La Police nationale a dégagé ou contenue les syndicalistes ayant occupé le batiment central de la CTM. Cette rencontre imprévue entre les antorités centrales et le pouvoir « local » en la personne de la majorité élue, n’a pas manqué de frapper YLM. Dans cette tribune on notera l’angle d’attaque, assez imprévu de YLM pour discourir sur le sens de cette rencontre, et, encore plus imprévue sa référence à une déclaration dans les années 2000 de leader du PALIMA, M. Francis Carole.
Nous avons assortis ce point de vue d’un court commentaire qui, lui aussi, vous surprendra…=

LE TEXTE DE YLM

Les appels au secours en direction du Préfet
La récente intervention de la police nationale pour dégager les locaux de la CTM occupés par des grévistes vient illustrer une réflexion que j’avais soumise aux lecteurs martiniquais en 2 ou 3 tribunes. Celles-ci m’avaient été inspirées par 2 déclarations de chefs de partis indépendantistes, le PALIMA et le MIM.
Alors que, autour de l’année 2000, les partis indépendantistes se ralliaient sans le dire à l’idée d’autonomie, Francis Carole déclarait qu’il n‘était pas possible d’envisager l’autonomie sans les pouvoirs de police et de justice. Ces propos avaient paru incohérents à certains. On pouvait également penser, de la part d’un indépendantiste, à une note de réserve destinée à atténuer son rétropédalage idéologique. Pour ma part, j’avais trouvé de la pertinence dans cette déclaration qui, par ailleurs, à l’aune de l’exemple de la région autonome de Catalogne, pouvait parfaitement se concevoir. En effet, la province autonome d’Espagne a sa propre police et sa propre justice.
RECULER POUR MIEUX SAUTER
La seconde déclaration, qui conforte la précédente, fut celle du président de la région Alfred Marie-Jeanne qui, alors que s’enlisait une grève sur le port, déclara à la télévision qu’il ne serait pas celui qui demanderait au préfet de donner de la troupe. En réalité, il ne pouvait pas mieux indiquer au représentant de l’Etat que l’heure de l’intervention policière était venue et que son accord lui était acquis. Mais c’était inévitablement reculer pour mieux sauter. Car quelques années plus tard, le président de la CTM fait appel à la police nationale pour évacuer l’hôtel de Plateau-Roy qui est le siège de la collectivité. Il en résulte un partage de la décision régalienne où le préfet se retrouve finalement le bras armé du vrai décisionnaire, le conseil exécutif et son chef.

« Accusations de colonialisme ne manqueraient pas de s’accentuer contre l’Etat et le préfet”
Se pose alors la question de savoir si peut longtemps prospérer un système politique où l’autorité politique qui déclenche des désordres par une décision contestée n’en est pas responsable des conséquences et n’est pas celle qui doit rétablir l’ordre. On ne peut nier que si cette évolution devait se poursuivre, les accusations de colonialisme ne manqueraient pas de s’accentuer contre l’Etat et le préfet, ramenés à leur fonction régalienne de maintien de l’ordre « colonial ». Cependant, même s’il ne peut pas dans les faits donner de la troupe qu’avec l’accord du « président de Martinique », sa casquette régalienne de bouc-émissaire est précieuse pour le pouvoir local.
De sorte que la tendance du moment est de faire appel au préfet pour le moindre souci domestique, les uns oubliant que lors de la dernière réforme statutaire, ils avaient demandé à grands cris sa disparition. Soucieux de ne pas se faire piéger, le représentant de l’Etat ne peut pas ignorer que ceux qui réclament son aide sont parfois les mêmes qui alimentent les désordres, en sous-main ou ouvertement.
Fort-de-France, le 02 décembre 2017
Yves-Léopold Monthieux

Le court commentaire d’Antilla…
à l’article YLM

Si dans les années 2000 Francis Carole avait pointé le fait que l’idée d’autonomie sans les pouvoirs de police et de justice est un leurre et que néanmoins aujourd’hui il participe à un pouvoir dépourvu de « forces régaliennes », pour reprendre la formule de l’observateur, c’est simplement parce la jonction en un seul outil de l’assemblée départementale et de la régionale ne constituent nullement une avancée vers la moindre autonomie, mais l’addition de deux entités pour procéder à des économie d’échelle et tenter de rationaliser l’administration de ce territoire qui reste partie intégrante de la France . Ceux qui participent à la gestion de la CTM sont suffisamment réalistes pour s’en rendre compte.

Faire appel aux forces de l’ordre pour quelque raison que ce soit , pour libérer les locaux de la collectivité, est un simple acte de gestion, de même nature que procéder à la distribution des fonds que la France ou l’Europe mettent à notre disposition. Il ne faut voir aucune contradiction entre le fait d’avoir souhaité un véritable « pouvoir » doté de l’autorité en matière de justice et de police et solliciter celui qui les a conservés au terme d’un processus démocratique (la consultation portant sur l’application de l’article 74 de la constitution française). Et si ce détenteur du pouvoir outrepasse l’autorité qui lui a été déléguée lui faire remarquer le caractère « colonialiste » de son comportement. Il semble (mais Antilla n’a pas mandat de parler pour eux) que les forces associées dans la gestion de la collectivité unique sont d’une part (pour la tendance Monplaisir) favorable à un déconcentration du pouvoir au profit des Martiniquais et d’autre part pour la mouvance MIM à une plus complète souveraineté. Mais ce n’est pas de cette problématique qu’il s’agit, quand il faut rétablir le fonctionnement normal de l’administration de la collectivité dont ils ont la gestion. Si contradiction il faut chercher dans la création de cet attelage MIM-départementalistes, il faut voir ailleurs, notamment dans le manque de visibilité dans la gestion de l’outil collectif.

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