Dans un communiqué diffusé à l’issue de sa séance plénière du mardi 24 juin 2025, l’Assemblée de Martinique a rendu un avis défavorable sur le projet de loi du Gouvernement visant à lutter contre la vie chère dans les Outre-mer. Si le texte s’inscrit dans la continuité du protocole signé en Martinique en octobre 2024, les élus martiniquais pointent des lacunes importantes, jugées incompatibles avec les réalités locales et les besoins structurels du territoire.
Voici le communiqué :
Réunie en séance plénière ce mardi 24 juin 2025, l’Assemblée de Martinique a émis un avis négatif sur le projet de loi contre la vie chère dans les Outre-mer, soumis à son examen en procédure d’urgence, par le Gouvernement.
Les élus de l’Assemblée estiment que ce projet de loi ne répond pas aux enjeux structurels de la vie chère dans les pays d’Outre-mer, ni aux réalités socio-économiques spécifiques de la Martinique.
Ce projet de loi, bien que s’inscrivant dans la continuité du protocole d’objectifs et de moyens signé en Martinique en octobre 2024, présente plusieurs lacunes majeures :
- Un périmètre insuffisant focalisé sur le BQP (Bouclier Qualité Prix), limité à 134 produits, sans véritable mécanisme contraignant pour les distributeurs, là où le protocole local portait sur près de 6000 produits répartis en 69 familles
- Des risques économiques avérés, avec notamment l’autorisation de la vente à perte, qui pourrait déséquilibrer le marché et renchérir le prix de certains produits
- Une atteinte à la production locale, par le développement exacerbé du e-commerce, qui favorisera l’importation massive de produits finis, pénalisera les commerces de centre-ville et contribuera de manière défavorable aux émissions de polluants
- L’absence de leviers réels pour relancer la production locale : le texte ne prévoit réorientation des fonds du POSEI, aucun fonds spécifique de relance agricole, ni de mesure concrète sur l’accès au foncier ou la dépollution des sols
- Le manque de transparence, en l’absence de disposition sur la levée du secret des affaires, ou sur le contrôle des marges et des pratiques commerciales des groupes dominants
- Un désengagement préoccupant de l’État, à travers l’absence de moyens humains et financiers suffisants pour les services de contrôle
L’Assemblée de Martinique regrette également que ses propositions, formulées à plusieurs reprises, relatives à la souveraineté alimentaire, à la territorialisation des politiques agricoles, à la réorientation des fonds européens ou encore à la création d’outils adaptés aux réalités locales, n’aient pas été prises en compte.
Pour ces raisons, l’Assemblée de Martinique considère que ce projet de loi, dans sa version actuelle,ne répond pas aux enjeux du territoire et ne permettra pas de rompre avec les logiques qui maintiennent les pays d’Outre-mer dans une situation de dépendance économique chronique.