou endommagés par des accidents.

Au total, ces bateaux dégageraient une activité de 1 million de curies (3,7×1010 becquerels) selon l’AGASM. En comptant les autres déchets nucléaires, ces matières fissiles représentent près de six fois et demi le rayonnement libéré à Hiroshima, indique le site Popular Mechanics.

Le Komsomolets, par exemple, a sombré au large de la mer de Barents à la suite d’un incendie le 7 avril 1989. Des niveaux de radioactivité de 800 Becquerels par litre d’eau ont été mesurés par une expédition russo-norvégiennne.

Le sous-marin est aussi équipé de deux ogives nucléaires de 3 kilos chacune remplies de plutonium, qui pourraient être décomposées par la corrosion de la coque.

, fondateur et directeur de l’ONG Bellona, le cas du Komsomolets n’est cependant pas le plus préoccupant, car le submersible est situé à une grande profondeur.

La situation du sous-marin K-159, qui a coulé en août 2003 à la suite d’une tempête, est plus critique: immergé à 248 mètres de profondeur, il se situe dans une zone de pêche importante. Une fuite de matériel radioactif pourrait gravement contaminer les populations locales de fruits de mer et de poisson.

«En outre, cela pourrait sérieusement nuire aux plans de développement de la route maritime du Nord, les propriétaires de navires refusant de naviguer le long de celle-ci», atteste Andrey Zolotkov, directeur de Bellona, une organisation internationale à but non lucratif de l’environnement basée en Norvège.

Gloire à la casse

L’Union soviétique et la Russie ont construit la plus grande flotte marine nucléaire du monde dans la seconde moitié du XXe siècle. À son apogée militaire au milieu des années 1990, la Russie comptait 245 sous-marins à propulsion nucléaire, dont 180 équipés de deux réacteurs.

Une fois déclassés, le démantèlement de ces sous-marins a fait l’objet d’un traitement frisant plusieurs fois la catastrophe. En octobre 1995, douze sous-marins soviétiques déclassés attendaient d’être éliminés à Mourmansk, garnis de réacteurs et de déchets nucléaires.

Lorsque l’armée russe à court d’argent n’a plus payé les factures d’électricité de la base pendant des mois, la compagnie locale a coupé le courant, menaçant les sous-marins de fusion, raconte Popular Mechanics. Les membres du personnel militaire ont dû persuader les employés de l’usine de rétablir l’électricité en les menaçant d’une arme à feu.

De nombreux autres incidents du même type ont failli provoquer des catastrophes similaires. Aujourd’hui, ce travail bâclé se retrouve enfoui dans la mer et menace de transformer la mer de Kara en mini Fukushima sous-marin.

La Russie travaille aujourd’hui à la conception d’un navire spécialement conçu pour récupérer ses sous-marins en déperdition. Selon Rosatom, la société d’état russe, ce travail pourrait être achevé d’ici à 2032. Les épaves tiendront-elles le coup d’ici là? Espérons que oui.

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